Depuis le début de cette génération, un constat est sans appel : le J-RPG à l’ancienne a laissé place à des jeux bien plus dynamiques, scriptés, et moins axés sur la découverte d’un monde virtuel gigantesque. Ce Ni no Kuni peut être résumé en une simple phrase, aussi concise que complète : c’est la réponse à cette plainte.

Si vous n’aimez pas le J-RPG old school, disons-le franchement, vous allez détester ce nouveau produit de Level-5. Que ce soit dans la construction, que ce soit dans le levelling, ou même encore dans les différentes fonctionnalités annexes, tout rappelle complètement des titres à l’ancienne comme des Dragon Quest VIII ou autres Final Fantasy d’un autre temps. La world map, l’alchimie, les moyens de transport qu’on débloque au fil de l’aventure, les quêtes annexes à foison, les villes diverses et variées … tout y passe, pour le plus grand plaisir des nostalgiques en herbe.

Pas d’inquiétudes cependant, il n’empêche qu’il s’agit bien d’un jeu de 2013, et ça se ressent, ça se ressent déjà dans la patte artistique bien plus belle que dans la démo, avec des effets de lumières magnifiques, avec des panoramas aussi variés que sidérants, ou encore avec ce côté cell-shading qui fait complètement le boulot. A côté de ça, les musiques symphoniques enchantent les oreilles (surtout le thème de la world map), malgré quelques morceaux qui m’ont semblés un peu trop classiques, un peu trop « coucou je suis un morceau qu’on pourrait entendre dans n’importe quel jeu de rôle japonais » (je pense en particulier à la musique de victoire à la fin des batailles).

Les combats, justement, sont loin d’être aussi pénibles que ce qu’on peut lire ici et là. En fait, le jeu lui-même est un piège géant, et j’avoue qu’il m’a fallu du temps pour en voir l’astuce. Contrairement aux apparences, non, il ne s’agit pas d’un action-RPG, mais bel et bien d’un jeu à l’ancienne avec du tour par tour déguisé sous un manteau de dynamisme aussi trompeur que charmeur. Du coup, il est normal de se faire toucher, il est normal de devoir attendre … c’est juste du tour par tour camouflé, ni plus ni moins. Et si les combats contre les monstres de base peuvent finir par peser un peu, c’est surtout contre les boss que le système de jeu prend son envol et montre tout ce qu’il a dans le ventre. C’est épique, nerveux, et contrairement à d’autres jeux du genre, l’attention du joueur est requise à tout instant pour vaincre ces ennemis parfois franchement impressionnants.

Le système de familiers façon Pokémon est plutôt sympathique, même si je reproche au jeu de ne pas réussir à nous donner envie de prendre le risque d’en essayer de nouveaux. La grosse majorité a l’air nulle et sans intérêts, et au final je pense que la plupart des joueurs (dont moi) finirons le jeu avec au minimum 3 familiers qu’on obtient dès le début. La faute a une puissance probablement trop camouflée, qui fait qu’on a pas envie de se réinvestir dans un nouveau monstre après avoir passé du temps à s’occuper d’un autre.

Pour ce qui est du scénario, je dirais qu’il y a du bon et du moins réussi. Le plus gros succès réside probablement dans le fait que ce n’est jamais niais, mais plutôt touchant. Et rien que ça, pour un RPG japonais avec des enfants, c’est un exploit en soi. Par contre je ne suis pas hyper client de la fin, un peu attendue et un peu trop gentillette, alors que les rebondissements de la dernière partie prouvaient que les développeurs étaient capables de surprendre. Un peu dommage. Enfin, je terminerais en disant qu'il est franchement regrettable que seule une infime poignée de dialogue soit doublée, et que les fameuses cinématiques de Ghibli tant vantées soient aussi peu nombreuses.

Au final ce Ni no Kuni remplit son office : j’ai retrouvé ce sentiment d’avoir vécu un grand voyage propre aux RPG à l’ancienne, j’ai retrouvé ce plaisir de découvrir tout un monde virtuel en compagnie d’un enfant touchant et pas idiot, j’ai aimé la poésie qui se dégage de chaque tableau, et même si le côté old-school amène des clichés attendus et quelques lourdeurs dans la trame principale, ce fut malgré tout une belle aventure d’une quarantaine d’heures, qui sait mettre le sourire et même émouvoir quand il le faut. A vous qui vouliez un J-RPG à l’ancienne, votre attente ne fut pas vaine !
Bunzer

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