"The artist" part d'un concept sympathique. Mais souffre d'un traitement ennuyeux au possible.
Le concept, à savoir réaliser un film muet à notre époque, est intéressant. Forcément, le réalisateur ne peut pas reprendre toute la grammaire de ces films, c'est ainsi qu'il se permet plus librement des mouvements de caméra qu'à l'époque on ne pouvait faire par simple caprice. Il y a aussi une utilisation intéressante de la musique, laissant parfois place au silence complet, ce qu'un film muet n'accordait pratiquement jamais.
Malheureusement le scénario ne tient pas la route et fait même défaut au concept. Si les 5 premières minutes sont géniales pour installer les 'règles', et même encore plus lors de la séquence de cauchemar du héros, le bât blesse véritablement lorsque Hazanavicius tente de montrer des gens apprécier un film parlant. La première erreur, c'est sans doute d'avoir voulu dresser trois univers : les films muets, les films parlants et la réalité muette (et même une réalité en passe de devenir parlante dans le cauchemar du héros). C'est beaucoup de travail pour rien, puisque au final, les acteurs jouent toujours de la même façon. Ce qui rend le propos parfois étrange, lorsque l'héroïne critique les acteurs du muet d'en faire des caisses.
Autre défaut scénaristique, les dialogues. Ils sont peu intéressants, présentent trop peu de poésie et délivrent souvent des informations inutiles par rapport à la narration (des mots redondants, des expressions trop d enotre époque et pas assez des années censées être reconstituées). L'histoire n'est pas passionannte non plus. Une énième histoire d'amour, pourquoi pas, il y en aura encore d'autres. Mais ne pas mettre de conflits, c'est ça qui ennuie. Le héros assiste à sa chute, sans rien pouvoir y faire ou plutôt sans jamais chercher à l'empêcher. S'il y avait la moindre trace de combat, de résistance, l'on pourrait s eprendre au jeu, mais non, le héros ne se bat pas, il poursuit son chemin simplement. Le film qu'il réalise, il ne le fait pas pour se battre, il le fait parce qu'il est convaincu que le cinéma parlant n'intéressera personne. Quant au dénouement final, c'est encore plus grossier la façon dont il renonce à son ultime pas vers la fin.
La mise en scène présente donc de l'intérêt pour quelques scènes, mais Hazanavicius se montre souvent maladroit aussi quant à la grammaire à employer. S'il fallait éviter une grammaire d'antan (encore que 'lexercice eut été intéressant), il ne fallait pas non plus trop utiliser notre grammaire d'aujourd'hui. le plus bel exemple : les champs et contre-champs utilisés en abondance ici alors que ça ne sert à rien dan sle cadre d'un film muet. Autre souci, on ne comprend pas toujours ce que le réalisateur essaie de faire. Enfin si, on comprend grâce au montage, au bout de 10 secondes on se dit que c'est sûrement ça qu'il a voulu dire, mais cette incertitude prouve bien que quelquechose cloche. Un film ne peut pas laisser place à de l'ambiguité sur ce que cela raconte. Ou alors ce doit être fait volontairement. Ici ce n'est pas le as. Il est d'ailleurs plusieurs dialogues que l'on ne comprend tout simplement pas. par exemple la réaction du personnage de Goodman par rapport à cette Peppy Miller lors de leur première rencontre. On ne sait pas, on ne comprend pas pourquoi il a voulu la jeter ? Par opportunisme peut-être ? Dans ce cas il aurait suffit de montrer le personnage râler dès le spremières secondes et lui faire montrer la une de couverture.
Il y a tout de même une photographie intéressante, bien que le noir et blanc ne soit pas toujours très contrasté. Hazanavicius va même jusqu'à jouer de symbolisme, de métaphores formelles pour appuyer son propos, et c'est plutôt sympathique.
Côté acteurs, il y a du bone t du mauvais. Jean fait son Jean, j'ai adhéré. Bérénice est un peu casse pied mais ça va. Goodman est instable. Parfois il en fait assez, parfois c'est mou. Cromwell est bon, inattendu dans ce rôle. McDowell est complètement nul, trop amorphe. Le chien est extra.
Bref, "The artist" est un film au concept intéressant, mais qui souffre de quelques maladresses autant dans le scénario que dans la mise en scène. Un travail qui aurait mérité un peu plus de réflexion afin d'en faire un véritable OFNI.