Voyage au bout de l'enfer est un film qui a le temps. Juxtaposition de blanches après blanches et , soudainement de croches et de croches.

Une fois que l'on a été en Enfer, peut-on seulement trouver la force de repasser le Styx ?
De la forge de Pennsylvanie qui fait son quotidien à une geôle du Vietnam, Michaël (Robert De Niro) est là, presque extérieur à la communauté humaine mais seule force qui peut encore percevoir la vie lorsque les autres ont perdu son goût. Heureux, ce personnage ne peut l'être. Il le sait. Mais il capte des instants d'harmonie et de vie intense, transmis avec infiniment de subtilité à celui qui est face à l'écran, enveloppé par la puissance de l'oeuvre. Michaël soutient le film et il en est presque, à mes yeux, le narrateur: sa perception devient nôtre et sa mélancolie muette aussi.
Il n'y a pas d'acteurs ici, que des personnages. Point de jugement ou de faute pointée d'un index accusateur. Pourtant il y a Nick (Christopher Walken au regard d'ange), qui ne peut revenir à la vie. Nick qui entrevoyait un bonheur avant de partir se "battre"; mais comment réintégrer le clan des vivants lorsque l'on s'est résolu à être mort et oublier son bonheur?
Pas de réponses assénées aux questions esquissées dans le "Deer Hunter" (titre original) mais des séquences et des images que l'ont voit toujours, les yeux fermés, des semaines après: il y a des aciéries mugissantes et fumantes, une Cadillac blanche patinée par les ans, les regards d'une femme indécise, la silhouette de Michaël dans son imper militaire, le son d'un barillet qui tourne, le bandeau d'un "joueur" de roulette russe absent du monde, un cerf majestueux, le mariage presque filmé en temps réel... je pourrais me souvenir du film plan par plan.
À voir sur grand écran.
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le 19 nov. 2010

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