Dragon Age II
5.5
Dragon Age II

Jeu de BioWare Corp et Electronic Arts (2011PC)

Sans rejoindre le camp rachitique des adorateurs du jeu, je me retourne contre certaines critiques exagérées voire mensongères.

Démarrons tout de suite par la conclusion. Comment ai-je trouvé le jeu de manière générale ? Plutôt agréable et addictif malgré une finition douteuse.

Beaucoup de personnes se sont emballées par comparaison au premier (syndrôme Arcania qui lui reste quand même très moyen) ou à cause de la finition déplorable du jeu. Mais peu l'ont vraiment regardé pour lui-même sans a priori sur ce qu'il devrait être. Voyons ce qu'il en est.


Dragon Age 2 est bel et bien mal fini

Commençons par cette évidence première qui suintait de tous les screens du jeu : Dragon Age est très mal fini avec des environnements qui se répètent et qui ont un goût de version pré-beta. A dire vrai, je m'attendais à pire en voyant les screenshots du jeu, à de la version alpha en fait.
Le jeu nage de fait dans une espèce de colorimétrie blanchâtre/grisâtre avec des décors qui donnent l'impression de ne pas avoir été remplis. Si la ville est passable, les sentiers (surtout le premier environnement du jeu) et grottes sont laids. Cette tendance commençait à se sentir dans Awakening.
Une autre preuve de la finition moisie est la réutilisation perpétuelle des mêmes décors pour les missions.

Parmis les autres aspects visuels, j'ai aussi noté que l'interface était assez vilaine et n'avait plus le cachet de celle de DAO en plus d'être moins ergonomique.


Le système de combat est presque le même

A propos du système de combat, j'ai eu du mal à comprendre les critiques exagérées voire mensongères des joueurs et de la presse. De fait, le système est le même que celui de DAO avec une pause et des tactiques. La seule différence vient de l'absence de vue tactique (pourquoi l'avoir retirée ? grand mystère...) et d'une gestion des coups et de l'espace un peu plus orientée action. Ainsi, quand on frappe les ennemis, si deux ennemis sont côté à côte, notre arme les touchera tous les deux. C'est ma foi plus réaliste.
Mais cette différence a-t-elle été fantasmée ? Non mais elle ne se situe pas au niveau du système de jeu en lui-même.
Soucieux de proposer une expérience plus spectaculaire dans la veine d'Awakening, Bioware a augmenté le nombre d'ennemis par combats. Mais, pour ne pas tous les mettre ne même temps, il les a faits apparaître par vagues qui spawn du néant. Ainsi, on est souvent amené à affronter des ennemis qui se font presque one shot. Le point positif de ce système est bien sûr le spectaculaire et la nécessité de gérer l'espace : bien capter les ennemis avec son tank est primordial. Le point négatif est un relatif dysfonctionnement des tactiques et une moindre importance du positionnement pré-combat puisqu'on ne prévoit souvent rien.
Quant à la difficulté, j'ai trouvé le jeu mieux équilibré que DAO. Les sorts cheatés comme boule de feu, foudre conductrice ou les talents abusés d'Awakening ont été nerfés. De même, la dextérité a vu son influence diminuer à l'inverse de la constitution.
En termes de difficulté absolue, je l'ai trouvé bien plus dur qu'Awakening et pas si éloigné que ça de DAO. Les boss sont coriaces et les personnages autres que tank peuvent prendre cher. Le temps de recharge des cataplasmes permet de faire bien plus attention à leur utilisation.
Au niveau de la customisation, j'ai trouvé les sorts de Dragon Age 2 plus nombreux et plus à même de construire certains archétypes comme le tank.

Quelle conclusion en tirer ? Dans l'absolu j'ai trouvé les combats de Dragon Age Origins mieux répartis et plus agréables mais Dragon Age 2 a quand même amélioré beaucoup de choses dans le système de jeu en lui-même.


La partie scénaristique, le point fort du jeu

Eh bien voilà, on y arrive enfin. Malgré ses défauts, il y a vraiment quelque chose de travaillé dans Dragon Age 2, sa partie scénaristique, es personnages et son système "social".

Premier changement d'envergure et pas des moindres, le personnage parle enfin. Si les rôlistes binoclards vont pleurer sur la perte du choix de race ou des scenarii origines, les autres salueront enfin la possibilité d'avoir un personnage qui n'est plus un santon sans personnalité et complètement décalé dans la mise en scène. Si le choix de l'origine était agréable, maintenant je dirais que le background du personnage ne se cantonne plus seulement à 1 h de jeu mais à toute la durée du titre qui raconte la destinée d'un héros sur 10 ans. Il n'est plus question ici d'être le chevalier sans nom allégorique qui sauve le monde mais bien Hawke, réfugié féreldien dans son ascension sociale.
En plus du caractère nominatif du scénario, on remarque les bénéfices d'un personnage plus cadré dans la mise en scène. Avant, il y avait clairement un décalage de mise en scène entre les persos qui interagissaient normalement et notre héros complètement raide avec lequel les interactions étaient complètement statiques.

Au niveau des dialogues, on sent que notre personnage a enfin davantage de piquant et que les relations sont moins binaires. Dans Dragon Age Origins, tous les dialogues étaient jugés par le personnage. Du genre, "je n'aime pas les choux fleurs", X désapprouve-Y (je caricature évidemment, il n'y avait pas ce dialogue dans le jeu mais pour des broutilles on était sans arrêt jugé). Dans la vraie vie, ce n'est pas parce qu'un mec va faire quelque chose de mineur que je vais perdre de l'estime pour lui.
Le ton sarcastique peut enfin être employé sans que les compagnons le prennent au premier degré. Par exemple, j'ai toujours été un peu frustré de ne pas pouvoir blaguer avec Alistair sans me faire rembarrer 9 fois sur 10 (alors que le personnage est sensé avoir un bon sens de l'humour...).
Un autre changement de taille est l'axe de perception de notre personnage. Dans Dragon Age 2, la jauge d'"appréciation" va d'ami à rival et non plus d'ami à ennemi. Si la différence peut paraître subtile, elle a de fait un grand impact sur le jeu. Finie la lèche pour être apprécié, maintenant il est tout à fait possible d'être rival à 100 % avec un personnage et d'être respecté par lui. Sans spoiler, c'est même un choix qui peut s'avérer meilleur que la lèche parce qu'il permet de rendre service à des gens qui foncent droit dans le mur. Ce système me semble bien plsu réaliste et intéressant que la lèche et l'avalanche de cadeau : on peut très bien être respecté dans la vie en disant ce que les gens ne voulaient pas entendre.

Avec ce changement vient aussi un comportement des alliés un peu moins passif et binaire. Les personnages ont davantage de personnalité dans la lignée d'Awakening et se parlent beaucoup plus pendant les phases d'exploration. On peut d'ailleurs les perdre beaucoup plus facilement que dans DAO du fait de conflits d'intérêt. J'ai fini le jeu avec plus que 3 compagnons pour ma part sans l'avoir fait exprès.

Pour en arriver au scénario du jeu, je pense que c'est le point fort de Dragon Age 2. Dans ce dernier on dit adieu aux trames dirigées dès l'origine vers un objectif (souvent tuer le boss de fin) au profit d'une fresque s'étalant sur 10 ans et racontant la vie d'un personnage dont l'avenir est inconnu. Comble de tout, l'histoire se déroulera dans une seule ville (avec quelques déplacements à l'extérieur mais ponctuels).

Rien que dans cette approche originale, Dragon Age 2 marque d'office des points. Fraîchement arrivé à Kirkwall de Lothering après avoir fui l'enclin, Hawke a fui l'enclin et est à la recherche d'un nouveau foyer. De la basseville, a titre de héros de Kirkwall, notre héros va devoir se faire un nom dans une ville en proie au chaos et à la souillure. Voilà comment on pourrait résumer le jeu sans spoiler.
Cette trame plus personnelle et politique est vraiment moins générique et manichéenne que DAO tout en s'inscrivant dans sa continuité puisqu'on ressentait déjà les troubles politiques et idéologiques entre les mages, templiers, qunaris, etc...
Le cantonnement à une ville permet de fait une peinture plus profonde. Au cours des différents évènements du jeu, on va découvrir les travers d'une ville rongée, son chaos, ses vices, ses tensions, etc... Sans spoiler, le jeu offre de beaux moments et vraiment des affrontements politiques loin d'être simples à régler.
La progression en 10 ans permet aussi un incroyable sentiment demontée en puissance et permettent de voir les conséquences de nos choix tout le long du jeu, de revoir des gens, des lieux, etc... Chaque allié a également un domicile où l'on pourra se rendre pour leur parler. Maintenant, on ne peut plus les questionner quand on veut mais les dialogues sont mieux répartis.


En conclusion, je répèterai que Dragon Age 2 est vraiment une aventure sympathique grâce à son scénario original et addictif. Les relations sociales plus fines, les persannages plus piquants, la trame originale, la peinture d'une ville en profondeur sont les atouts de ce Dragon Age 2. Même s'il est moins bien fini, bien moins détaillé (on voit que DAO est un jeu fait en 4 ans avec plein de petits détails) et a une moins bonne rejouabilité que son aîné, Dragon Age 2 est vraiment une bonne petite aventure. Si vous avez seulement aimé les combats, le côté RP des variations de la fin ou des origins ou la custo du premier, je vous le déconseille, sinon vous pouvez y aller. D'autres jeux comme Divinity II ne paient pas de mine mais sont pourtant bons.
Foulcher
7
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le 20 oct. 2012

Critique lue 946 fois

13 j'aime

Foulcher

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