Par ses ambiances angoissantes très maîtrisées, ses acteurs que l’on sent dirigés par des idées bien précises et son script étonnant, qui ne se contente pas de jouer avec les codes du giallo, mais les utilise pour construire une intrigue qui dépasse le simple wodunit de circonstance, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé se hisse sans mal au sommet d’un genre, il faut l’avouer, souvent représentés par des outsiders un peu courts quand il s’agit de densifier la classique trame qu’on leur connaît.


Sergio Martino prouve que le giallo est un matériau stimulant qui prend sa pleine expression lorsqu’il sert une narration inventive qui n’est pas un simple prétexte à empiler les corps. Exploitant à merveille le potentiel des deux atouts charmes de son film, il fait non seulement de Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, une œuvre au fort potentiel érotique, mais surtout un thriller intelligent qui, sans en faire trop, parvient à captiver de bout en bout.


L’arrivée du personnage incarné par la belle Edwige Fenech est le moment charnière du film, celui qui permet au récit de rebondir alors qu’on le sentait prêt à s’enliser. Elle apporte quelques ramifications supplémentaires à un mystère qui semblait trop simple, mais elle contribue, surtout, à renforcer le malaise qui s’installe dans cette demeure inquiétante, dont le silence n’est ébréché que par un chat peu avenant répondant au doux nom de Satan. Sa présence, écho direct à l’esprit revanchard de l’ancienne maîtresse des lieux, permet à l’œuvre de se teinter d’une appréciable touche de fantastique.
La relation ambiguë qui s’instaure entre la nouvelle arrivante et les occupants des lieux, la première usant de ses charmes avantageux pour calmer les tensions qui ravagent le couple, génère une tension érotique palpable qui permet de distiller un peu plus ce mystère que l’on ne cherche finalement pas tant que ça à mettre à jour : il est des ambiances que l’on aime voir perdurer !
Quant à la finalité de tous ces personnages, elle est des plus stimulantes et s’avère être suffisamment subtile pour surprendre lorsque la clé du mystère est enfin dévoilée.


On pourra reprocher à Martino d’en faire trop dans les 10 dernières minutes comme il est possible d'être déçu par le dénouement proposé —une fin encore plus noire aurait été amusante—, mais c’est finalement dans l’esprit de l’ensemble : voir ce félin connecté à l’outre tombe triompher de ses idiots de maîtres est finalement un joli pied de nez à la vicieuse manipulation dont il a été question.




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oso
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le 24 oct. 2014

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