C'est pas parce que tu es muet que tu dois n'avoir rien à dire
The Artist est mignon.
J'aurai presque envie de conclure cette phrase d'un "et c'est bien tout ce qu'il est", mais force est de reconnaitre que la puissance du film réside dans son efficace capital sympathie dont il s'éprend à chacun instant.
Faire renaitre le cinéma "bigger than life" des années 20 a forcément quelque chose d'envoutant, qui invite au merveilleux.
Oui mais pourquoi ?
Des hommages au golden age d'Hollywood, on a eu pléthores depuis la disparition de ce dernier, alors quel intérêt de faire ce genre de films aujourd'hui, hormis le simple postulat de l'esbrouffe ?
Qu'est ce que Michel Hazanavicius va pouvoir me proposer pour justifier son noir et blanc, et sa si audacieuse absence de son ?
Pendant un instant, la réponse était la.
Faisant le récit de la gloire et la chute d'une star déchue du cinéma muet, on a droit pendant 5 minutes à une référence à la crise de 1929.
Voila qui avait le potentiel de créer un véritable propos solide d'actualité et de justifier de faire ce film aujourd'hui.
Et en fait non.
Passé cette scène, The Artist, repasse son temps à piller joyeusement "Chantons sous la pluie", sans la folie, sans la magie.
Certes des scènes sont intéressantes comme celle du cauchemar de George Valentin et les acteurs s'en donnent tous à coeur joie (mention spéciale à James Cromwell n'a jamais été aussi touchant de toute sa carrière).
Et globalement, on y reconnait la clairement les gimmick du cinéma d'antan, ou chaque objet peut servir d'allégorie à ce que traverse le héros.
Mais le fait est que The Artist se donne des allures de grand film, qu'il ne peut pas porter sur ses frêles épaules.
De plus, il s'allourdit d'un climax dramatique final inutile au possible à la résolution hautement illogique.
Ceci dit, la beauté plastique est irréprochable, Jean Dujardin est dans le ton, les cadres magnifiques, le comique délicieux.
Ne manque plus que l'âme.