S'il n'a plus touché au registre de l'horreur depuis près de vingt ans et un certain Dracula, F.F. Coppola est un amateur éclairé du genre, ayant participé en tant que producteur à certains classiques du genre tels que la série des Jeepers Creepers. C'est donc nimbé d'une certaine aura d'attente que son dernier film sort sur les écrans.
D'emblée, un constat s'impose : le metteur en scène n'a rien perdu de sa vision. A travers quelques plans travaillés, mis en valeur par une voix off pas trop envahissante, il place l'ambiance, quelque peu décalée, qui servira au reste du film. Esthétiquement, le film se divise en deux parties : d'un côté le monde réel, quotidien, que traverse son héros, de l'autre celui des rêves, hallucinations et fantasmes qui hantent ses cauchemars. C'est d'ailleurs cette dernière partie qui retient le plus l'attention, le parti pris graphique risquant de ne pas plaire à tout le monde, mais retransmettant à merveille l'ambiance gothique sombre et mélancolique voulue par l'auteur.
Le scénario s'attache aux pas de Hall Baltimore, écrivain à la recherche d'un second souffle. A travers lui, se pose la question de la recherche d'inspiration, un procédé déjà très utilisé par d'autres auteurs à la recherche d'allégories faciles. Sans chercher à faire injure au talent du réalisateur, on pourrait lui reprocher de céder ici à une certaine facilité. Pourtant il n'en est rien, le film regorgeant par ailleurs de bonnes idées et de petits détails qui font tout le sel de cette petite ville apparemment comme les autres.
Baltimore est incarné à l'écran par un Val Kilmer de retour au premier plan. L'acteur semble n'avoir eu aucun mal à se fondre dans ce rôle de semi loser à forte tendance alcoolique. A ses côtés, Elle Fanning, la soeur de Dakota, repérée dans le dernier film de Sofia (une affaire de famille, donc) s'amuse beaucoup dans son rôle de jeune goule hantant la nuit. On note aussi la présence de Bruce Dern (père de Laura), savoureux en shérif aux accents bouseux, Ben Chaplin (rien à voir, à priori) excellent en Edgar Allan Poe. On retrouve aussi Alden Ehrenreich, déjà présent dans le dernier film de Coppola, et qui fait ici une apparition convaincante.
Le grand retour derrière au registre de l'horreur d'un maître du cinéma américain. A consommer saignant...