A la manière de Shaun of the dead pour les zombies, Tucker and Dale revisite avec drôlerie - et non sans finesse - les clichés archi-rebattus du slasher. Soit donc une bande d'étudiants (avec les bimbos de circonstance) partis camper en forêt, sur le lieu où, voilà vingt ans, avait eu lieu un horrible massacre. Et deux "ploucs" à l'allure crasse dans une vieille bicoque. Tous les ingrédients de base d'une ribambelle de films, de Massacre à la tronçonneuse à Vendredi 13. Sauf qu'ici les apparences sont trompeuses...
Tucker and Dale sont juste deux péquenots rêvant d'une partie de pêche et qui vont croire être confrontés à des étudiants sectaires et suicidaires, tandis que ces derniers seront persuadés d'être confrontés à des serial-killers tout juste sortis de Délivrance.
Tout commence par une tentative maladroite, à la dernière station essence avant la forêt, de Dale, gros nounours timide, pour entamer une conversation (une faux à la main !) avec l'une des jeunes filles. Cela va continuer lorsque les étudiants décident d'aller prendre un bain de minuit et qu'Allison manque de se noyer, après avoir heurté un rocher. Alors que Dale et Tucker, gentils péquenots partis se ressourcer dans la nature, la sauvent sur leur barque, ses amis sont persuadés qu'ils viennent de la kidnapper. De ce premier quiproquo va naître un gigantesque malentendu sanglant et hilarant. L'engrenage enclenché, tout va déraper dans des geysers de sang et des éclats de rire (pour les spectateurs).
Tandis que Dale et Allison jouent ensemble au Trivial poursuit (!), Tucker partis couper une bûche éventre un guêpier et part en hurlant, la tronçonneuse à la main, jusqu'au moment où débarque un étudiant horrifié qui, en s'enfuyant, va s'empaler sur une branche ! Plus tard, un de ses amis plongera directement dans un broyeur à bois en voulant attaquer Tucker, un autre s'éventrera tout seul avec un pieu, une fille sera défigurée au coupe-ronçe, un autre mourra brûlé par l'incendie qu'il vient de déclarer, etc.
Une série de morts bien gore, lestée d'humour noir, mais totalement désamorcée par le renversement de situation. Alors, certes, l'intrigue sentimentale et le twist de l'étudiant psychopathe (fils du tueur du massacre originel) sont un peu too much, mais participent du réjouissant démontage, respectueux, du genre. Et justifient la phrase-culte, prononcée par Dale vers la fin : "Quand un homme comme moi essaie de parler à une fille comme toi, c'est normal qu'il y ait des morts".
De même, si la réflexion sur les préjugés est un peu courte, Tucker and Dale demeure une comédie horrifique brillamment menée, dans le sillage de Sam Raimi ou du Peter Jackson de ses débuts. De quoi en faire de la graine de film culte... Hormis son titre français, passablement débile (mais pas à son honneur) et une version française qui semble bien, elle aussi, être à côté de la plaque. Pour une fois, il aurait été préférable de conserver le titre original : Tucker and Dale Vs Evil, bien plus en phase avec l'esprit du film.
danielmuraz
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le 9 févr. 2012

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