Parti de campagne ( de gauche à droite )

Sans doute l'un des films les plus noirs de l'Oeuvre de Godard, et techniquement l'un des plus intéressants. Formellement saisissant et particulièrement ambitieux et maîtrisé ce Week End reste un objet somptueux mais dont l'abord demeure parfois difficile. L'anarchisme intellectuel de JLG, tant décrié dans son chef d'oeuvre Pierrot le Fou, trouve là une inédite violence graphique et sonore... Il y aura du sang ( du rouge ), des carabiniers, de l'espièglerie et de magnifiques ruptures de ton.


On retiendra forcément la séquence monstrueuse de l'embouteillage, filmée en un interminable travelling latéral et accompagnée d'une mélopée de klaxons proprement grisante. L'usage du son évoque parfois le travail de Jacques Tati, de la même façon que la direction artistique très connotée "années 60". Amplifiés, enchevêtrés, brouillés les effets sonores de Week End le rangent davantage du côté de l'expérience que du film à thèse, préférant interroger le Cinéma plutôt que nous assener des réponses malvenues.


Comme souvent avec Godard Week End nous sort audacieusement de notre zone de confort tout en cultivant le ludisme avec une science de la mise en scène moderne et généreuse : le couple bourgeois présenté d'emblée comme peu sympathique sera confronté à de nombreux personnages polissons voire punk avant l'heure... C'est alors un plaisir d'assister à une scène de chant à capella effectuée par un Jean-Pierre Léaud en très grande forme, ou de voir des automobilistes foutre le feu à leurs biens matériels. Après Le Petit Soldat et Les Carabiniers cet indécent, provocant Week End constitue l'un des sommets engagés du facétieux Jean-Luc Godard, annonçant le vent d'est qui soufflera sa rage à l'orée des années 70. Le JLG militant et ses kino-pravda ne sont plus très loin désormais...

stebbins
9
Écrit par

Créée

le 19 janv. 2020

Critique lue 111 fois

stebbins

Écrit par

Critique lue 111 fois

D'autres avis sur Week-end

Week-end
Hawk
5

Week-end : Précurseur de l’arrivée des films d’horreur contestataires Outre-Atlantique

N’y allons pas par quatre chemins, il créé une vraie scission entre deux cinémas de la nouvelle Vague : celui de Godard et celui de Truffaut, plus traditionnel, si l’on peut dire, ayant ma...

Par

le 19 juin 2022

20 j'aime

20

Week-end
OlivierBottin
8

"On ne peut dépasser l'horreur de la bourgeoisie que par plus d'horreur encore"

Quoi de plus naturel pour un réalisateur cherchant à révolutionner les codes du cinéma que de s'intéresser aux révolutions? Seulement quelques mois après La Chinoise, qui s'intéressait à une bande de...

le 1 oct. 2015

20 j'aime

1

Week-end
Hélice
7

Godard-dare

Mon Godard à moi, c'est comme ça que je l'aime. Il est imparfait, bancal, parfois chiant. Fi du Front de Libération de Seine-et-Oise! Il pianote du Mozart, dans une cour de ferme. Touché par la...

le 5 janv. 2011

15 j'aime

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5