Je l'attendais énormément ce film. Aimant le cinéma muet à la base j'étais ravi de la sortie d'un film muet des temps modernes sous la houlette de Michel Hazanavicius que j'aime bien, j'avais beaucoup aimé les OSS 117 ainsi que La Classe américaine. Hélas le résultat ne fut pas à la hauteur de l'attente, The Artist est clairement décevant et me fait plutôt l'effet d'un pétard mouillé.
Le fait est qu'Hazanavicius ne semblait pas lui-même convaincu de son projet. Il ne semblait pas avoir le "cul entre deux chaises" mais plutôt entre trois chaises: celle de faire un vrai film muet, celle de l'hommage et celle de la parodie. Le résultat m'a assez troublé, je ne savais pas vraiment quoi penser de ce film en fin de compte tant il n'est pas clair dans ses intentions.
La mise en scène du film est surprenante et exclut à mon sens la piste de la volonté de faire un vrai film muet car elle n'est pas forcément adaptée au genre. On a l'impression d'assister à un film moderne auquel on aurait juste passé un filtre noir et blanc tout en coupant le son. Le choix me semble douteux mais il y a quand même de bonnes idées de mise en scène. Je pense à ce bref passage des trois singes ou encore à cette scène où Georges Valentin verse son verra d'alcool sur son reflet visible sur la table en verre. Visuellement parlant ce n'est pas moche, il y a de bonnes idées mais l'ensemble ne m'a pas paru cohérent. Je me demande si le réalisateur a déjà vu du cinéma muet mais le faible nombre de cartons m'a interpellé. Un film muet en général est quand même plus loquace que ça et l'utilisation de la musique souvent plus pertinente. Ici celle-ci se montre banale, peu en rapport avec les images. Elle est clairement inutile.
D'autres aspects coincent aussi pour ma part. Le principal reproche que j'ai à faire au film c'est qu'il lui manque une identité. Ici on a plus affaire à un mix entre Citizen Kane et Eve mais le film ne m'a pas paru original pour deux sous. Le scénario manque d'inventivité et est un peu pauvre. De plus la poésie qu'on pouvait apercevoir dans la bande-annonce manque cruellement de saveur. J?émettrais également une autre réserve concernant Jean Dujardin qui selon moi n'a pas mérité son prix d'interprétation à Cannes. Sa performance est en demi-teinte et il est bien plus convaincant sous un jour plus dramatique que comique (enfin dans la limite du registre muet). C'est bien simple, dans la première partie du film son surjeu est assez pénible, heureusement ceci est corrigé par la suite. Les autres interprètes sont bons sans être extraordinaires. Bérénice Béjo est correcte sans plus, John Goodman est bon mais hélas n'apparaît pas beaucoup à l'écran, son rôle est réduit à peau de chagrin.
Le film n'est pas mauvais, il y a de bonnes idées, ça se laisse suivre mais le potentiel de départ est peu exploité et c'est dommage. Les running gags avec le chien sont assez saoûlants, Chaplin et Keaton savaient faire rire avec plus d'inventivité que ça quand même et ce n'est pas leur rendre hommage que de faire ce genre de scènes lourdes et inutiles en fin de compte. The Artist reste relativement correct, en partie grâce à l'aspect nostalgique qui s'en dégage mais ce n'est pas un grand film. Pour cela il aurait fallu plus d'impact et plus de clarté dans les intentions du réalisateur. Une belle déception...