Je me méfie souvent des films brocardés avec leurs multiples récompenses et tout le rococo qu'elles amènent. Et quand une production s'attaque à la glorieuse époque du passage du film muet au cinéma parlant, forcément j'ai une grosse pensée pour celui qui a brillamment traité le sujet auparavant, "Singin' In The Rain". Et Hazanavicius ne se gêne (Kelly) d'ailleurs pas pour distiller pléthore de clins d'oeil au chef-d'oeuvre musical, ainsi qu'à d'autres monuments du 7ème art. Mais tous ces courbettes que fait le réalisateur n'est que la partie de l'écorce qu'on a envie d'enlever rapidement car il reste bien autre chose : la sève de la réussite, du plaisir de jouer, de l'envie de donner des couleurs à du monochromatique.
The Artist réussit ce tour de force et se place au-delà de l'éloge. Tout simplement. Pourquoi ? Parce que chaque personne qui a oeuvré devant ou derrière la caméra semble s'être dépensée sans compter, de façon épidermique. Jean Dujardin tient là le rôle de sa vie, c'est quasi-certain, mais que dire de Bérénice Bejo dont chaque sourire, chaque clin d'oeil, chaque baiser lancé, chaque petit pas de danse sont autant d'arc-en-ciel pour nous, spectateur. Les seconds rôles de Goodman ou Cromwell ne sont pas en reste, et même un McDowell réussit à donner de l'épaisseur à un simple rôle de figuration.
Quand le cinéma se fait plaisir de cette façon, on a bel et bien envie d'être son Valentine encore un peu plus longtemps.
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