Catherine
7.5
Catherine

Jeu de Atlus (2011PlayStation 3)

Catherine, c'est l'histoire d'un jeu incompris. Nous le croyons bon, alors qu'il est particulièrement mauvais. Protéiforme dans la linéarité. Transpercé de part en part par la vacuité. Cette avaloire géant de cynisme, de fric, de gaz. La sincérité religieuse dans son ADN.
Un jeu qui passe son temps à nous faire avaler des images érotiques kawaï. Encore qu'un adolescent n'ayant jamais découvert le plaisir de la chair puisse se repaître de cette viande creuse, soit. Mais il me semble, au plus profond de moi, qu'à la vingtaine passée, alors que la trentaine semble devoir être le prochain terminus, il reste tout simplement affolant de voir des personnes vociférant à qui veut l'entendre que cette histoire d'amour est d'une crédibilité digne d'un "roman de gare" signé Camus (parce qu'en plus, ils seront capable de trouver Camus mauvais). Les cons osent tout. Les gens sont stupides, au moins tout aussi stupides que moi. J'ai quand même acheté ce jeu. Formidable expérience que de récompenser un mauvais travail. J'adhère.
Allons gaiement disséquer ce jeu. Pas grave si la découpe n'est pas précise, cela risque, au pire, d'embellir la chose.
Que dire, sans être vulgaire ?
Disons qu'un génocide aurait le sourire : une bonne idée est une idée morte. Seule la bêtise peut monter sur le trône. Un charnier aux cadavres amusés, une montagne de membres, à l'odeur si douce et si lourde. J'ai le regard défait, comme lors d'un face-à-face si virtuel avec le sourire de Reims, heureux de se faire décapiter. "Un cauchemar" me dis-je, bras courts et raides, biceps gonflés et mâchoire du bas qui vacille de gauche à droite pour effacer celle du haut. Rassurez-vous, on nous fait croire que c'est un rêve.
Le rêve, c'est quoi ? Simplement résoudre un casse-tête, le tout avec ton personnage en caleçon défiant le temps, lui même se trouvant long. Cet homme, avec le QI d'une seringue usagée, coupe à la Hendrix (souillons la mémoire des génies, c'est injuste le talent de toutes façons).
Caguant comme pas possible, le jeu fait en plus, par moment, l'objet d'une analyse psychiatriques par certains. De comptoir. Impertinente surtout, avec des gens qui se contentent de nous vomir à la gueule que les rêves reflètent les pensées et la psyché de Vincent, si onirique et poétique dans les affres de son délire. Merci Monsieur le capitaine Obvious. Suis-je bête. J'avais jamais fait le lien entre un cauchemar et une vie angoissante. Ni celui d'une femme déguisée en Eve face à mes envies. Quel idiot. Pendez-moi. Expliquez-moi d'autres choses. Par pitié.
Katherine, compagne officielle du héros, envisage d'avoir un enfant. Vincent dans ses rêves les plus narratifs, se voit poursuivi par un bébé géant. La profondeur me laisse aussi muet que dans une scène d'attentat.
Marie, mère de toutes les plumes prosaïques, des intellectuels à faire corriger le strabisme de Sartre, pardonnez-moi. Télescopez-moi avec le bon sens et l'abstrait.
Enfermons de force ce kaléidoscope de la noirceur humaine. Ce simulacre de parodies sous-jacente. Cette farce, cette satire puante, elle doit rester hors du commun des mortels. Ce monolithe capable de crever un abcès nietzhchéen doit demeurer dans son ultime tombe, un oubli quasi sépulcral.
Dadaïsme comme point de mire, objet fécale lancé frontalement face au complexe, contemplons les cendres des nuances. Mangeons la chaux. O Charogne si belle de maître Baudelaire, plie-toi face à l'oeuvre informe, fracturée et pourrie ; celle qui vint voire le stade ultime de l'escroquerie. La poudre aux yeux pour aveugle. Admire ce foetus, déversant sa pureté dans toutes les industries. Cette mitraille si fraîche, mystique. Ce fléau invincible. Et par pitié, marquons sur le front de nos petites têtes blondes "silence, ici, lieu de supplice, nous mourrons".

Meursault
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le 21 févr. 2014

Critique lue 470 fois

Meursault

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