Are you trying to save my soul ?
J'ai souvent du mal à accrocher à des films qui oscillent entre rêve et réalité sans savoir vraiment où poser le pied, racontant des histoires un peu sans queue ni tête dont on ne comprend pas toujours la logique, où tout semble improbable et qui manque parfois de cohérence. J'ai aussi du mal avec les films qui recèlent des métaphores et des symboles en tout genre, tentant de nous délivrer des messages philosophico-spirituels sur la vie pas toujours à notre portée (à la mienne en tout cas).
Mais bizarrement, je me suis laissée complètement emporter par The Fall, et j'ai adoré. Il faut dire que ce film m'a été conseillé par une amie il y a quelques jours de cela, notamment parce qu'elle adule Lee Pace et que nous avions parlé de lui en l'ayant vu dans The Hobbit, et dans le dernier Twilight. D'après elle, ce film méconnu est une véritable merveille. Intriguée et surtout très intéressée de voir un autre film avec cet acteur, je partais avec un apriori positif, et cela m'a certainement aidé à l'apprécier car je l'ai abordé différemment. Par hasard et par chance, il se trouve que le film était diffusé hier soir sur Arte, en VOSTFR en plus. Youhou !
Que dire ... En effet, ce film est une vraie merveille, un bijou ! Visuellement et esthétiquement d'abord : les décors et les paysages, les costumes et les couleurs, les images et la photographie, aussi bien dans le rêve que dans la réalité, sont à couper le souffle. Le tout est magnifié par une musique superbe et prenante, notamment ce morceau de Beethoven qui fout vraiment les poils. Ce film est beau. Tellement beau au point que j'en ai pleuré, ce qui ne m'était jamais arrivé. D'habitude je pleure devant un film parce qu'il est triste ou parce que je suis face à une situation particulièrement émouvante. Là, j'ai juste pleuré parce que j'étais émue face à tant de beauté esthétique, faut le faire quand même. Après j'ai continué de pleurer, mais pour autre chose.
Ensuite, ce film est une merveille pour son interprétation. Bon sang, cette petite gamine est tout simplement extraordinaire ! Je crois que jamais de ma vie je ne me suis autant attachée à un enfant à travers un film ou me suis sentie aussi émue par le jeu d'acteur d'un enfant que cette petite fille, Alexandria. Elle est juste adorable et terriblement touchante. Elle dégage tant de naturel et d'innocence que c'en est bluffant. Son interprétation est tout simplement impressionnante pour quelqu'un de si jeune, et bouleversante en ayant su m'atteindre à grande flopée de larmes. Et Lee Pace... sa performance est toute aussi grandiose, ce mec est un putain d'acteur, j'espère qu'un jour il aura véritablement son heure de gloire, parce que waouh quoi. Son personnage est vraiment touchant dans son malheur, son désespoir, et attachant dans sa manière de raconter l'histoire et de part la relation qu'il développe avec Alexandria. Il incarne avec brio et justesse un mec profondément humain, avec ses forces et ses faiblesses qui a su là aussi m'émouvoir. Et puis en plus, il est putain de beau gosse.
Si ce film - pourtant ancré dans la vie réelle puisqu'il se déroule dans le Los Angeles des années 20 - nous plonge carrément dans l'étrange, l'onirique, voire le contemplatif, à aucun moment je n'ai décroché du film. La façon dont est racontée l'histoire est vraiment bien faite, car tout d'abord le fait que Lee Pace en soit le conteur et que sa voix nous guide à travers cet univers imaginaire continue de faire le lien avec la réalité sans que l'on puisse se perdre à un moment ou un autre. Les fréquentes interruptions d'Alexandria nous permette également de nous maintenir dans cette réalité sans que l'on puisse s'égarer dans le rêve. Enfin, le fait qu'elle soit racontée par intermittence nous permet là aussi de garder un pied dans la réalité et sur ce qui se passe vraiment. Cela ne m'a pourtant pas empêché de m'immerger complètement dans cette histoire rêvée avec l'envie dévorante d'en connaître la fin, tout comme Alexandria. A aucun moment je ne me suis sentie perdue, déboussolée ou ne me suis ennuyée. Et c'est pour cela aussi que j'ai vraiment apprécié le film. Le rythme est bien dosé, les interruptions, les changements entre rêve et réalité, tout intervient au bon moment. Ce n'est jamais trop contemplatif, trop long ou trop rapide.
Pour terminer, je crois que la force de ce film est l'émotion qu'il dégage à travers des choses très significatives : l'amour, l'amitié, la mort ; autour d'une histoire réelle plutôt simple, mêlant la naïveté et l'innocence de l'enfance, et la noirceur du monde adulte. Ce qui en fait surtout sa grandiosité c'est cette intensité dans l'histoire (aussi bien réelle que fictive) qui ne cesse de grimper crescendo pour atteindre son paroxysme et qui nous submerge et nous bouleverse totalement. Nous vivons l'histoire en même temps que ses protagonistes et à travers eux en fait, et du coup les émotions ressenties n'en sont que plus fortes.
Je ne sais pas si en revoyant le film un de ces jours, je serai aussi émue que la première fois car il n'y aura plus cet effet de surprise. En fait, je ne suis pas sûre de vouloir le revoir. C'est un peu le genre de film que l'on doit voir au moins une fois dans sa vie, mais qu'il vaut mieux ne pas revoir pour ne pas briser cette magie et la garder intacte en soit le plus longtemps possible ...