Une soucoupe volante se dirige vers la planète Terre. Puis un chien-loup court dans la neige, pourchassé par un tireur depuis un hélicoptère. Ce dernier atterrit devant le campement de 12 américains présents en Antarctique dans le cadre de recherches scientifiques. Les nouveaux arrivants semblent désespérés, ils veulent à tout prix tuer cette bête d'apparence si innocente. Au prix de leur vie. Norway out. Cette introduction, véritable concentré de noirceur sur fond blanc, annonce la couleur. Le blanc et le rouge prédomineront tout au long du film.

PRISONER OF ICE *
Plus tard, nous sommes témoins de la scène traumatisante du chenil. La peur, devant ce monstre hideux, informe. L'effroi. Laid, froid. Lait froid (ça c'était dans mon bol, tandis que j'étais captivé par la séquence). Les 12 découvrent la chose. Impossible de fuir, pas de rapatriement envisageable par Europe Assistance. Ils doivent la tuer. Armes à feu, lance-flammes, planté de bâton s'il le faut. Pilotes d'hélico comme scientifiques, tout le monde est mobilisé. Cet épisode n'est jeu. Il n'est en fait que le début d'une longue nuit hivernale.

"The Thing" est un récit lovecraftien raconté par Carpenter de manière implacable, fluide, glaciale. Très vite, tout le monde est suspecté d'être cet ennemi qui peut prendre l'apparence de n'importe lequel d'entre eux. La paranoïa collective s'installe. La folie gagne peu à peu l'équipe. Un jeu de "sick & destroy" commence. "Every man for himself". Dans cet environnement immaculé, personne ne restera blanc comme neige. Une véritable terre à délits.

A FISTFUL OF DYNAMITE
Pour mener à bien son huis-clos (frig)horrifique, Big John s'entoure de noms prestigieux. A l'écriture, John W. Campbell Jr tout d'abord, auteur de "Who Goes There ?" dont "The Thing" est une adaptation, aidé de Bill (fils de Burt) Lancaster. Morricone s'occupe de la bande son. Parfaitement raccord avec le film, on cherche pourtant la filiation avec le grand Ennio. Ce ne sera pas un "Once Upon a Time in Antarctica", pour sûr, mais le son oppressant marquera tout de même les esprits. Le tandem Bottin-Winston supervise les effets. Ces derniers pourraient passer pour vieillots devant une certaine population, cela étant, un bon fan d'animatronics vous le dira: des SFX de cette qualité, on n'en voit plus de nos jours. Car non, les images de synthèse actuelles n'ont pas un rendu aussi organique, aussi saisissant, aussi (sur)naturel.

Enfin, "The Thing", initiant la "Trilogie de l'Apocalypse" de Carpenter, est une oeuvre nihiliste, pessimiste par excellence. Mais elle ne serait rien sans son casting, Kurt Russell en tête. Le mec porte quand même un chapeau ridicule durant la moitié du film (si si, je suis pas le premier à le remarquer ici, hein Djieke ?!), et garde une classe folle du début à la fin. Keith David, Richard Masur et les autres complètent cette distribution du tonnerre. Qui sera la prochaine victime ? Pour qui sonne le (ver)glas ?

Plus de 30 ans après sa sortie, le film de Carpenter déchaîne encore les passions, et aura fini par atteindre le statut d'oeuvre culte, à grands renforts de scènes mémorables voire traumatisantes, voire les deux. Dans ce milieu hostile et face à un ennemi que personne ne capte, le spectateur finit les batteries déchargées. L'équipe est forfait. MacReady épuisé.

* http://www.senscritique.com/jeuvideo/Prisoner_of_Ice/159225

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le 27 avr. 2014

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Gothic

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