Le seul angle d'attaque que ce film s'est vu offrir, ces derniers temps, c'est une comparaison à Heat de Michael Mann. Forcément, une histoire d'hommes qui jouent aux gendarmes et aux voleurs, on est obligé de se tourner vers le maître étalon... Eh bien pour couper court à tout blabla inutile, The Town est meilleur que Heat. Mais c'est largement dû au fait que Heat est, sans aucun besoin de point de comparaison, complètement raté. Stupide. Pénible.
Alors la question se pose : qu'est-ce qui fait qu'une horde de spectateurs préfèrent Heat à The Town, soutenant parfois même qu'il est meilleur ? ( Les fous )
C'est tout simple : Heat, malgré tous les défauts que je lui trouve, remplit des conditions qui relèvent du B-A,BA pour qu'on soit aux côtés des personnages principaux. L'antagonisme Pacino-DeNiro se met en place dans la première heure, et fait grimper les enjeux tout du long. Chacun des protagonistes traverse une crise, qui de surcroit se met en travers de leurs buts respectifs. Par conséquent, il y a des buts, des obstacles, des enjeux, des conflits. C'est mécanique, ça marche à tous les coups, même dans les ratages les plus évidents ( on va dire... Twister ).
Aux commandes de The Town, Ben Affleck ne s'embarrasse pas de tels artifices.
Son film se constitue de petits morceaux de bravoure, de l'action, des confrontations, tout ce que vous voulez... Mais sans aucun enjeu ni conflit ! Le film n'est en fait qu'une gigantesque anecdote... remplie de moments réussis, et meilleurs que Heat ( les fusillades parviennent à rester dans l'espèce de réalisme revendiqué... les scènes de confrontation sont mieux dialoguées... ) mais sans suite.
Une scène cependant voit Heat triompher de The Town, c'est quand Rebecca Hall fait comprendre à Ben Affleck que le FBI lui a tendu un piège. Y'avait la même dans Heat avec Ashley Judd et Val Kilmer, et c'était bien plus poignant, avec une économie de moyens qui était la bienvenue. Là, Ben sombre dans le pataud...
Acteur de génie, Jon Hamm se voit confier le rôle de Rod Serling : de l'exposition, de l'exposition, blablablah de l'exposition... L'histoire n'a aucune autre importance pour lui que d'être son job. On en finit même par se demander pourquoi diable il est aussi tenace.
Jeremy Renner a chopé l'accent du cru comme personne avant lui, et met toute son énergie au service d'un rôle linéaire et creux au possible.
Ben Affleck premier rôle d'un "All Star Cast sans y toucher", parvient finalement à porter le film jusqu'au bout, même si j'aime pas franchement la scène où il tue Pete Postelthwaite. Lui qui mettait un point d'honneur à dire qu'il n'avait jamais tué, il le fait sans que ça le choque outre mesure. Comme s'il était juste allé tirer un coup...
Bref, je n'ai aucun problème avec le film dans sa fabrication, mais il faut reconnaitre qu'il n'est pas très exigeant, et un peu immature...