Mi-ami



Il aura fallu attendre trois longues années pour que Dennaton Games réalise la suite d'Hotline Miami, un soft violent, punitif, addictif et frénétique comme on en voit si peut. Je ne vais pas trop m'attarder sur les fondamentaux de ce Wrong Number car ce sont les mêmes que ceux du 1er opus et de ce fait je vous renvoie à ma critique qui en parle avec énormément d'enthousiasme.


Hotline Miami compte parmi les jeux qui m'ont le plus marqué ces 10 dernières années. J'ai vraiment saigné ce jeu et tout concordait pour que j'y revienne régulièrement; un plaisir immédiat, du fun, une marge de progression en terme de skill et une O.S.T. fabuleuse incitant à entrer dans une transe meurtrière et décomplexée. Les deux petits gars de Dennaton Games ont bien compris ce qui a fait le succès du jeu en 2012 et ont naturellement opté pour une formule identique avec quelques menus ajustements.


La recette est donc la même; on lance une mission, on débarque dans une zone et on entame une vendetta sanglante et barbare où la moindre erreur nous oblige à reprendre depuis le début. Plus de chapitres, plus d'ennemis, plus d'armes, plus de personnages jouables dotés de compétences uniques, plus d'exécutions, plus de tracks sous acides, plus d'étages dans les niveaux; voilà qui résume les ajouts de ce second épisode. Il y a également une narration travaillée et fragmentée, mais j'y reviendrai plus tard.



Mi-ennemi



Mais le trop n'est-il pas l'ennemi du bien ? L'interrogation est légitime.


Qu'il y ait plus de niveaux, c'est une excellente chose. Mais en optant pour des niveaux plus vastes, surchargés d'ennemis en tout genre et pourvus de très nombreuses vitres, les développeurs ont considérablement changé la manière d'appréhender les zones. Le danger vient désormais de partout et, surtout, d'au-delà du champ de vision. Ainsi, en découvrant un niveau, il n'est pas rare de se faire sniper par un garde positionné à l'autre bout de la zone, qu'on ne pouvait pas voir et qui nous a aligné à travers une vitre.


Un peu frustrant.


Imposer des protagonistes aux propriétés singulières fait également naître une pointe de frustration car cela signe la fin du système des Masques qui permettait une totale personnalisation de notre manière d'aborder un niveau. Surtout que certaines capacités comme la roulade sont, de mon point de vue, relativement peu utiles. Enfin, le level design ouvert avec ses nombreuses vitres met les joueurs de "Tony" dans une position assez inconfortable car il est désormais peu évident de courir tête baissée au corps à corps. C'est possible, mais moins instinctif.


Finalement, lors du 1er run, la découverte d'un niveau se fait dans la douleur et nous contraint à avancer à tâtons, prudemment. Oui, je viens d'associer "prudemment" et "Hotline Mialmi" dans la même phrase...



Mis à mort



Pour toutes ces raisons, Hotline Miami 2 : Wrong Numer s'est fait un peu tailler à sa sortie. J'ai pu lire de nombreuses critiques, souvent sévères, qui faisaient état d'un esprit perdu, d'un level design raté, d'une difficulté excessive et gratuite, d'un plaisir de jeu disparu etc, etc,...


Je ne suis pas d'accord !


Bien sûr que les premiers pas dans une nouvelle zone se font dans la douleur. Bien sûr que ça fait rager de se faire éventrer par une cartouche de shotgun tirée à l'autre bout de la salle alors qu'on avait presque vidé le niveau de tout danger. Mais c'est ça l'esprit Die & Retry ! Mourir et recommencer. Recommencer et NE PLUS se faire allumer par le planqué derrière sa vitre car on a RETENU qu'il était là et on s'en méfie. C'est ça l'esprit Hotline Miami !


A lire les critiques négatives de certaines personnes, je m'interroge sur leur consommation du 1er opus. Probablement qu'elles ont roulé sur le jeu. Qu'elles ont bouclé toutes les missions en A+ et/ou S en 6h montre en main et ce dès leur première run. Qu'elles n'ont pas connu l'échec. Qu'elles n'ont pas passé plusieurs heures à peaufiner leur route dans un niveau pour exploiter le compteur combo à son maximum. Qu'elles n'ont pas martelé leur touche R....


Non, Hotline Miami 2 n'est pas plus difficile que le 1er. Il n'est pas non plus plus exigeant que son ainé. C'est la même philosophie. A partir du moment où on a une image mentale du niveau, qu'on sait combien il y a d'ennemis et où ils sont positionnés, le jeu redevient une fabuleuse fuite en avant jouissive et macabre où il est tout à fait possible d'obtenir un très bon score sans s'être arrêté une seule fois pour observer son environnement...


Personnellement je déplore uniquement la mise en retrait du corps à corps pur car pour emprunter cette voie il est souvent impératif d'utiliser à un moment donné une arme à feu pour attirer les ennemis. Mais il faut voir cela comme un bon procédé pour accroitre son doigté lors du switch d'arme mais également comme le meilleur moyen d'optimiser sa run en sachant quand changer d'arme. En somme, toute la science du Die & Retry sauce Hotline Miami.



Mi Amor



Vous l'aurez certainement déjà compris, j'ai aimé Hotline Miami 2.


Je n'ai pas parlé de la bande son car je n'ai pas les compétences pour décrire à quel point elle est magistrale. Si vous avez aimé celle du 1er, vous apprécierez tout autant, si ce n'est plus, celle de sa suite. D'autant plus que ces pistes sous acides font toujours des merveilles en pleine action et participent énormément au plaisir de jeu, elles en sont même indissociables.


Bref, je ne vais pas revenir sur ce qui faisait le charme du 1er épisode et qui, selon moi, fonctionne toujours aussi bien dans cette suite. Non, je vais plutôt m'attarder sur le point qui m'a le plus marqué et où je n'attendais absolument pas le jeu : La narration.


La narration du 1er était assez confuse et nébuleuse, notamment à cause de la présence de Biker. Après, la narration passait aussi par le visuel 80's fourmillant de détails glauques nous immergeant dans un Miami malsain et désincarné. C'est bien entendu toujours le cas ici et j'ai personnellement pris beaucoup de plaisir à parcourir cet univers mafieux où la drogue cotoie des cadavres baignant dans des bacs d'acide. Mais là où je veux en venir, c'est bel et bien à l'histoire.


En jouant à Hotline Miami, je pensais me trouver dans un univers "réel". Or la suite vient infirmer ce postulat puisqu'on comprend qu'on est en pleine fiction où la Guerre Froide a totalement dégénéré. Mais là où ça où devient vraiment brillant, c'est que Wrong Number complète à merveille les aventures de Jacket et nous apporte toutes les réponses aux questions laissées en suspens.


Ce qui suit spoile intégralement le scénario des deux Hotline Miami.
En préambule, je vous invite néanmoins à prendre connaissance de la chronologie des deux jeux.


Vous vous rappelez le vendeur barbu que Jacket rencontrait dans tous les commerces du 1er Hotline Miami ? C'est en fait Beard, le soldat qu'on contrôle dans les missions en 1985. Et le blond mutique que Beard sauve dans sa dernière mission, c'est Jacket ! La photo qu'il lui donne, prise par Evan, à la suite du sauvetage c'est celle que Jacket laisse s'envoler à la fin du 1er jeu. Il a vengé Beard en tuant le chef de la mafia Russe qu'il tient pour responsable de la mort de son ami puisque la Russie a lancé une bombe nucléaire sur Hawai où le barbu résidait...


J'ai également beaucoup aimé de revoir le personnage de Richter. C'était le masque de Rat dans le 1er. Il essaya d'assassiner Jacket mais ce dernier survécut et retrouva le Rat lors de la mission du commissariat. Ce que j'ai aimé chez Richter, c'est tout simplement ses missions qui rappellent beaucoup le level design plus cloisonné du 1er. Normal, il bossait pour l'organisation qui employait Jacket ! Son évasion de la prison est l'une de mes missions préférées, soit dit en passant.


J"ai également beaucoup aimé le scénario des 4 Fans qui s'entremêle à celui du commissaire Prado et du Fils du chef de la mafia qu'on tue dans le 1er.


De plus, si on y regarde bien, la plupart des personnages de Wrong Number sont tous inspirés par Jacket et sa quête de vengeance envers les Russes. Les fans veulent lui ressembler, Marvin, l'acteur de cinéma, se prend pour lui, Prado, qui est totalement schizophrène, veut connaître la même gloire que lui, Evan veut écrire une histoire sur lui, et enfin Richter et Jake exécutaient le même genre de missions que lui. D'ailleurs en parlant de Jake, on peut retrouver son cadavre dans un des niveaux du 1er Hotline Miami.


Enfin, niveau background, on comprend à la fin que le colonel frappadingue des missions de 1985, avec sa tête de léopard fraîchement décapitée en guise de masque, est derrière l'assassinat des présidents américain et russe...ce qui déclenche une attaque nucléaire massive sur les Etats-Unis. Nous sommes donc en pleine 3e guerre mondiale car la guerre froide a totalement dégénéré.


Et pour toutes ces raison, je trouve le scénario vraiment réussi !


Hotline Miami 2 est moins marquant que son prédécesseur car il n'y a plus l'effet de surprise. Il n'empêche que c'est une suite de qualité, riche, déjantée, toujours aussi jouissive et hautement immersive si on prête attention aux détails. Sans oublier qu'un mode Hard, qui porte parfaitement son nom, vient ajouter de la durée de la vie pour les joueurs recherchant du gros challenge velu.


Bref, ami(e)s de la violence et de la décadence, vous auriez tort de passer à coté de ce Hotline Miami 2 !

MarlBourreau
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le 18 juil. 2015

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MarlBourreau

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