L'enfance, cette période de la vie ou l'on se cherche, tout en se construisant, ou nos parents mettent en nous tout leurs espoirs mais aussi leurs névroses, un mélange qui peut avoir des conséquences sur le long terme, dont on ne peut pas toujours en déceler la gravité.

Laure est une jeune fille, qui se fait passer pour un garçon, est-ce son choix ou est-elle sous l'influence de son père ? Dès le début, il l'a fait conduire sur ses genoux, plus tard il joue au jeu des 7 familles, en espérant qu'elle grandisse vite pour qu'ils passent au poker, tout en lui faisant goûter une bière, un rapport plus père/fils que père/fille. De toute façon, il a déjà une fille, qui s'habille en rose, avec de longs cheveux bouclés et se prend pour une petite princesse. Une vraie jeune fille en opposition avec sa grande sœur, qui profite de son androgynie pour accentuer son côté "garçon", en copiant leurs attitudes devant son miroir.
Ce mensonge ne pourra pas durer, on attend à tout moment que celui-ci soit dévoilé. En attendant, on voit une jeune fille qui se sent bien en Michael, qui est acceptée par ses nouveaux camarades, aussi bien filles, que garçons dans son nouveau lotissement, profitant d'un été ensoleillé pour s'amuser, rire et vivre.

La caméra de Céline Sciamma se fait discrète, la musique est absente, c'est sobre et tendre, l'histoire se suffit à elle-même, pas besoin d'artifices. On suit Laure, on attend le drame et ses conséquences, que cela bascule à tout moment dans le mélodrame. Il n'aura pas lieu, le récit reste dans la continuité de ses débuts, ne cédant jamais à la facilité, ni au larmoyant, c'est fait avec subtilité et l'on se surprend à s'émouvoir face à une mère décontenancée, alors que le père a disparu, le film devenant une affaire de femmes, de mères qui aiment leurs enfants, même s'ils sont "différents", c'est beau.
Les enfants sont magnifiques, ils sont justes, jamais énervants et tout film qui touche à l'enfance, me touche aussi, encore faut-il que cela soit intéressant, c'est le cas ici. La petite sœur est adorable, elle aime sa grande sœur, que ce soit en fille ou garçon, elle ne s'en offusque pas, elle ne juge pas, elle a la naïveté de l'enfance, trop mignon.
En opposition, les mères sont très tolérantes, je trouve cela naïf, je doute fort qu'aucune d'elles ne réagissent pas mal au mensonge de Laure, il n'y a qu'à voir les réactions lors de sa diffusion sur Arte ou dans les écoles primaires, ce côté-là me gêne un peu, on évite le conflit, ça fait un peu Walt Disney.

Le film est attendrissant, tout comme le sont les enfants, surtout quand ils dorment. Ça donne envie de voir le premier film de Céline Sciamma "Naissance des pieuvres", ce qui démontre la réussite de ce film-ci, malgré un sujet difficile, mais traité avec subtilité et surtout, sans jugement.
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le 20 févr. 2014

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Laurent Doe

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