Suikoden II
8.4
Suikoden II

Jeu de KCET et Konami (1998PlayStation)

Le premier Suikoden, en dépit d'une technique dépassée et indigne de la console, avait su surprendre son monde avec son histoire, son gameplay ses 108 personnages à trouver entre autres. Je pourrais résumer cette critique en «  si vous avez aimé le premier, vous adorerez le second » mais cela ne donnerait aucunement une explication du pourquoi du comment .
Je rappelle que Suikoden est inspiré par un roman classique chinois, intitulé Au Bord de l'eau ( cf critique du premier jeu pour plus de détails à ce niveau). Personne ne s'attendait à ce que Konami fasse un deuxième épisode de ce RPG. Pourtant, il a fini par arriver. Alors Suikoden II, simple clone ou suite digne de ce nom ? Réponse dans les lignes qui suivent.

Suikoden II se passe trois ans après les événements du premier volet : L'Empire de la Lune Ecarlate n'est plus, et est devenu la République de Toran, avec Lepant, personnage jouable du premier jeu, qui en a été élu président. Dans le jeu, des escarmouches frontalières étaient évoquées avec les Cités-Etats de Jownston, et le Northern Checkpoint faisant office de frontière a donné lieu à une bataille mémorable.
C'est précisément dans cette région que se passe le deuxième jeu. Nous sommes donc un peu plus au nord, et cette fois ci, vous incarnez le fils adoptif de Genkakku qui s'est engagé dans la Brigade Licorne ( celle des jeunes) de Highland, votre patrie. Un traité de paix a été signé avec les Cités États, et vous vous réjouissez, avec votre meilleur ami Jowy, de pouvoir rentrer chez vous et de revoir Nanami, votre sœur adoptive. Malheureusement, une attaque a lieu dans la nuit, vous êtes contraint de fuir. Votre supérieur, Rowd, vous explique que l'Alliance a attaqué le camp et donc rompu le traité de paix. Il vous ordonne de vous enfuir dans la forêt. Jowy ayant un gros doute et redoutant une embuscade de l'ennemi, décide de faire demi-tour et d'en informer le chef. Mais quelle n'est pas la surprise des deux garçons de voir qu'en réalité, l'attaque avait été fomentée par Highland, avec la bénédiction du Prince héritier Lucca Blight venu en personne constater la « réussite » de ce coup monté ! Contraints de fuir, les deux garçons se retrouvent vite bloqués en haut d'une falaise. Ils n'ont d'autre choix que de sauter. Auparavant, ils font le serment que quoiqu'il advienne, ils se retrouveront ici. Se faire trahir dans les 5 premières minutes de jeu, je n'avais encore jamais vu ça. Il démarre fort, ce jeu...
Vous êtes sauvé par une vieille connaissance du premier épisode : En Effet, Viktor vous a vu et est venu voir. Flik ne tarde pas à se montrer non plus. Les deux mercenaires tiennent un fort dans la région Est de Muse. Vous êtes faits prisonnier et devrez travailler pour la communauté. Jowy ne tardera pas à vous retrouver. Mais le retour au pays ne va pas se passer comme prévu, et une fois de plus, vous êtes contraints de fuir. Nos deux héros ne se doutent pas encore que leurs chemins devront de nouveau se séparer bientôt...

Dit comme ça, ça paraît simple, mais les tenants et aboutissants du scénario sont tellement complexes que je ne peux pas vous en dire plus ans vous spoiler l'intrigue. La rune qui sera au centre de l'intrigue, parmi les « 27 Vraies Runes » est la Rune du Début, dont les deux garçons auront chacun une moitié. Le trio qui sera constamment mis en avant dans le jeu se compose comme de suit :

Le héros ( nom officiel : Riou) : Fils adoptif de Genkakku, il vivait à Kyaro et pratiquait les arts martiaux de son père. Il est muet, étant donné que c'est un peu vous-même, même si vous pourrez choisir différents choix de réponses aux questions posées sans pour autant faire stagner l'histoire. Certains choix seront d’ailleurs déterminants. Il héritera de la rune Bouclier lumineux, aux pouvoir guérisseurs et protecteurs, une des deux faces de la Rune du Début.

Jowy Atréides : fils aîné issu d'une famille riche, il vivait aussi à Kyaro. Meilleur ami du héros, il a intégré avec lui l’armée de Highland. Les deux devinrent inséparables. C'est un personnage très travaillé. Jowy se demandera toujours quelle route emprunter pour atteindre son idéal. Il héritera de la deuxième face de la Rune du Début, la rune Épée Noire, aux pouvoir offensifs.

Nanami : sœur adoptive du héros et également fille adoptive de Genkakku, Nanami vous surprendra par son caractère enjoué et chaleureux, parfois agaçante mais tellement attachante qu'on ne peut que l'aimer. Elle veillera le plus possible à ce qu'il n'arrive rien à notre héros. De plus c'est une combattante largement valable.

De l’autre côté le casting de méchants a lui aussi été développé. Si le roi de Highland a des velléités de conquête, son fils, le prince hériter Luca Blight, sera votre adversaire principal . Cet homme est une brute sanguinaire qui ne vit que pour conquérir les nations voisines et tuer tous ceux qui lui résistent, après avoir fait subir aux gens les pires outrages, en ayant par exemple brûlé entièrement leur lieu de vie. Luca est complètement fou qui ne connaît que la loi du plus fort, et prêt à tout pour parvenir à ses fins.
Il sera aidé par ses différents généraux d'armée, que sont Culgan, Seed, Soloon-Jhee qui vous opposeront une résistance lors de certaines batailles.
On retrouve assez tôt dans le jeu une vieille connaissance du premier jeu. Ça commence par N...

Suikoden II s'appuie sur le système mis en place pour le premier opus concernant ses principes et mécanismes de jeu. Vous devenez chef de l'armée de Libération contre l'invasion de Highland, et devrez trouver les 108 étoiles de la destinée, et votre QG s'agrandira au fur et à mesure. On retrouve d'ailleurs certaines connaissances du premier, histoire de garder un lien avec celui-ci.
Le monde de Suikoden II est toujours situé en majeure partie autour d'un lac, le lac Dunan, ce qui rend la conquête de toute la nation des cités-états assez difficiles. Il y a de nombreux villages, des villes, et la capitale de cette région est Muse. Bien entendu, tout personnage n'étant pas hostile et dont l'artwork s'affiche au dessus du nom est potentiellement à recruter. Mais cette fois, les programmeurs ont encore plus corsé la quête. Certains ne viendront que si vous les battez en duel, par exemple. D'autres seront bien cachés et vous pouvez en manquer.

Concernant le système de combat, le jeu reprend les trois systèmes présents dans le précédent :
Les batailles rangées sur la carte du monde ou des donjons ont toujours lieu par groupe de 6 personnages. Ils sont évidemment à placer en fonction de la portée de leur arme, mais aussi de leur résistance : les armes de courte-portée ( S) ne permettent que d'atteindre les adversaires au premier rang, et les personnages doivent être placés en première ligne. Celles de type M ( moyenne portée) sont polyvalentes : en avant, ils peuvent atteindre les deux rangs adverses. Placés à l'arrière, ils pourront frapper le premier rang. Enfin les armes à Longue portée permettent d'atteindre les deux rangs adverses, mais vu la constitution de ceux qui possèdent de telles armes, il n'est pas conseillé de les exposer.
Ces rencontres sont aléatoires bien entendu, et lorsqu'un combat est engagé, vous avez plusieurs choix possibles : engager le combat, fuir ou laisser partir ( tout dépend du niveau), soudoyer l'adversaire avec l'option pot-de-vin, ou laisser l'ordinateur se charger de tout. Une fois de plus, cette option n'est pas recommandée, la console utilisant le plus souvent les coups de base.
Si vous choisissez de combattre, vous pouvez attaquer à l'arme, utiliser une magie grâce aux runes, vous défendre , choisir un objet dans l'inventaire ou faire une union de combattant ( cela pouvant englober tout le groupe) si c'est possible.
Je reviens sur le système de runes : dans le premier jeu, il n'était possible d'en avoir seulement une seule par personnage. Dans Suiko II, vous pourrez en mettre jusqu'à trois par personnage, avec trois emplacements possibles : la tête, la main droite, et la main gauche. Cela n'altère pas le fait d'avoir une arme. Le système est idéal pour faire des personnage polyvalents, le nombre de magies disponibles augmentant avec le niveau.
A la fin de ces combats, vous gagnez argent et XP. L'écran de fin de combat est différent et tous les personnages sont représentés en même temps. Évidemment, le jeu reprend le système ingénieux du premier, c'est à dire qu'un personnage en retard pourra être au même niveau que ses camarades en quelques combats.
Les deuxièmes batailles sont les duels. Cette fois, ils seront plus nombreux que dans le premier, mais le principe reste le même : choisir l'action en fonction de la phrase de l'ennemi, en sachant que l'attaque l'emporte sur la défense, qui l'emporte sur l'attaque désespérée, qui elle même l'emporte sur l'attaque normale.
Le plus gros changement intervient au niveau des batailles d'armée : cette fois, vous ne donnez plus des commandes globales de jeu, mais vous pouvez contrôler toutes vos unités et leur donner des ordres. Il faudra bien réfléchir avant d' attaquer une unité adverse, en fonction du déplacement et de la force ou faiblesse de l'ennemi. Certains personnages peuvent être définitivement perdus . Certaines de ces batailles font partie de l'histoire et le jeu vous imposera parfois de perdre.

Techniquement, le jeu demeure au dessus du premier sans pour autant atteindre ce qu'on attend d'un jeu sur PSX. Les personnages ont été retravaillés, sont plus grands, leurs artworks ont été améliorés et la différence entre représentation dans le jeu et artwork est moins flagrante. Les scènes de combats ont bénéficié de plus de soin et ne pixelisent pas, sauf lors des zooms de coups critiques et les duels. Il y a enfin de vrais décors de fonds, certains boss sont grands, mais ça reste malgré tout assez simple, voire simpliste,d'autant qu'entre le premier et la sortie de celui-ci, un Final Fantasy était sorti pour le Japon et deux pour l'occident ( FF VII et VIII, si vous voulez savoir). Certains ennemis sont même des repompes parfois un peu améliorées, de l'épisode précédent ! Les effets spéciaux se sont améliorés et nous rappellent que nous sommes bien sur une 32 bits... Mais les améliorations sont légères. En gros, Suiko II ne perd rien du charme 16 bits de son aîné.

Ah, les musiques... Si certaines s'avèrent répétitives ( le thème de Muse, par exemple, à rendre fou) car trop courtes, d'autres sont de véritables trouvailles qui restent dans la tête. Je pense notamment au deuxième thème de carte, à la ville de Greenhill occupée, celle du concours de cuisine,le thème de fuite ( qui permet de bien faire ressortir l'instant dramatique de ces moments) et bien d'autres. Pour les fans du premier volet, on retrouve certaines musiques déjà présentes . Plus nombreuses, souvent mieux faites, le gain qualitatif est certain.
En revanche, les bruitages sont toujours aussi peu nombreux, et bien entendu, il n'y a ni voix ni cri digitalisé.

La jouabilité a été améliorée. Il est enfin possible de courir en permanence en maintenant le bouton Carré enfoncé, un très bon point. Le précédent jeu ne permettait de le faire qu'avec un perso équipé d'une rune ou de Stallion intégré au groupe.
Le menu de jeu, s'il reste assez similaire au premier, a été mieux pensé, avec cette fois, l'apparition d'un menu d'objets commun : vous aurez la possibilité de mettre ou d'enlever un objet du «  sac » si les emplacements de vos personnages sont remplis. Un bon point qui permet de ne pas être trop vite en surcharge.

Cela était d’autant plus essentiel que le jeu est notoirement plus long que le premier : comptez une cinquantaine d'heures pour en arriver au bout, et cette fois les fins sont multiples, il y en a même une «  anticipée » à un moment donné. La quête des 108 étoiles est un peu plus compliquée sans être pour autant impossible ( même si faire 500 000 potch d'échanges en commerce demande du temps), vous pouvez vraiment louper certains personnages si vous passez certains événements. Le jeu est devenu aussi un peu plus difficile, avec des boss un peu plus nombreux, qui viennent parfois quand on ne les attend pas et qui ont souvent des attaques pouvant toucher tout le groupe. De plus, vous aurez pas mal de mini-jeux une fois que vous aurez cotre QG : si on regrettera la disparition du bonneteau, vous pourrez, par exemple, jouer aux dés ( même jeu que l'épisode précédent), monter à la corde, faire du frappe-taupe, et j'en passe. Le meilleur mini-jeu intégré est à mon sens le concours de cuisine, qui se fera à intervalles réguliers : une fois que vous aurez recruté le cuisinier, passez entre deux événements principaux à votre restaurant : il se pourrait qu'il y ait un concours sur le point de commencer. Vous devrez alors faire trois plats et faire en sorte qu'ils soient meilleurs que ceux de votre adversaire, les notes étant données par un jury aléatoire composé de personnages recrutés, les notes allant de 1 à 5. Il vous faudra avoir un meilleur total que votre adversaire. De plus, ce mini jeu à fait l'objet d'une intrigue parallèle, une très bonne idée. Si avec tout ça vous vous ennuyez, je ne sais pas ce qu'il vous faut.

Le scénario est juste dantesque et c'est avec ça que Suikoden II a su se hisser au rang des grands jeux de la console grise. Les événements sont plus développés, mieux amenés, et les rebondissements pourront vous surprendre de très bonne manière. Il y a enfin un méchant digne de ce nom, un trio inoubliable et le retour de certains fait plaisir à voir. Certes, au départ, disons dans les premières heures, le jeu vous ne vous surprendra que peu, d’autant que le temps qu'il apparaisse chez nous, comme je l’ai déjà écrit, Final Fantasy VII et VIII étaient déjà passés par là ( du moins je l'espère). Heureusement, une fois passés les événements qui ont lieu à Muse, le jeu devient vraiment passionnant, sans qu'on ait encore vu l'essentiel de l'aventure.Les gros points forts résident dans le passé du père adoptif du héros, très connu dans la région et par les deux pays en conflit, héros de guerre déchu, mais également dans l'intrigue très politisée du scénario. Les alliés de la ville-Etat sont assez disparates, et tous ne se joindront pas forcément à votre cause. En effet, le conflit n'impliquera pas que Muse et Highland. Dans ce dernier pays, on peut également voir que non seulement les citoyens en ont marre, mais aussi les généraux qui ne veulent pas la ruine, malheureusement pour eux, le prince héritier en a décidé autrement. C'est très bien retranscrit. Le jeu a été traduit, mais on ne peut pas dire que la VF rende vraiment honneur au script : fautes, bugs non corrigés, tournures de phrases on ne peut plus maladroites, bref, une somme, peut être encore pire que FF VII.

VERDICT:
C'est avec cet épisode que Konami a réussi à faire de Suikoden une série phare du RPG japonais. Il améliore les points forts du premier jeu tout en ajoutant les siens. Certes, s'il ne brille pas non plus par sa réalisation, il apporte une histoire forte, complexe et prenante à la fois. Impossible de passer à côté, ses défauts ne sont rien par rapport au plaisir qu'il procure en y jouant. Un grand jeu du genre, et un des meilleurs de la PSX, à n'en point douter, qui peut trôner sans complexe auprès d'autres séries prestigieuses. Les étoiles de la destinée vous attendent de nouveau...

Points Positifs :
Un scénario juste hallucinant
De bonnes musiques dans l'ensemble
Améliore les points forts du premier et en apporte d'autres.
Un aspect 16 bits pas déplaisant...

Points Négatifs :
… mais ça reste en deçà de ce qu'est capable une PSX
Les cinématiques, assez moches
La VF, une honte .

Julius

Suikoden II
Editeur : Konami
Développeur : Konami
Genre : J-RPG
Dates de sortie : 17/12/1998 ( Japon), 29/09/1999 ( USA) , 28/07/2000 ( Europe).
3 types de combats
108 personnages
Monnaie : Potch.

Créée

le 23 sept. 2010

Modifiée

le 21 janv. 2014

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Julius

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