The Oregonian
4.3
The Oregonian

Film de Calvin Reeder (2011)

Une chose est rare dans le cinéma, presque exclusive, c’est la production ET la distribution d’un film expérimental, et chose encore plus étonnante, qu’il réussisse à faire parler de lui. Il faut l’avouer, le tremplin Sundance a aidé aux Etats-Unis, de même que l’Etrange Festival en France. Tanzi Distribution, qui nous avait déjà fait profiter de l’excellent The Theatre Bizarre nous a donc dégoté celle pellicule extravagante, nous renvoyant aux esprits qui se sont fait un nom dans le genre. On retrouve du David Lynch pour le ton absurde et la narration non-linéaire, de même que du David Cronenberg pour les aspects les plus gores et vomitoires, et enfin du Brian De Palma pour les éclats de mise en scène à teneur hautement anxiogène. Cela étant, The Oregonian n’a aucun sens, et c’est ce qu’a recherché Calvin Reeder, qui s’est tenté à explorer son subconscient, des bribes de cauchemars, des songes éthérés, menés par une guide qui semble tout autant perdue que lui dans cette succession de séquences sans liens, ordonnées de façon anarchique, et pourtant pas déplaisantes.
Reeder semble aussi s’intéresser à ces vieux films de drogués des années 70, ces pellicules étranges comme The Trip avec Peter Fonda, du coup il tourne le tout en Super 16, ce qui donne un cachet indéniable au métrage (même les effets sont kitschs, avec des superpositions par transparence). Pas d’effets crades sur l’image, nous ne sommes pas chez le mauvais goût Made in Tarantino/Rodriguez.

Puis ce côté vintage est appuyé par ce décor rural un peu plouc façon Winter’s Bone, avec ses vieilles guimbardes qui tussent du 15 lites au 100, en plus de ses personnages saugrenus qui sont totalement perchés et font n’importe quoi tout en jouant de la guitare. Reeder ne se limite pas à multiplier les visuels qui renouvellent toujours la bizarrerie, il travaille le son avec une minutie presque lilliputienne, faisant grimper les chuchotements et bruits curieux avant de littéralement nous assourdir avec hurlements ou bruits stridents.
Reeder a, en plus de son talent indéniable à multiplier les excentricités, une actrice qui visiblement a compris où elle a foutu les pieds et porte son rôle avec une aisance qui lui semble inée.
The Oregonian ne trompe pas sur la marchandise, et la protagoniste le confirme au bout de la dixième minute en lâchant un « i’m losing my mind ». Evidemment, le public sera automatiquement divisé en deux groupes distincts, car c’est un genre avec lequel on ne transige pas. Si en revanche le style poisseux et les visions ubuesques vous attirent, foncez, car The Oregonian c’est une leçon constante de cinéma, même si bien-sûr, tout cela n’a rien à dire et sera ouvert à toutes interprétations, qui évidemment seront différentes d’un spectateur à l’autre.
SlashersHouse
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste [CINE] Le meilleur de 2012

Créée

le 28 août 2012

Modifiée

le 28 août 2012

Critique lue 692 fois

12 j'aime

1 commentaire

SlashersHouse

Écrit par

Critique lue 692 fois

12
1

D'autres avis sur The Oregonian

The Oregonian
Zogarok
5

L'Heure du Loup chez les prolos mystiques

Grâce aux contacts de son réalisateur, The Oregonian est parvenu à sortir en salles en 2012, alors qu’il s’agit d’un produit expérimental sans le moindre argument solide en sa faveur : pas d’auteur...

le 12 janv. 2015

3 j'aime

The Oregonian
JunonBee
1

Critique de The Oregonian par JunonBee

A réserver au(x) fan(s) du réalisateur (le film est surtout la prolongation de l'un de ces courts), de pub Cetelem et de chemises à carreaux.

le 27 sept. 2012

3 j'aime

1

The Oregonian
RENGER
1

Une œuvre expérimentale sous forme de bad-trip (...) infâme bouse cinématographique...

Pour son premier long-métrage, Calvin Reeder a mis en scène une œuvre expérimentale sous forme de bad-trip lynchien. Si The Oregonian (2011) ne dure que 80 minutes, c’est déjà beaucoup trop pour le...

le 26 sept. 2012

2 j'aime

Du même critique

God Bless America
SlashersHouse
9

This is the best day ever !

Qui aurait pu dire que Bobcat Goldthwait, auteur de World's Greatest Dead, laisserait tomber la critique fine pour la pochade délurée et immorale ? Un coup de sang après avoir zappé, tout comme son...

le 9 avr. 2012

97 j'aime

16

Tucker & Dale fightent le mal
SlashersHouse
8

White Trash Beautiful.

Véritable coup de grisou sur la toile, Tucker et Dale ont fait parler d'eux plus que n'importe quel direct-to-dvd, et ont largement accumulé les récompenses lors de différents festivals (AMPIA,...

le 8 juin 2011

86 j'aime

15

Ted
SlashersHouse
3

Ted l'ours lourdingue.

Seth MacFarlane, père de la séries Les Griffin, nous livre ici son premier long-métrage qu’il réalise, écrit et produit. Les Griffin connait autant de fans que de détracteurs, la raison étant souvent...

le 30 août 2012

49 j'aime

8