Assassin's Creed Brotherhood – En quête de légitimité

Rassurés par le mode multijoueur, nous avions hâte de nous pencher sur la campagne solo pour enfin savoir si cet Assassin's Creed était doté d'une vraie légitimité. Brotherhood est né d'une demande, double qui plus est : celle des joueurs et celle des dirigeants d'Ubisoft. Les uns souhaitaient poursuivre la quête d'Ezio, les autres paraissaient avides de réitérer les succès passés. Avoir dans son catalogue une IP million seller favorise malheureusement la multiplication des épisodes « accessoires ». La question est : Brotherhood dispose-t-il de qualités propres ?

Afin de contrecarrer les plaintes (fondées) des joueurs ronchonnant contre le postulat, façon Assassin's Creed 2.5, de Brotherhood, les créateurs ont avancé un nombre conséquent de promesses. Le titre devait donc apporter une avancée notable de la metahistoire (celle relevant de Desmond et de la période contemporaine), proposer un système de combat plus riche et moins attentistes et enfin le titre devait se dérouler sur un terrain de jeu plus grand : Rome. Problème, si on prend point par point ces déclarations, Brotherhood emprunte doucement le chemin de la déception. En effet, les plus à cheval sur le scénario risquent de déchanter. En tout et pour tout, seules deux séquences vous donneront l'occasion de réellement jouer avec Desmond (avec en plus la possibilité de se déconnecter à tout moment de l'Animus pour faire joujou avec ce personnage, mais là aussi, rien de bien transcendant). Le scénario contemporain pédale donc un peu dans la semoule avant de jeter, in extremis, un indice final sur la suite des évènements. Pour ce qui est du système de combat, il est certes plus pêchu et moins axé sur la défense, mais n'est en rien plus copieux. La politique d'ouverture à tous les joueurs d'Ubisoft, s'applique ici dans les joutes. Le résultat se révèle à l'écran spectaculaire, mais manette en mains, appuyer sur une direction suffira à abuser du nouveau système de combo permettant de tuer un à un tous les ennemis entourant Ezio. Enfin, Rome, le théâtre de Brotherhood, s'affiche vaste et pleine de personnalité, grâce à ses monuments antiques de toute beauté, mais reste assez monotone, faute à une campagne trop importante. La variété des paysages des anciens épisodes n'est ici pas représentée. Il faudra attendre la fin du jeu ou les quêtes-annexes pour voir un peu du pays.

Les quêtes-annexes justement sont une bénédiction dans Brotherhood, car celles-ci vous sortiront de la monotonie, le gros point noir du jeu. Très ronronnant, le titre ne propose qu'une repompe de son ainé : Assassin's Creed II. Le scénario prend place à la seconde même où le second volet de la saga se conclut. La montée en puissance de l'histoire est longue et la rivalité entre Ezio et César Borgia (le fils de Rodrigo, le méchant d'AC II) manque d'ampleur. Le rapprochement avec AC II va même jusqu'à l'exécution des missions : escorte, filature, protection. La délivrance des tours Borgiennes, qui vous permettra par la suite de reconstruire Rome et ainsi de profiter du versant économique du jeu, apparaîtra comme une bouffée d'air frais aux côtés des quêtes-annexes. Détruire les machines de guerre de Léonard de Vinci (travaillant à présent pour l'ennemi), explorer les tombeaux de Romulus (afin de récupérer une nouvelle armure), gérer la Fraternité (vrai jeu dans le jeu, elle vise à vous faire administrer de nouvelles recrues utilisables à l'envi pendant le jeu, d'une manière très agréable, directement dans les combats en convoquant d'un geste vos assassins pour qu'ils vous offrent un coup de main salvateur) ou revivre les souvenirs de l'amour passé d'Ezio (Cristina) seront autant d'occasions de jouer des séquences aux gameplay différents et rafraichissants. Une vraie réussite ! Attention donc à ne pas sous-estimer ces digressions, qui sans elles, feront de Brotherhood – hélas – un quasi facsimilé d'Assassin's Creed II dans son déroulement, là où son prédécesseur parvenait constamment à nous surprendre.

Assassin's Creed Brotherhood se rapproche énormément de son ainé. Peut-être trop ! S'il conserve les qualités (et l'incroyable richesse), de AC II (cf. le test réalisé à l'époque), son contexte n'évite pas la redite et le titre s'entête à appliquer les mêmes recettes, jusque dans les objectifs de missions. Mais faire un check-up du soft ne révèle pas forcément le plaisir de jeu ressenti. Car oui, les fans vont à coup sûr jubiler, et à raison, car en tentant de prendre du recul sur la qualité réelle du jeu, Brotherhood ne fait pas du tout pâle figure par rapport à ses grands frères. Personnellement je recherchais autre chose dans cette aventure et non pas un AC 2.5. Mention spéciale au multijoueur, très réussi.
Med
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le 18 nov. 2010

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31 j'aime

Mehdi El Kanafi

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