Un bon moment pour un moins bon film

Les comics... Des histoires simples et pas prises de têtes, qui plaisent en parlant directement à l'imaginaire, en frappant là où ça marche le mieux : Le Fantasme personnel. On rêve tous (enfin, moi j'ai rêvé, et j'en rêve encore) d'avoir des pouvoirs, de sauver le monde, d'être spécial...

Le cinéma ne pouvait pas laisser passer ce filon. Le comics filmé, c'est l'assurance de pouvoir caser des effets spéciaux tapageurs (1er public conquis), des top-models (on élargit le public), les histoires simples et patriotiques (là, c'est presque de la bouffe pour tous les râteliers nord-américains), les nostalgiques de leur BD d'enfance (stop, n'en jetez plus), et les autres rêveurs de "moi aussi j'aimerais être spécial" qui sont trop jeunes pour appartenir à la catégorie précédente. Et tel Activision qui a tué la poule aux oeufs d'or en sortant 17 "Guitar Hero" par an, lassant son public, Marvel nous sort un n-ième film tiré d'un de ses personnages. Et pas une tapette mordue par un ornithorynque asmathique passé au japon après un Tsunami, non. UN DIEU.

Par ou commencer pour un synopsys ? MMMm...

Thor. Fils d'Odin, qui lui explique que mil ans après la naissance de Jésus Christ, avant sa naissance, il se battit sur Terre contre les géants des glaces, une autre race extraterrestre, pour protéger les humains. Pour les museler définitivement et les rendre moins velléitaires, on leur vole leur boîte à froid. Et ils font moins les malins, du coup. OUI. Thor, on en parle dans des légendes qui datent de 2 000 ans avant la naissance de celui-ci. Tout va bien. Bref. Les Asgardiens ont gagné la guerre (à cheval et à l'épée, hein, c'est de l'extra-terrestre amish), et maintenant tous vivent en paix.

Son frère, Loki. Aussi brun que son frère est blond, laid que son frère est beau, malingre que son frère est musclé. Traître que son frèr... Comment ça, je spoile ?

Sa femme, Sif. La seule guerrière femme d'Asgard (UNE guerrière ? On est bien dans les mythes scandinaves, là ?). Oui, personne ne saura que c'est sa femme, hein, c'est l'instant culture. Et un indice, elle n'est pas jouée par Nathalie Portman. Mais les relations extra-conjugales lui semblent triviales, apparemment.

Ses side-kicks-peut-être-des-Dieux-qui-ne-méritent-pas-de-nom.

Le gardien du pont d'Arc-en-Ciel.

Voila, décor dressé.

Un jour, alors que Thor allait être couronné, des géants des glaces s'introduisent dans la salle d'arme pour voler leur artéfact de puissance, sans être détectés par le gardien d'Asgard. Odin les extermine d'un claquement de doigt, et interdit à Thor de chercher vengeance, afin de préserver la paix. Manipulé par Loki (de la psychologie inversée qui ne prendrait pas sur un enfant de 8 ans, mais passons), il décide de désobéir... Et se fait punir en se faisant éjecter sur Terre pour apprendre l'humilité, et la sagesse. Sagesse qu'il apprendra en deux étapes. Etre sage, c'est ne pas casser le crâne d'ennemi dans lequel on boit sa cervoise sur le sol après l'avoir terminé (Les serveuses de chez Annette's, elles aiment pas, les éclats d'os ça se fiche dans les roulements à bille des patins à roulette). Etre plein d'humilité, c'est savoir dire dans une scène larmoyante qu'on est près à mourir pour sauver quelqu'un, et que c'est pas du chiqué puisque je dis ça pendant que je suis dans un corps mortel. Bon, j'imagine que personne n'a pensé à dire au scénariste que les dieux nordiques sont des Dieux mortels. Tout le temps.

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Voila bien un film qui m'a laissé dubitatif. Une fois passé outre le fait que donzelles et gays de la salles poussent des soupirs enamourés dès que Thor roule un muscle, et que leur pendant masculino-lesbien fait de même dès que Nathalie Portman montre les dents, ce qui indubitablement doit troubler le jugement porté sur le film, nous restons devant un film qui n'ennuie pas, mais bourré d'incohérences et d'idioties scénaristiques.

Le casting, d'abord. Moi qui m'attendais à une foison de chevelure de chaume, je me retrouve avec un Thor, certes blond, mais seul avec cette caractéristique. Est-ce que ces débiles des commissions d'éthique américaines pourraient oublier leurs histoires de quota deux minutes, et éviter de nous pondre des Dieux Nordiques bruns, asiatiques (sans rire), noirs (le gardien de Bifröst, on croit rêver), ou une guerrière façon Girl Power ? Les Dieux d'Asgard sont DES HOMMES, BLONDS, CAUCASIENS, PAILLARDS. Étrange de devoir le rappeler, d'autant qu'il n'est nul besoin de le faire dans le comics, un comble de s'en servir comme référence.

Les rôles, ensuite. Non, mais, sérieusement, elle sert à quoi Nathalie Portman ? On aurait même du mal à comprendre pourquoi Tor en tombe amoureux tellement il n'y a rien qui se passe avec ce personnage !

Le scénario et la réalisation, enfin... Des costumes en papier mâché, un marteau qui sent bon la mousse de polyéthylène expansé, une 3D TOTALEMENT inutile, des situations épiques (Thor prend 10 minutes à explorer un labyrinthe de tunnels de papier remplis d'ennemis qu'un simple appui du doigt perfore... C'est sûr que tout traverser jusqu'au centre en 17 secondes, c'était moins sensationnel), des Deus-Ex-Machina improbables (Tiens, regarde mon destructeur qui tue tout sur son passage en le vaporisant au niveau moléculaire, et bien pour tuer Thor, il va donner une baffe à la place !), des plans de demeuré (Je suis Loki, je suis le Dieu de la ruse ! J'invente donc une machination pour être préféré par mon père à mon frère ! Et dès que ça marche, je fais en sorte de mettre en danger tout le royaume pour me faire mousser ! Comme mon frère (mais par diabolisme plutôt que par bêtise) qui s'est fait bannir pour la même raiso... Oh. Wait.)

Sinon, pourquoi ça ne se passe pas dans un Fjord ? Enfin, je demande, juste comme ça, hein.

Alors, un mauvais film ? Non. Mais un film surfant sur le succès du film de super héros. Quelques répliques cocasses (faites que ce soit volontaire !), des scènes d'action bien maîtrisées, un rythme maintenu...

C'est juste dommage que Marvel se contente d'un "Bah ça passe, ça compense". On se laisse arnaquer avec plaisir, mais ça reste de l'arnaque.
Lomig
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le 3 mai 2011

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