Après le remarqué L'Arnacoeur, succès populaire mérité est venu récompenser un film somme toute fort bien écrit et très attachant, Pascal Chaumeil revient avec ce Plan Parfait dans lequel le tandem Diane Kruger/Dany Boon se substitue à celui que formaient Vanessa Paradis et Romain Duris. Restait à savoir si le résultat s'avérait aussi sympathique.

On ressort de ce film avec une impression plus que mitigée. Non pas que le film soit en soi une catastrophe, il n'en demeure pas moins que le résultat nous laisse quelque peu sur notre faim. La faute à un scénario beaucoup plus balisé, beaucoup plus éculé, rejoignant le canevas traditionnel de la comédie romantique fondée sur le rapprochement de deux individus qu'au départ tout oppose. Elle est une grande bourgeoise vivre confortablement sa vie de dame de la haute société ; lui est un brave type, vaguement benêt, qui allie à un physique loin d'être celui d'un Apollon un caractère dire plus engageant. En apparence, rien ne les destine l'un à l'autre. Et même si le genre de la comédie romantique est ici convoqué, le couple reste suffisamment hétéroclite pour réellement convaincre. Malgré toute la meilleure volonté du monde, on a peine à croire aux revirements sentimentaux du coeur de la jeune femme. Mais si les défauts de ce film se résumaient à ce simple point, cela n'aurait pas empêché de faire d'Un Plan Parfait un film tout à fait acceptable.

Le problème est que le film est tout aussi grossier dans son écriture que l'Arnacoeur était subtil. En emmenant le spectateur au Kenya, puis en Russie, le réalisateur finit par égarer tout ce beau monde en cours de route. Les péripéties sont malheureusement assez prévisibles, et le film ne surprend vraiment que lorsqu'il prend à contre-pied le passage obligé du genre que reste la scène de brouille entre les deux héros, ici complètement escamotée. Le reste du film est assez balisé, et si le dénouement du film fait encore une fois son petit effet, on reste bien loin de la scène culte de danse au son de Time of My Life de L'Arnacoeur. Qui plus est, le choix de raconter le film sous forme de flash-backs alourdit considérablement le récit en l'encombrant de petits intermèdes certes comiques mais parfois intempestifs. L'opposition du gentil prolo et de l'aristo coincé apparaît aussi comme trop systématique pour être sincère.

On ne cachera certes pas sa déception devant le résultat obtenu, celui-ci n'étant néanmoins pas infamant, le charme opérant à deux ou trois reprises. Il n'en demeure pas moins que le film se suivit avec grand intérêt, ne serait-ce que pour se délecter de la beauté de la sublime Diane Kruger. Elle qui illuminait déjà Les Adieux à la Reine de ces courbes délectables, dévore chaque plan dans lequel elle apparaît. On ne voit qu'elle, rieuse, joyeuse, boudeuse, mutine, toujours captivante. On maudit ce salopard de Dany Boon, on bave devant cette scène d'essayage qu'on sent gentiment gratuite (mais dont on ne se plaindra pas), bref, on est sous le charme.

Parce qu'il faut reconnaître que l'on peut parfois apprécier le cinéma dans sa simple capacité à sublimer les corps qu'il filme, on reconnaîtra néanmoins qu'il s'agit d'un argument un peu léger pour soutenir légitimement la qualité d'un film. Mais le fait est également que ce simple paramètre peut, en toute subjectivité, permettrait un film tout juste honnête de rester comme un moment correct, pour peu que l'on laisse son exigence au placard. Le plaisir d'aller au cinéma tient parfois à des choses simples, mais dont il serait triste de se priver. Et puis, de vous à moi, à qui n'est-ce jamais arrivé ?

Un plan parfait est-il un grand film ? La réponse, de toute évidence, et non. Est-il même un bon film ? Là encore, j'en doute. Mais, en l'état, il demeure un film relativement plaisant, qui fera sans doute le bonheur des chaînes de télévision qui sauront y reconnaître un divertissement non pas transcendant mais qui ne mérite pas qu'on lui jette la pierre. Ne serait-ce que parce que les beaux yeux de Diane m'en empêcheraient…
Sharpshooter
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le 31 oct. 2012

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Julien Lada

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