Ace Attorney, jeu culte pour beaucoup, et qui le mérite grâce à ses dialogues parfaitement exécutés, ses procès passionnants et bien construits, ses phases d'enquêtes à couper le souffle...


OBJECTION !


Phoenix Wright est-il si génial qu'on ose le dire ? Ou n'est-ce qu'une simple adaptation vidéoludique de l'émission Gulli "Prouve-le" ?



Abso-posi-lument



Venons sur le point le plus important du jeu, puisqu'il est composé à 99,9% de cela : les dialogues. Ils sont nombreux. Très nombreux. Pour vous rassurer, ils sont plutôt bien écrits et surtout bien mis en scène, grâce aux animations des personnages toutes plus loufoques les unes que les autres. Mais après plus de 35 heures de jeu (oui, c'est bien le temps que j'ai passé sur le jeu, on y reviendra après), on sent comme une certaine lassitude. C'est long. C'est lourd. Vers la fin, on commence à bourriner les boutons et l'écran pour passer les dialogues plus vites. C'est un jeu excessivement verbeux, bien trop à mon goût, qui se perd dans des longueurs superfétatoires, et cela se ressent surtout dans la dernière partie.


Par ailleurs, le jeu a été intégralement traduit en français (et dans plein d'autres langues européennes), et il faut savoir que nos traducteurs se sont particulièrement lâchés. Notamment sur les jeux de mots faits sur le nom des personnages (Flavie Eïchouette, Eva Cozésouci), c'est... spécial. Même les personnages principaux ont des noms francisés (Benjamin Hunter s'appelle en fait Miles Edgeworth en VO, nom certes particulièrement imprononçable dans la langue de Molière). Et pire, pour perdre encore plus les joueurs, le jeu fait mine de se passer en France : les personnages se disent français, et même un certain personnage a l'accent marseillais, "bonne mère". Au point où l'on ne comprend même pas où se passe réellement l'histoire, mais ça n'a peut-être que peu d'importance. Alors ce n'est certainement pas un mal en soi, les traducteurs ont vraiment tout fait pour transposer tout un tas de jeux de mot et de références pour la populace française, et c'est en soi plutôt sympa. Après quid des véritables différences avec les autres versions ?



La constante d'avocat drôle



Passons au scénario en tant que tel. Nous incarnons donc un avocat, et qui dit simulation d'avocat, dit retournement de situation à la pelle, personnages charismatiques, écriture de qualité... enfin ça c'est sur le papier, c'est plus compliqué dans la pratique. Il est malheureusement parfois difficilement crédible, les situations sont parfois grossières, les coïncidences difficiles à avaler. En l'occurrence, quand on contredit un témoignage 4 fois d'affilé, les témoins arrivent toujours à inventer une autre histoire qui n'a aucun rapport avec ses précédents discours, mais non, tout le monde y croit, c'est débile. Exemple au pif : un témoin qui dit n'avoir pas vu le nom du suspect sur un morceau de vase car il faisait trop sombre, mais qui juste après dit qu'il avait une lampe-torche pour voir les morceaux. Soyez cohérent un minimum quoi. A noté aussi quelques lacunes au niveau de l'émotion : quand certains personnages meurent, c'est limite si tout le monde s'en fout.



Phoenix Wrong



C'est le genre de jeu où quand tu veux dire noir, Phoenix va répondre blanc. On a un certain niveau de liberté illusoire, où on te fait croire à une liste de choix, mais qui sont tous les mêmes au final, et ne reflète pas toujours la réponse attendue. Les phases d'enquêtes sont parfois rébarbatives, il faut faire des demi-tours incessants, et quand on n'a pas fait l'action ou trouver l'objet avec lequel interagir, bah on tourne en rond sans savoir quoi faire, et c'est chiant (surtout valable pour la dernière enquête, et aussi la troisième).


Mais ne vous inquiétez, les phases de procès, quant à elles, sont toutes aussi vicieuses et frustrantes, notamment lors de la dernière enquête, où nous aurons à notre actif une trentaine de preuves à trier, chouette. Ce qui donne des absurdités tel que des refus de montrage de preuve, parce tout simplement le jeu a décidé que ce n'était pas la bonne phrase à objectionner, ou que ce n'était pas la bonne preuve. Je dis bien que le jeu décide, car il a tort. Pour lui, il n'y a QU'UNE SEULE preuve qui peut objectionner QU'UNE SEULE phrase. Le problème, c'est que dans les faits, ce n'est pas le cas. Parfois plusieurs preuves se rejoignent et peuvent prouver la même chose, ou avec différentes phrases. Mais je dois dire que j'ai fait pratiquement tout le jeu sans soluce. La seule partie où je l'ai utilisé, c'est pour l'enquête supplémentaire ajouté après un premier générique de fin (où tu te dis ouf, c'est enfin fini, car oui, c'était un peu longuet comme même). Sauf qu'une dernière enquête exclusive à la version DS se lance. Vous apprendrez par la suite à vos dépends que c'est en fait la plus difficile, la plus longue, et a fortiori la plus chiante, ce qui permet par ailleurs de bien plomber la note que je lui mets, il aurait eu un point de plus facile sans cette enquête au rythme complètement à la ramasse. Mais elle a le mérite d’introduire de nouvelles mécaniques, comme les preuves visualisables en 3D, en particulièrement pixelisé certes.


Bref, un concept un peu casse-gueule, mais plutôt bien mené, on lui regrettera tout de même ses quelques longueurs. On lui retiendra surtout ses dialogues et ses animations assez drôles, le tout superbement accompagné par une OST resplendissante, qui rythme parfaitement les procès en y ajustant la pression et le suspense, un plaisir de réécouter certaines pistes.

Tiflorg
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le 27 nov. 2016

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