Il est parfois de ces films qui n'arrivent jamais jusqu'à nous, sans que l'on sache très bien pourquoi. Pourtant, The Fall mérite tellement mieux. Enlaçant féérie visuelle et critique sociale, merveilleux et terre-à-terre, c'est une œuvre douce-amère, poignante et enivrante.

Dans un hôpital en banlieue de Los Angeles, dans les années 20, un homme allité raconte à une petite fille au bras cassé l'histoire fantastique de cinq héros. Ce qu'il espère : la captiver suffisamment pour la convaincre de chaparder de la morphine. Ce qu'elle attend : un rayon d'espoir dans un monde où il est rare.

Je sais, comme ça, ça a pas l'air super jouasse. Pourtant, The Fall n'est pas un film dépressif. Vu à travers le kaléidoscope de l'enfance, l'hôpital est un terrain de jeu. Une infirmière est une princesse. Un rival amoureux est un cruel dictateur. Et la magie de l'histoire s'infuse dans le quotidien si bien que l'ordinaire déteint sur les replis du conte. Au moment où réalité et merveilleux ne font plus qu'un même ouvrage, le spectateur oublie le métier à tisser qu'est la caméra, et s'immerge dans le film. La marque des chefs d'œuvre.

The Fall est le long métrage magie-nifique que Big Fish aurait dû être. Le réalisateur Tarsem Singh a fait le pari du tout naturel et, sans un seul soupçon de numérique, offre des images parmi les plus belles de ces dernières années. Le film a requis près de quatre ans de tournage, et ce n'est pas difficile à comprendre quand on voit la méticulosité de la composition des scènes contées. Adoptant Salvador Dali en tant qu'inspiration première, le réalisateur a bâti un monde onirique qui touche du bout des doigts le sublime des tableaux du maître. Là où tant d'univers fabriqués par des logiciels 3d laissent de marbre, le naturel organique des images ancre la fantaisie dans la réalité.

Difficilement marketable avec son atmosphère qui alterne sombre réel et merveilleux lumineux, son réalisateur inconnu et son manque d'acteurs bankables, The Fall n'a pas connu l'honneur d'une sortie dans les salles françaises, malgré le soutien de David Fincher et Spike Jonze (excusez du peu). Par contre il est disponible en DVD, alors vous savez ce qui vous reste à faire.
colargol
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le 25 févr. 2011

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