Catherine par JipéF

Catherine, c'est un peu l'ovni vidéoludique de ce début d'année. Personnellement, je n'aurais jamais cru qu'un truc pareil trouverait son chemin jusqu'en occident, encore moins en Europe. Pourtant c'est un fait, Catherine est bel et bien sorti tout à fait officiellement en février dernier. Plus étonnant encore, le jeu a bénéficié d'un bouche à oreille plus que favorable, tout ça sans vraiment savoir en quoi il consiste réellement. Alors, effet de mode ou vrai bon jeu ? Un peu des deux en fait.

Catherine est un jeu inhabituel par son ton et son thème. Pas d'invasion alien, de zombies ou de démons antropophages ici (encore que... mais chut), le sujet est une préoccupation constante bien réelle chez tout trentenaire qui se respecte : l'engagement sentimental et familial. Le héros du jeu, Vincent Brooks, est en bien mauvaise posture : sa copine, Katherine, se réclame enceinte de lui et exige qu'il prenne ses responsabilités. Mais parallelement, ce pauvre hère trouve le moyen de la tromper au détour d'une nuit trop arrosée avec une bombe sexuelle nettement plus jeune que lui, Catherine. Vincent va donc devoir prendre plusieurs décisions cruciales pour sa future vie de couple, le tout guidé par ses amis lors de ses pérégrinations nocturnes dans son bar favori, le Stray Sheep. Chaque décision, chaque acte, chaque dialogue influencera le déroulement et le dénouement de l'aventure.

Raconté de la sorte, il serait facile de croire que Catherine est un dating game ou un jeu d'aventure classique. C'est vrai en partie, lors des phases se déroulant pendant la journée. Mais une fois dans son lit, Vincent fait des cauchemars atroces dans lesquels il se voit escalader une gigantesque pyramide de cubes tout en étant poursuivi par des créatures toutes plus ignobles les unes que les autres. Et dans le jeu, cela se traduit par un puzzle game fort bien pensé et addictif à souhait. En gros, il faut se frayer un chemin jusqu'au sommet en déplaçant des cubes de manière à pouvoir les escalader un par un. Tous les empilements sont possibles, sous réserve qu'il y ait au moins une arrête commune entre deux cubes superposés. C'est un peu délicat à expliquer, mais très facile à comprendre en regardant une vidéo (un "catherine gameplay youtube" devrait faire l'affaire pour cela).

Le jeu alterne donc entre deux gameplays bien différents : aventure scriptée le jour, puzzle game la nuit. Et la chimie fonctionne, principalement grace à une ambiance formidable, à la fois sexy, chaleureuse, mais aussi gothique, inquiétante, voire carrément glauque par moment. La technique est correcte, mais c'est surtout la direction artistique et la multitude de petits détails visuels et sonore qui impressionne. On pourra certes pinailler sur le dénouement, qui manque un peu de panache à mon gout, ou sur une certaine répétitivité de l'action. Affaire de subjectivité sans aucun doute.

Au final, il est un peu vain de décrire cette expérience, il faut l'essayer pour en saisir la substantifique moelle, pour choisir entre Katherine et Catherine, pour avoir peur en étant poursuivi par une paire de fesse géante qui tire la langue et qui jette des coeurs (si !), pour se prendre d'amitié pour les personnages attachants. Catherine, c'est le genre de jeu qui, par tous les éléments sus-cités, vous absorbe entièrement et qui vous fait coucher trop tard, avec un arrière gout amer de culpabilité dans la bouche. Saleté, va.