On est venu, on a vu, il l'a eu dans le cube.
Jour 1 :
C'est avec un mélange de fascination et de répulsion que je toise le panorama qui s'offre à mon regard circonspect. Des cubes à perte de vue, des collines rebondies et des escarpements à angle droit, la berge à quelques foulées et des grappes touffues de bosquets aux feuillages cubiques dont la canopée géométrique caresse un ciel parfaitement dégagé.
Livré à moi-même dans cet Éden de pixels inexplorés, je commence à me balader un peu, à sautiller de collines en forêts et de forêts en plages. Je fais quelques trous, coupe quelques arbres et trucide quelques bestioles, avec la sensation diffuse de tourner en rond.
Nuit 1 :
Le crépuscule est arrivé plus vite que prévu et je m'achemine vers la grotte que j'avais repérée, fort des mises en gardes d'un camarade mineur au sujet des risques de zombis. "Risque" de zombis ? Tu parles ! A peine quelques minutes au-delà de la tombée de la nuit, la plage est infestée de cadavres ambulants et d'araignées géantes et je boitille misérablement vers mon abri après m'être fait quasiment massacrer par cette faune enragée.
Ma grotte n'est pas bien difficile à sceller, un bloc suffit pour m'isoler des terreurs nocturnes mais leurs grognements et sifflements abominables me hanteront jusqu'à l'aube. Il règne dans mon caveau une obscurité presque opaque que je n'ai rien pour percer, n'ayant ni le charbon ni l'expertise pour en faire quoi que ce soit. Alors à défaut de trouver un intérêt au minage en aveugle, je reste planté dans ma grotte en attendant les premières lueurs du jour.
Nuit 1 - Quelques minutes plus tard :
Euh... c'est long, une nuit, quand on a rien à faire. Je tourne un peu en rond, je tente une sortie au milieu des cadavéreux et manque me faire atomiser par un zombi kamikaze, le temps de me faire agresser par trois tarentules géantes avides de chair cubique. Retour à la grotte.
Jour 2 :
Quelques araignées rôdent encore dans les parages mais les mort-vivants se sont dispersés. Je décide vaillamment de partir à l'aventure et à force de marche, finit par découvrir un paysage enneigé, qui m'arrache un bref "Oh" d'agréable surprise.
J'entame un génocide de sapins pour me bâtir une petite cabane et survivre à la prochaine nuit. Bilan :
- C'est vite chiant, de taper dans des arbres, et c'est long, aussi.
- C'est assez rapide de se construire un truc, et pas bien passionnant non plus. Je dois avoir 2x2 d'espace vivable mais je n'ai pas besoin de plus pour rester planté comme un con dans le noir, après tout.
Nuit 2 :
Je reste planté comme un con dans le noir. Hey, c'est mieux en faisant autre chose en même temps.
J'ai la désagréable impression qu'un jour 3 ne m'apporterait pas grand chose de plus, si ce n'est de l'ennui. Rien de détestable ou de traumatisant, d'autant plus que je comprends assez bien qu'on trouve son compte dans l'exploration aléatoire et la construction d'infrastructures cosmétiques mais ça ne m'a pas motivé.
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Minecraft est assez moche, mais ça ne m'a pas dérangé. J'étais plus gêné par les problèmes d'optimisation qui rendait le jeu rapidement poussif, sur une machine qui balance de l'UE3 à 50 fps.
Pour la catégorie de joueurs dont je fais partie, Minecraft manque d'enjeux, de challenge et de narration. On ne sait pas trop ce qu'on fait là, on a pas vraiment de raison de construire (une brique suffit à se protéger) et ça ne raconte rien.
Minecraft manque aussi cruellement d'explications, mais c'est sûrement lié à son statut de Beta. En l'état, il est difficile d'improviser le moindre 'crafting' à moins d'y aller à l'aveuglette et d'être chanceux. Beaucoup de joueurs ont recours aux wiki et autres documentations externes.
Malgré tout, il faut jouer à Minecraft. Même si on s'attend à ne pas aimer, car c'est devenu un phénomène internet assez monstrueux, avec énormément de vidéos, d'hommages, de parodies, de machimina très drôles, et rien que pour en profiter (ou pour éviter de passer pour un inculte), il est bon de connaitre les bases du gameplay.
Note : N'ayant joué à Minecraft qu'une heure, je ne me sens pas en mesure de réellement le noter. Je lui mets donc une note intermédiaire dans la tranche "Je n'aime pas".