"Valley of Love" est un film intriguant. Quoiqu'on en dise, Guillaume Nicloux arrive relativement à nous entrainer par la main dans cet étrange parcours de vie. Le chemin du deuil navigue entre mysticisme et pragmatisme.
Cette dualité est incarnée par la confrontation des personnages de Depardieu et Huppert.
Gerard, dans son propre rôle, est d'un cynisme amusant. Après toutes les frasques de l'acteur, c'est convenant de le voir aussi naturel avec un sens de la dérision plutôt remarquable. Il joue sur son propre costume de beauf, sa proéminence et son côté bourru. La voix essoufflée et le corps suintant.
Dans ce rôle, Isabelle Huppert est criarde, stridente et donc une compagne de route insupportable. Elle est usante de bout en bout. L'amour indéfectible de son ex-mari est d'autant plus touchant. On comprend bien cette folie, nourrie par la deuil impossible et une sérénité disparue à jamais. Elle cherche constamment à se rattacher à quelque chose; retrouver son fils, partager sa vie avec le père de ce dernier, ou trouver du réseau pour appeler ses proches. Isabelle est paumée.
Difficile de faire la part du vrai et du faux dans cette histoire. La conclusion de "Valley of Love" amplifie le paradoxe entre réalisme sobre et fabulation surnaturelle. Elle laisse drôlement perplexe. Le récit se charge de trop de mystère et éclipse le sujet le plus intéressant; chercher à comprendre les raisons d'un suicide et à ne pas se torturer de regrets. Ces questions, plus profondes, sont même concrètement bottées en touche.
"Valley of Love" est une ballade américaine aride. La tête bouillonne comme dans "Paris, Texas". La casquette rouge est-elle un référence ? Plongé dans un désert, de décors et de certitudes, le couple traverse une épreuve qui s'avère être de plus en plus introspective et figurative. La Vallée de la mort est magnifique, mais la réalisation est approximative et pourrait d'avantage mettre en valeurs ce décors grandiose.