Voilà un objet cinématographique insolite et déroutant, qui oscille entre grandiose et ridicule.
Pour le grandiose, il y a la réalisation, aérienne, envoûtante, magistrale, il y a l'élégance et la fluidité d'un film qui se présente comme un poème cosmique, il y la beauté diaphane de Jessica Chastain, véritable révélation en apesanteur (littéralement pendant quelques secondes), il y a la subtilité avec laquelle Malick dépeint cette vie de famille dans les années 60, le complexe d’Odipe du jeune Jack, sa relation avec son frère, l'émotion qui naît lorsque soudain il se rapproche de son père autoritaire...
Pour le ridicule, il y a tous ces délires psychédélico-darwinistes, avec ce bloc d'une vingtaine de minutes pendant lequel se succèdent des images de nébuleuses, de planètes, d'éruptions volcaniques, de dinosaures, de molécules, d'ADN en formation... Les origines de la vie sur Terre, la Création divine pour les nuls sur fond de chants religieux et de paroles murmurées à l'adresse de Dieu. intriguant au début mais vite risible : plusieurs spectateurs ont quitté la salle en cours de route, et j'ai échangé quelques mots à la fin de la séance avec une jolie nana qui me disait ne pas avoir bien compris le scénario. :p
L'ensemble forme une prière de plus de deux heures, un drame fantastico-chrétien aussi pompeux et naïf que sublime et poignant, à l'image de la dernière séquence, vision absurde et émouvante d'un paradis minéral où tous les personnages se retrouvent.