The Dark Knight - Le Chevalier noir par Lopocomar
The Dark Knight avait la lourde tâche de succéder à un Begins que je trouvais à l'époque conenu. Dépourvu de méchant d'envergure (L'Epouvantail transparent), des combats presque illisibles et parti dans un trip porté sur les hallucinations à la limite du para-normal (Raz Al Gul), Begins posait les bases d'une nouvelle saga prometteuse mais qui portait encore les défauts de la frilosité et du manque de risque.
Ici, on a viré Katie Holmes qui ne servait à rien et on a décidé de nous servir le Joker. La fin du précédent insufflait d'ailleurs l'arrivée du maquillé, comme si les choses sérieuses pouvaient enfin commencer. Et on peut le dire sans se tromper, non seulement elles ont bel et bien commencés mais on voudrait qu'elles ne cessent jamais, après avoir vu les 2h30 s'écouler !
Portés par des acteurs impeccables et des personnages charismatiques, il inspire la maîtrise et n'ayons pas peur de le dire : la perfection. J'ai du mal à imaginer ce volet mieux réussi. Chaque minute est propice au déroulement de l'intrigue et à l'ambiance pesante que le film insuffle dès les premières scènes. On ne s'ennuie jamais et le scénario est riche. Il est aussi super appréciable de voir que pour une fois dans un film de super-héros depuis bien longtemps, on peut voir plusieurs "méchants" évoluer sans que leurs traitements soient déséquilibrés.
Heath Ledger bouffe la pellicule. Avec un personnage parfaitement décrit, il est difficile de trouver une scène où il n'est pas mis en valeur. Dans la grande tradition du premier Batman, il emprunte à Nicholson et le sublime également. Si le vieux jouait la carte du fou déjanté, lui table sur le dérangé psychotique et bien des passages nous démontrent qu'on a un psychopathe en face de nous. Il est donc le Joker et rend une partition marquante.
Harvey Dent est également nickel grâce à un Aaron Eckhart des grands jours qui nous montre que s'il était mauvais dans le Dahlia Noir, c'est surtout parce que le film l'était aussi ! A l'image de Thank You For Smoking, il garde cette expression proche du sourire perpétuel collant parfaitement à l'homme politique populaire qu'il incarne. Les autres acteurs complètent un casting dantesque qui ne comportent aucun défaut : Gary Oldman, Michael Caine, Maggie Gyllenniehfiehfall, Morgan Freeman. Ils apportent tous leur contribution à la crédibilité d'un univers qui pourrait tomber à l'eau sur une fausse note. Quant à Christian Bale, il réussit à mixer le Batman pro du close combat au playboy m'as-tu-vu avec brio et la transparence dont il faisait preuve dans le précédent volet n'est plus. Il est Bruce Wayne et non plus Bateman d'American Psycho.
La musique est également splendide, tantôt grandiloquente pour l'action, ou insécurisante grâce à la saturation pour les passages inquiétants, elle enveloppe l'image et en impose par sa présence. Encore ici, on pense à la perfection. Un Dark Knight sombre, glauque, violent, profond et mémorable qui représente la voix à suivre pour toutes les adaptations de super-héros : tirer l'essence même du personnage, ne pas renier les origines du comics en s'inspirant grandement des meilleurs (Un Long Halloween par exemple) et poser le tout dans un univers crédible en essayant d'apporter une patte. Nolan s'est lui amélioré dans les scènes d'action pour les rendre enfin lisible. Elles sont nombreuses et réussies, ce n'était pas gagné au vu du 1er mais c'est ici incontestable. On peut sûrement dire merci à l'Imax qui a poussé à prendre un peu de recul et nous permet de comprendre enfin ce qui se passe.
The Dark Knight a dépassé toutes mes attentes. A contrario de Begins qui était le film que je m'attendais à voir, ici il me sert celui que je n'espérais pas. Pour finir, j'évoquerais la fluidité narrative qui est exemplaire. Toute l'histoire est raconté par récit croisé en mélangeant les intrigues pour plus de suspense et le résultat est remarquable.