The Barber de Joël et Ethan Cohen (2001)

The Barber met scène Ed Crane, un coiffeur minable qui peine à trouver sa place dans le monde et à trouver un réel intérêt à la vie. Il est marié à une femme Doris qui le trompe avec le gérant de là ou elle travaille Big Dave .
Le personnage principal, Ed Crane est comme un fantôme, les autres ne le voient pas, il est comme invisible .A chaque fois que quelqu’un vient lui rendre visite sur son lieu de travail , on le confond avec son patron comme si il n’était pas dans la pièce et quand la personne s’en rend compte elle semblent surprise. Un des deux policiers, en vient même à lui proposer une cigarette alors qu’il en fume déjà une, rendant sa cigarette aussi invisible et fantomatique que lui. Il semble lui-même le savoir. Il ne mange pas , ne boit pas , n’a pas fait l’amour à sa femme depuis des années , pourtant il fume sans cesse ,comme si la fumée et la cigarette étaient ses seules amies et finalement la fumée est quelque chose qu’on n’attrape pas , qui nous passe entre les doigts tel un fantôme. Quand Ed dans une légitime défense tue Big Dave en lui tranchant la gorge il regarde ses mains , mais … pas de sang. Ce qui nous ramène encore une fois à cette idée de fantôme . Ed est finalement comme déjà mort et donne l’impression d’être dans la phase de transition entre la vie et la mort et seul la mort peut le libérer. Dès le début on le sait condamné et au moment de sa mort il ne s’inquiète pas , pour lui la mort est l’ouverture à un autre monde , un monde ou on trouve les réponses car juste avant de mourir Ed dit « peut être que toutes les choses que je ne comprends pas ici , seront plus clairs là bas. » . La mort pour lui, n’est pas une fin en soi mais le commencement d’une vie nouvelle ou il pourra dire a sa femme ce que aucun mot ne pouvait dire sur terre .
La scène de la prison , au moment ou Ed vient rendre visite à sa femme en présence de l’avocat et du détective privé qu’il a engagé , il est comme effacé du plan par l’auréole solaire , même nous spectateurs sommes incapables de le voir à l’écran alors que les trois autres personnages présents avec lui dans cette scène sont dissociables . A ce moment Ed a comme disparu du film. On sait qu’il est là , mais on ne peut pas le voir . C’est le moment ou le spectateur le voit comme le voit les autres ( c'est-à-dire qu’on ne le voit pas !).Plus tôt , dans la salle de bain , quand sa femme prend son bain , Ed est comme avalé par l’obscurité et contraste sur le décor derrière lui.Lors de son procès son avocat justifie son innocence par le fait qu’Ed représente tout ce qu’il y a de plus banale dans ce monde et que jamais une personne de la sorte ne serait capable de commettre un crime. Juste avant son exécution dans la prison , Ed erre tel une âme dans l’attente de partir dans un autre monde.
Il est toujours habillé en blanc à cause de son travail . D’ailleurs le salon de coiffure ramène beaucoup a la mort et notamment à une chambre mortuaire . Un moment quand Ed se rend compte que « tout disparait » , on le voit s’occuper d’un client qui est comme embaumé sous des serviettes . Un enfant lit le magazine « Dead-Eye » et plus tard on verra Ed lire « Life ». D’ailleurs la salle de la chaise électrique ou Ed est exécuté ressemble étrangement à un salon de coiffure et le protocole suivi à une simple coupe de coiffeur : salle lumineuse et très blanche , de l’eau et un rasoir …
Crane est comme arraché du réel il fonctionne différemment comme si il allait dans le sens contraire de celui ou vas le monde. Il y a un décalage entre lui et le monde qu’il l’entoure . Car alors que lui a une attitude fantomatique , aucun but , ni grandes envies , les personnes qui l’entourent souhaitent toutes aller quelque part . Tolliver veut se lancer dans le commerce du nettoyage a sec , Big Dave veut ouvrir une succursale ou Doris sera chef comptable . Le décalage entre Ed et ses personnages se fait déjà sentir au niveau physique . Selon Tolliver la base de la réussite commence par un apparence soignée , il ne faut pas avoir peur de tricher ( Tolliver a une perruque) . D’ailleurs la scène ou Ed rend pour la première fois visite a Tolliver dans sa chambre d’hôtel résume le thème de tout le film alors qu’elle ne dure que 5 min. Quand Ed rentre , Tolliver ne le reconnait pas , d’où l’idée qui revient encore que Ed est comme un fantôme, jusqu’au moment ou celui-ci lui dit être le coiffeur et Tolliver lui répond « Je ne vous avais pas remis , sans la blouse » comme si cette blouse faisait parti de lui . Et quand Ed lui dit qu’il est venu pour parler affaires , Tolliver s’empresse de mettre sa perruque car il pense avoir besoin de cela pour exister. Tout come l’avocat qui juste avant son audience se prépare non pas en relisant ses notes mais en soignant sont apparence car sans doute ces personnages ont peur de ne pas être vus au même cas que Ed. Tout le contraste en Ed et les personnes qui l’entourent est résumé ici.
Les frères Coen nous offrent ici une vision particulière du monde. .Les thèmes fort du film sont l’absence , l’idée que tout disparait à un moment donné .Dans ce monde , la banalité efface les individus et il faut savoir se mettre en avant pour exister ( perruque de Tolliver , Ed invisible aux autres car comme dit son avocat »trop banale ». Le personnage de Ed nous rappelle celui de Meursault dans « L’Etranger »d’Albert Camus ou un personnage kafkaïen comme Gregor Samsa de « La Métamorphose ». Les deux frères jouent beaucoup sur l’idée de dissocier clairement le noir du blanc et on a ici l’impression que le blanc correspond plus à la mort et le noir à la vie ,et ceci pousserai a croire que la mort en elle-même n’est pas un fin mais l’ouverture au savoir , le temps des réponses aux questions que l’homme s’est toujours posé . Une scène et plus particulièrement un dialogue métaphorise cette idée : le dialogue entre le professeur de piano et Ed . Le professeur lui dit que pour bien jouer il faut le faire avec son âme et que personne ne peut apprendre ca a quelqu’un. Il dit : « La musique part du cœur , sort par l’intermédiaire des doigts et que peut être , elle monte la haut »(il fait un signe vers le ciel).La musique est décrite ici comme une âme qui quitte un corps pour aller au ciel et arriver à son épanouissement une fois là bas.
VooCego
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le 2 juin 2014

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