C’est le premier film de Quentin Dupieux (connu dans le milieu de l’electro sous le pseudonyme de Mr Oizo) que je vois après avoir lu et entendu du bien de Steak et surtout de Rubber. Par son atmosphère et sa manière de blaguer à froid, Wrong rappelle le cinéma de Lynch (dans le genre Lost Highway gonflé à l’hélium) ou des frères Coen. Dupieux y ajoute une absurdité des situations qui fait de Wrong un OVNI dans le cinéma actuel. La force du film est de rester cohérent même dans les situations les plus absurdes ou les plus cocasses. Dupieux suit son petit fil conducteur et le spectateur peut facilement s’identifier à la normalité apparente de Dolph et surtout à son incompréhension de ce monde dérangé. Tout y est bizarrement normal (à l’écran) et anormalement bizarre (pour le spectateur). Le film tient facilement, et étonnamment bien, sur ce décalage durant 1h30. Malheureusement, il ne va pas plus loin que ce premier degré (on peut tenter d’y voir d’autres choses mais sans réévaluer le film pour autant).
Un bon film de séance de minuit ou d’étrange festival, sophistiqué et appliqué comme il faut (au risque de paraître calculé), porté par l’excellent Jack Plotnick, croisement physique improbable entre Sean Penn, François Damiens et Guillaume Canet.