En tant que grand fan de la trilogie de Raimi, j'étais évidemment très déçu lorsque j'ai entendu l'annulation du 4ème volet, qui aurait dû voir le Vautour interprété par John Malkovich, rien que pour ça je hais ce reboot, et peut-être le Lézard, Curt Connors étant déjà introduit depuis Spider-Man 2. La raison de cette annulation ? Sam Raimi trouvait le script mauvais et les délais trop courts, préférant prendre son temps pour une sortie en 2012 et non 2011 comme le souhaitait le studio, l'ambiance était tendue entre les deux parties après que Sony ait imposé le personnage de Venom au réalisateur, et cet incident a transformé l'étincelle en flamme. Du coup annonce d'un retour à zéro de la franchise Spider-Man, avec surtout un nouveau casting, et une « nouvelle » origine (j'y reviendrais plus tard), prévue pour... 2012 tiens, et si je me souviens bien cela devait aussi permettre de réduire les coûts de production, Tobey Maguire et Kirsten Dunst étant devenus gourmands financièrement. Et là encore ça me fait bien rire au final car Amazing n'est au final « que » 28 millions moins cher que son prédécesseur, avec des acteurs beaucoup moins connus, mais bon tout le monde le sait que c'était plus une histoire politique que créative.
La première énorme connerie du film, c'est de nous refaire le coup des origines du personnage de Peter Parker, la première heure du film est quasiment copiée collée sur la trilogie de Raimi, quasiment car ici Mulder et Scully auraient trouvé un terrain propice à une enquête. En effet, ce qui différencie principalement TASM de la trilogie de Raimi est l'omniprésence de Oscorp et de la théorie du complot liée à la société, les parents de Peter sont morts car ils bossaient à Oscorp, sa copine y bosse, il se fait piquer par une araignée... à Oscorp (d'ailleurs géniale la sécurité, l'espionnage industriel ne doit pas être dur avec ces branleurs), le méchant y bosse aussi et son sérum est lié à des travaux de la compagnie. Dire que tout ça paraît presque normal par rapport à ce que la suite essayera d'intégrer, le summum du ridicule. Peter est présenté comme un putain de hipster, un mec banal quoi, alors que normalement il est censé être l'archétype du loser surdoué, j'aurais passé outre ce détail si son personnage était un chouia intéressant, mais c'est déjà Spider-Man, sauf qu'il n'a pas encore de pouvoirs, il est sarcastique, se moque des règles de conduite, et surtout il est courageux, en gros on observe aucune réelle évolution du personnage, chose qui est pourtant ultra intéressante dans les comics, ce garçon introverti, qui sous le masque de Spider-Man se lâche complètement. Et la palme de la connerie c'est la mort d'Oncle Ben, combien de fois ce pauvre homme devra-t-il passer l'arme à gauche pour le bien de l'histoire ? Ici en tout cas ça ne sert en rien l'évolution du personnage, certes Peter s'enfuit en pleine nuit, mais Peter laisse « échapper » le voleur, et mon raisonnement est le suivant : le voleur se sert un peu de fric, mais n'a pas l'air dangereux, Peter n'est pas encore un héro, il reste sans rien faire, après tout il pourrait avoir une arme à feu, puis le commerçant n'aura qu'à porter plainte, le vrai débile dans l'histoire c'est Ben, c'est comme si au bout de 45 minutes de film il trouvait ça bizarre d'être toujours vivant, alors il se jette sur le mec qui cherche à s'enfuir le plus vite possible sans blesser personne et essaie de lui prendre le flingue, sauf que j'ai carrément l'impression qu'il le pointe vers lui. Bref un vieux con a voulu jouer au héro, de façon vraiment stupide, Peter n'a quasiment rien à voir dedans, mais on comprend que sa mort le fasse devenir le héro dont Goth... pardon, New York a besoin, PARCE QU'ON A VU LE FILM DE RAIMI !
Niveau casting j'ai énormément de mal avec Andrew Garfield, peut-être car dans ma tête personne ne pourra jamais égaler Tobey Maguire, il y a beaucoup de mauvaise foi dans mon jugement, Tobey me manque et je n'aime pas la tête de Garfield. Son Peter Parker est totalement nul, j'en ai déjà parlé plus haut, en revanche j'ai plutôt apprécié son interprétation de Spider-Man, pourtant mise à mal par un costume totalement dégueulasse, qui est présent dans l'unique objectif de se différencier de la trilogie. On retrouve ainsi le Spider-Man sarcastique des comics, celui qui manquait un peu avant, d'ailleurs la scène où il confronte un voleur de voiture est la plus réussie du film. En revanche son gros problème est que pour un génie, il est totalement con. Outre le fait qu'il utilise Bing comme moteur de recherche (bravo le placement de produit), il fait tout pour que son identité soit découverte. Ça passe d'abord par des aberrations telles que l'explosion du panier de basket, ou pire encore quand il tord le poteau de football (sérieusement j'ai envie de foutre 1 au film juste pour cette scène), mais il ne porte quasiment jamais son masque, et se balade avec son nom sur son appareil photo en allant chercher le Lézard, et là c'est trop pour moi.
On a ensuite Emma Stone, actrice que j'adore, mais qui n'apporte pas grand chose au film à part une romance totalement bidon. D'ailleurs en terme de romance bidon, TASM fait fort, car je ne pensais pas qu'il était possible de faire pire que la trilogie de Raimi à ce niveau là, la relation MJ/Peter étant certainement pire que Bella/Edward. Si je trouve Emma Stone largement meilleure et plus utile que Kirsten Dunst (qui interprète un personnage totalement exécrable), la romance semble totalement forcée et j'ai l'impression que les acteurs n'ont rien à faire ensemble, ce qui marrant car la romance sera finalement un de mes principaux points positifs du second volet, Andrew Garfield et Emma Stone ayant formé des liens durant le tournage de cette catastrophe et ayant trouvé en l'autre une nouvelle moitié. S'ils avaient pu être aussi crédibles dans le premier, ça aurait été sympa. Le reste du casting est lui aussi passable, Martin Sheen est sous-utilisé, bien qu'il ne crève qu'au bout de 45 minutes de films, essayant tant bien que mal de ne pas reprendre la formule « With great power comes great responsabily », se retrouvant à raconter du grand n'importe quoi à la place. Sally Field est correcte en Tante May, rien de spécial à dire sur elle. Enfin Denis Leary est une catastrophe en Captain Stacy, totalement cliché, à oublier.
On aurait pu penser que la présence d'un seul vilain, en la personne du Lézard, soit totalement bénéfique au film, mais comme dit plus haut le film passe une heure à nous introduire un nouveau Spider-Man identique à quelques détails près au précédent, un petit générique façon Incredible Hulk aurait pu faire gagner trois bons quarts d'heure qui auraient donc permis de montrer la nuance du personnage de Connors, joué par Rhys Ifans, acteur que j'apprécie pas mal au passage, un personnage pour lequel on devrait normalement éprouver énormément d'empathie puisqu'au départ il est normalement censé se transformer en lézard géant contre sa volonté, bizarrement je me dis que Raimi aurait vu parfaitement juste vu son traitement des méchants, mais ça va finir par devenir mon point Godwin de la critique. Donc d'un point de vue psychologique il est baclé comme pas possible, mais en plus il ressemble à rien du tout, juste un tas d'effets numériques totalement datés dès la sortie du film qui me font me demander comment une telle atrocité a pu être autorisée.
La trilogie de Raimi avait pris l'habitude d'introduire dans chacun de ses films un moment glorifiant les habitants de New York, moment que j'aime appeler le moment New York Fuck Yeah, par exemple les new-yorkais qui gardaient secrête l'identité du tisseur dans le deuxième film. Bref des moments assez chargés en héroïsme, que les gens apprécient plus ou moins, et dont personnellement je raffolais. Ici ce moment New-York Fuck Yeah ne pourrait être plus risible, il consiste en l'alignement des grues par des ouvriers, suite à la demande de l'un d'entre-eux dont Spider-Man avait sauvé le fils, sous une musique pseudo-héroïque qui tiens plus du nanard que d'un film à aussi gros budget, en somme une scène totalement ridicule.
La musique justement, elle constitue à mes yeux plus gros massacre de ce reboot. Elle est composée par James Horner, qui est pourtant loin d'être un tacheron, mais elle est totalement générique et oubliable, pas totalement infecte, à l'exception de celle de la séquence de fin qui est un véritable viol auditif. Celle de Danny Elfman était tellement parfaite, je ne comprends toujours pas pourquoi ils l'ont changé, j'espère que le Spider-Man du MCU aura l'intelligence de reprendre sa version, déjà parce que la majorité des compositions du MCU sont dégueulasses, mais aussi car à moins de foutre John Williams ou Ennio Morricone (et encore), il sera impossible de faire mieux, mais je m'égare totalement.
Côté réalisation, Sony a confié à Marc Webb, précédemment connu pour (500) Days of Summer et pour bon nombre de clips musicaux, la tâche de... oh puis merde je veux juste en finir, la réalisation est plus plate que de la Cristaline, aucune folie, aucune originalité, c'est moche, bref pas la peine de s'étendre là-dessus.
Pour conclure, ce reboot est non seulement inutile, mais il s'agit en plus d'un mauvais film, sans personnalité, il a ainsi contribué à détruire le personnage de Spider-Man sur grand écran. Il aura eu une suite, que beaucoup de monde hait, contribuant au retour du tisseur vers la maison mère.