True Grit par Film Exposure
1969, alors que Sergio Leone vient de donner un second souffle aux westerns, Henry Hathaway adapte le livre de l'écrivain Charles Potis « True Grit » et permet ainsi à John Wayne de remporter le seul Oscar de sa carrière. Quarante ans plus tard, le western n'est plus aussi rentable et se voit réduit à une simple source d'inspiration. Les réalisateurs s'amusent à citer ou à parodier ses codes mais très peu d'entre eux se risquent au-delà de la référence.
Jusqu'en 2011, les frères Coen ont fait partie de ces réalisateurs nostalgiques qu'on sentait très proches du genre sans jamais oser franchir le pas. Peu avant que Tarantino ne réalise un nouveau western inavoué avec « Inglourious Basterds », Joel et Ethan Coen avaient sondé le terrain avec leur magnifique « No Country for Old Men ». L'accueil très positif du public et de la critique leur lança un signal clair. Moins de trois ans plus tard, ils prennent enfin le taureau par les cornes et nous livrent leur premier western complètement assumé en réadaptant l'histoire de « Cent dollars pour un shérif ».
Avec « True Grit », les deux frères signent une nouvelle démonstration de mise en scène et hissent leur film à la hauteur des plus grands classiques du genre. Au plaisir de retrouver ce monde oublié, peuplé de cowboys mal léchés et rythmé par le bruit des sabots, s'ajoute celui de revoir du Coen grande cuvée à l'humour moins potache que dans leurs deux derniers films. Jeff Bridges, qui en fait des tonnes, et Matt Damon, méconnaissable, nous offrent des dialogues d'anthologie qui fusent et qui se noient dans des accents taillés à la hache. Mais ces touches d'ironie ne déconstruisent jamais le mythe classique du genre auquel les Coen livrent une nouvelle déclaration d'amour passionnée à laquelle le public américain vient d'accorder un accueil triomphal.