Des vidéos avec des gens qui s’amusent à couper les circuits intégrés de la cartouche du jeu. Des 3, des 2 voire des 1/10 sur senscritique pour une moyenne globale de 3,5. Considéré comme l’un des pires jeux de l’Histoire par certains médias comme le mensuel Game Informer. Vu comme ça, Shaq Fu n’a rien d’engageant. Voilà qui me surprend un peu quand même, puisque de ce jeu, j’en garde plutôt des bons souvenirs. D’ailleurs, à l’époque je m’étais laissé convaincre de l’acheter par les tests plutôt positifs de revues comme Console+ (89 %) et Joypad (90%). Alors qu’en est-il vraiment ?


La principale singularité de ce jeu, c’est bien évidemment la présence de Shaquille O’Neal. Dans un jeu de basket ce serait logique, mais dans un jeu de baston, c’est déjà plus surprenant. Alors oui, le scénario était bidon et servait avant tout à justifier la présence du célèbre basketteur au casting, mais en même temps qui se soucie réellement du scénario dans un jeu de baston ? Les autres jeux phares de l’époque comme Street Fighter ou Mortal Kombat ne faisaient pas beaucoup mieux à ce niveau et si on est à la recherche d’un scénario de qualité, on se tourne vers d’autres titres. Mais revenons-en à l’histoire de Shaq Fu. En gros, Shaq se trouve à Tokyo pour un match de basket. Il se perd dans les rues de la ville et se retrouve dans un dojo d’arts martiaux. Là, un vieux bonhomme lui explique qu’il est l’élu et voilà notre basketteur catapulté dans un monde parallèle pour sauver un dénommé Nezu. C’est ainsi que débute le mode story du jeu. Le joueur doit alors parcourir une carte pour choisir qui il va combattre jusqu’à l’affrontement final contre le boss. Petit souci, dans le mode story, on ne pouvait à priori que jouer avec Shaquille O’Neal, ce qui je pense a renforcé l’image négative du jeu. Sauf qu’avec des cheats codes, on pouvait parcourir le mode story avec le personnage de son choix ! C’est ça aussi le jeu vidéo dans les années 80 et 90. Du coup, même si je reconnais que l’idée de faire un jeu de combat avec Shaquille est tout sauf l’idée du siècle, il n’était finalement à mes yeux qu’un personnage parmi les autres, là où certains n’ont peut être vu qu’un mauvais jeu de baston totalement à l’effigie d’une star qui n’avait rien à faire là.


En dehors du mode story, on retrouvait les modes de jeu habituel avec bien évidemment la possibilité de jouer à deux l’un contre l’autre. On avait le choix entre une douzaine de personnages, du moins sur Megadrive puisque le casting de la version Super Nes s’est vu amputer de quelques éléments. Douze, pour l’époque, c’est honnête. Toutefois, il est vrai que les personnages manquaient globalement de charisme et le côté fourre-tout (un basketteur, une momie, un cyborg, un maître chinois, une femme chat, etc) n’a sans doute pas aidé le jeu à se rendre populaire ou du moins à se trouver une véritable identité.
Une fois le combat lancé, la première chose qui saute aux yeux, c’est la qualité de la réalisation. Comment peut-on affirmer que ce jeu est mal fichu ? On peut pester contre la taille ridicule des sprites, mais en dehors de ça, c’est du bon boulot. Les décors par exemple sont plutôt réussis. Agrémentés de petites animations, ils s’étalent sur plusieurs plans ce qui donne un effet de profondeur. Mais ce qui m’avait le plus impressionné dans ce jeu, c’était la qualité des animations. Les personnages bougent bien et c’est fluide, un vrai travail d’orfèvre. Rien d’étonnant à cela puisque l’équipe qui se cache derrière la réalisation de ce jeu n’est autre que Delphine Software, à qui on doit par exemple Flashback, jeu réputé lui aussi pour la qualité des ses animations (entre autres). Hé oui, Shaq Fu est un jeu français. Mais alors, que vient faire Shaquille O’Neal dans cette galère ? Pour ça, il faut sans doute remercier les grands pontes d’Electronic Arts, toujours à la recherche de mauvaises idées pour se faire un maximum de thunes.
Puis vient le moment de prendre la manette en main. Et là, c’est le drame. Ou pas. Dans les années 90, Capcom et SNK sont les maîtres de la castagne. Or, Shaq Fu, première expérience en la matière du studio français ne pouvait être que très différent dans son gameplay des productions japonaises qui sont à l’origine des jeux d’arcade. La façon de se battre, le rythme, les manipulations à faire ne sont tout simplement pas les mêmes. Oui, le gameplay du jeu à des défauts. La petitesse des sprites et les quelques problèmes de collisions donnent parfois l’impression que le jeu manque de précision. Autre problème, les combattants peuvent faire des sauts disproportionnés dans tous les sens et comme ils manquent d’allonge à cause de leur petite taille, on peut se retrouver avec des affrontements où les joueurs passent leur temps à sauter l’un autour de l’autre sans jamais se toucher. Mais le gameplay de Shaq Fu ne peut se résumer à ses défauts. A mes yeux, il a aussi des qualités. Par exemple, comme le jeu est plus lent et qu’il y a plus d’inertie dans le déplacement des personnages, le joueur est obligé d’anticiper et de gérer au mieux le timing de ses attaques. Le bourrinage n’a pas ici sa place. Il y avait également quelques subtilités, avec la présence d’une barre de furie se remplissant au fur et à mesure que l’on prend des coups et avec deux systèmes de garde : une garde contre les attaques physiques et une garde contre les attaques magiques. De mémoire, il me semble également qu’on pouvait attraper et projeter son adversaire, l’assommer et même le frapper au sol. La barre d’énergie quant à elle pouvait remonter si on s’arrangeait pour ne pas prendre de coups pendant un certains laps de temps. Bref, il y avait quand même de quoi faire, à condition encore une fois d’adhérer au style. Pour ce qui de la difficulté à sortir les coups spéciaux, là, franchement, je ne sais pas trop quoi répondre. Je n’ai jamais eu de difficultés à les exécuter et pourtant, je suis pas particulièrement un as du jeu de baston.


Pour conclure, et au-delà de l’aspect marketing du jeu, je pense que le désamour dont souffre Shaq Fu s’explique par sa différence. Je ne sais pas si on peut parler ici de French Touch mais ce qui est certain c’est qu’on est loin des productions japonaises qui font en général office de référence du genre. Pour la plupart des gens, un bon jeu de baston, c’est sans doute un jeu avec des sprites énormes, de l’action frénétique et des combos à n’en plus finir. Rien de tout cela ici. Du coup, je comprends qu’on puisse ne pas l’aimer. Mais je voulais non-pas remettre les pendules à l’heure, mais au moins apporter un avis différent sur un jeu que je ne pense pas être le seul à avoir apprécié à l’époque. En tout cas, ce n’est pas la bouse ultime comme on veut bien le faire croire, ce jeu a des qualités et il existe bien plus mauvais.

ashram974
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le 28 févr. 2014

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