Saint Row est un GTA-like taillé pour un trip West-coast. Je ne suis fan ni de l'un ni de l'autre, mais dès le prologue, le mix entre l'intro de Star Wars et la musique de l'Odyssée de l'Espace (oui oui) hurle en étalant ses salades que ça n'a rien d'obligatoire.
Ipso facto, en ne mettant pas les radios qui s'y prêtent lorsqu'on baguenaude au volant (et elles sont loin d'être majoritaires) et en choisissant un autre style vestimentaire pour son avatar (qui permet de faire des choses vraiment intéressantes, en particulier au niveau des persos féminins), on peut complètement laisser ce trip west-coast dans un monde parallèle et aller s'habiller comme une peluche géante, piquer une moto et écraser des gens en écoutant la marche des Valkyries, pour s'arrêter et tabasser les survivants avec un gode violet démesuré. Ouaip. Saint Row The Third, c'est surtout ça. GTA-like? Check. Trip Gangsta west coast? Check. Mais on a l'impression que ce dernier élément n'est présent que parce qu'il se trouvait dans le cahier des cahrges, le reste partant sans arrêt dans le n'importe quoi rigolard souvent complètement crétin (ou graveleux, ou les deux) malgré les débuts dramatiques d'une histoire de vengeance entremêlée de guerre de gang qui vaut plus pour ses missions absurdes, ses cutscenes souvent drôles et ses personnages barrés aux punchlines débiles, mais aux dialogues curieusement bien écrits.
Le jeu est découpé en deux phases: des missions qui font avancer l'histoire, dont les premières (une fois arrivé à Steelport où se concentre l'essentiel du jeu) font office de tutorial pour enseigner les mécaniques fondamentales du jeu, et et free-roaming pour la masse de missions secondaires souvent assez drôles et/ou loufoques, dont la réussite procure argent et contrôle; ce dernier définit le contrôle que vous avez sur la ville, et influe sur les membres de votre gang que vous allez rencontrer dans la rue et l'argent que vous gagnerez, permettant d'upgrader votre perso et ses équipements (oui oui, comme dans un RPG).
Les missions secondaires sont divisées par types, et leur intérêt variable n'entrave pas la recherche pour en faire quelque chose d'intéressant: le "va là-bas, tue tout le monde" constituant une minorité. Les missions principales, en revanche, sont souvent plus bourrines (avec des sensations de shoot satisfaisantes), régulièrement fournies en cutscenes plus ou moins bien fichues mais se vautrant dans le portnawak jubilatoire d'un film d'action décérébré dont le seul mot d'ordre est de garder un minimum de sérieux avec des gens qui se flinguent et des trucs qui explosent, tout en versant allègement dans la débilité ricanante.
Et quand on croit avoir tout vu, qu'on se dit qu'on approche de la fin, tout à coup, des VTOL de Starcraft sur un porte-avion, un délire Tron avec un boss qui n'a rien à envier à une invoc de Final Fantasy et une zombie apocalypse. Et j'ai même pas parlé du tigre sur le siège arrière, ni de l'arme qui nous vient tout droit de District 9.
Au fil de la progression, on acquiert différentes planques, et on débloque l'accès à différents types de véhicules (air/terre/mer), offrant une variation de panorama (entre le moment où on survole la ville en hélico et celui où on saute pour faire du base-jump, mettons) assez appréciable. Certains de ces bastions sont améliorables, tout comme les membres de notre gang qu'on croisera dans la rue, mais ces options sont assez limitées (et on ne peut pas se débarrasser de ce violet horrible). En revanche, outre de piquer des véhicules à tout va, on peut aussi appeler un copain pour nous amener quelque chose qu'on a en stock dans le garage; et ça c'est cool.
Cela dit, malgré le trip jouissif qu'il constitue, Saint Row est nanti de quelques défauts: des missions aléatoires de survies qui passent de limite infaisables à ridiculement faciles quand on se rapproche de la fin (et d'un perso invincible), le comportement des flics est au mieux erratique; frôlez-en un, il vous tirera à vue; à fond en sens inverse et train de percuter des caisses, pas de problème. Mais au moins, vous n'êtes pas les seuls dangers publics présents en ville: les gens conduisent comme des tarés, ce qui explique peut-être l'absence d'un mode de course.
Reste un défouloir d'action rigolard portnawak (qui vous permet d'incarner un perso féminin vraiment badass) bourré de trucs débiles d'un mauvais goût consommé et assumé.