Cliché, prétentieux, grotesque et sans intérêt.

“Le nous et le je” un titre bien philosophique inspiré par un brin de poésie et sagesse populaire, mais surtout bobo et prétentieux à souhait et qui en dit déjà long… les relations sociales des jeunes gens des banlieues dans toute leur complexité en un seul voyage en bus. Voilà ce qui nous est proposé ici, le nouveau film de Michel Gondry est en effet une sorte de fresque adolescente réaliste, revendiquant un statut hybride, entre documentaire social et romance.

C’est la fin de l’année scolaire, tout le monde saute dans le bus pour rentrer à la maison. Délires, révélations, discussions entre profondeurs, futilité, badinerie et peines de coeur sont au rendez-vous. Autant on fera un petit saut dans la foi pour les incohérences temporelles, les évènements s’enchaînent de manière désordonnée et illogique sans tenir compte du temps, mais on mettra cela sur l’aspect poétique du film qui veut nous dire qu’avec l’imagination on peut toucher les étoiles…cependant on est précisément rapidement désacommodé pour ne pas dire carrément agacé par le côté hyper convenu du film qui se veut absolument fort, poignant et édifiant au point d’en devenir absolument grotesque, tout y est : le couple de gay ; l’un infidèle l’autre pleurnichard, la fille ronde qui veut être aimée, le macho sans coeur (qui bien sûr s’avère finalement en avoir un), le mec victime qui amuse la galerie par sa loose, le gros black, le musicos romantique, la bombasse, le mytho, le mec sensible qui dessine super bien, et forcément la grosse chauffeuse de bus autoritaire qui-ne-se-laisse-pas-marcher-sur-les-pieds mais avec un si bon fond et qui adore la pizza anchois-ananas…tout ce beau petit monde cohabite ensemble dans le même habitacle roulant sur un trajet qui paraît interminable, pire cela devient ultra rapidement insupportable au point de donner la nausée par tant de calculs évidents de la part du réalisateur. Car il a clairement tout prévu pour être encensé par la critique : un peu de poésie, un semblant de structure par un chapitrage lyrico-philosophique qui en dit long sur l’état des chevilles de Gondry (1 : “Les tyrans, 2 : “Le chaos”, 3 “Le je”) de par leur volonté avide de profondeur, un peu de bon sentiment, et surtout un bon drame sur la fin lui aussi ridicule par sa prévisibilité extrême, enfin une touche de tendresse et de romantisme pour finir et le tour est joué… et bien avec moi la sauce industrielle Gondry n’a pas pris, au contraire, il m’a profondément irrité…je n’hésiterais pas à qualifier ce film de belle arnaque populaire débilifiante.



Tant mieux si un film aussi manifestement calculé pour plaire et toucher pourtant dénué de toute originalité, sincérité et profondeur peut encore parvenir à ses fins malgré sa quasi indécence sur son ambition affichée mais moi je l’ai trouvé assez détestable, sans âme et nettement moins bon qu’entre les murs pour lequel j’avais entendu faire des comparaisons, même si ce dernier souffrait lui aussi un peu de ce symptôme de film populaire, il restait honnête et tenait un véritable propos sans tomber dans la stupidité du bon sentiment la plus totale comme c’est le cas ici.

NEXT! Ce bus là peut passer, je prendrais plutôt le suivant…en espérant qu’ils soit un peu moins rempli de cas d’école et de clichés que celui-ci…sinon je finirais à pieds.
Zarathoustra93
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le 10 sept. 2012

Modifiée

le 29 sept. 2012

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Zarathoustra93

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