The Legend of Zelda: Majora's Mask
8.3
The Legend of Zelda: Majora's Mask

Jeu de Nintendo EAD, SRD et Nintendo (2000Nintendo 64)

The Legend of Zelda : Majora's Mask débute là où son prédécesseur, Ocarina of Time s'était arrêté. Après avoir défait Ganondorf, Link part à la recherche d'un être cher (on n'en saura pas plus) et on le retrouve alors errant dans la forêt, il est seul, adulte dans un corps d'enfant, avec sa jument Epona lorsqu'il se fait attaquer par un Skull Kid avec un étrange masque, accompagné de deux fées. Quelques mésaventures plus tard, Skull Kid s'est emparé de son cheval, de tout son équipement et après une chute dans une souche (référence à Alice au Pays des Merveilles), il se retrouve transformé en une Peste Mojo. Humilié, il se retrouve seul avec une des fées, Tael, avec laquelle il va devoir coopérer. De fil en aiguille on va vite comprendre que Skull Kid projette, grâce à la puissance de son masque maléfique, le masque de Majora, de détruire Termina, la région dans laquelle Link a atterri, en faisant s'écraser une vilaine lune avec un visage agressif (référence à Méliès) !!!

Voilà le pitch improbable de ce Zelda qui sort littéralement de ce qui se fait d'habitude. De prime, exit Zelda, on a tout juste une référence à elle en début de jeu. Comme vous le savez probablement déjà, Eiji Aunoma, en charge du projet, impose au joueur de sauver le monde en trois jours, le temps s'écoulant en temps réel ! Bien sûr, impossible d'y arriver du premier coup et le joueur se retrouve alors pris en étau, dans une situation désespérée et somme toute assez inédite pour un jeu vidéo. C'est alors qu'on récupère le fameux Ocarina du Temps et il est alors possible de remonter le temps autant de fois que nécessaire, et on bénéficiera en plus d'une sauvegarde à chaque fois. Mais bien sûr, remonter le temps impose des conditions ! Tout d'abord vous perdrez tout votre équipement (à part les objets importants type arc, grappin et masques) et vos rubis (qu'il sera possible de sauvegarder dans une banque).
Mais alors, la limite de temps devient dérisoire ? Eh bien pas vraiment. Très tôt dans le jeu, le joueur entrera en possession d'un journal qu'il pourra compléter à sa guise pour voir ce que font les villageois de Bourg-Clocher pendant ces trois jours... Et oui ! Vous aurez beau vaquer à vos occupations, les PNJ eux seront pris dans une sorte de prison spatio-temporelle et ne pourront en sortir que s'il y a Game Over ou que vous vous débarrassez de ce fichu astre ! Du coup c'est une formidable occasion qu'Aunoma a saisi a pleine main pour fournir au joueur les quêtes annexes les plus intéressantes de la saga, et peut-être même du jeu vidéo. Petit à petit vous serez amené à connaître le quotidien de chacun des villageois et vous serez alors à même de résoudre tous leurs problèmes. Un peu comme dans Un Jour sans Fin, avec Bill Murray ! Dans tous les cas, sachez que très rapidement on entrera en possession d'une mélodie permettant de ralentir le temps qui passe et dès lors la limite de temps ne devient plus un problème quant à la progression de la quête.

Autre innovation de gameplay, car oui, cet épisode est loin d'être avare en nouveauté, n'en déplaise aux mauvaises langues, les masques ! Comme je le disais au début de cette critique, Link va se transformer dès le début du jeu en Peste Mojo. Bien vite il retrouvera son apparence humaine mais conservera de sa forme précédente un masque magique qu'il pourra mettre et enlever à sa guise ! Ainsi le kokiri se transformera tour à tour en une Peste Mojo, un Goron ou un Zora (plus une dernière bonus que je ne vous spoilerai pas) dans des séquences rappelant fortement le Cri de Munch. Et à chaque forme son gameplay ! Par exemple, tandis que le petit Link nage dans l'eau, la Peste Mojo rebondit, le Goron coule et le Zora fonce à toute vitesse ! Il serait vain de lister tous les avantages et défauts de chacune des formes, mais le résultat est tout à fait grisant. Ah et ce n'est pas fini puisque selon votre apparence, les PNJ vous traiteront de manière différente ! Et cela dépend encore de la race à laquelle le PNJ appartient ! Entre congénères, ils se montreront complices mais ne rechigneront jamais à montrer leur méfiance envers d'autres. Vous en voulez encore plus ? 20 autres masques sont disponibles. Tous ne permettent pas de se transformer mais il n'empêche que ceux-ci auront une influence sur la façon dont les autres vous percevront et/ou pourront vous donner des pouvoirs magiques (comme le fameux Masque du Lapin qui permet d'aller plus vite) !

Majora's Mask reprend beaucoup de son aîné Ocarina of Time, ainsi il ne faudra pas s'étonner de carrément revoir certains PNJ avec un autre nom, voire une autre fonction. Au niveau de l'aventure, le jeu est long de 4 donjons, tous plus retors et plus difficiles les uns que les autres (les plus durs des épisodes 3D à mon goût) avec une multitude de quêtes annexes, de mini-jeu, de secret à dénicher... Les graphismes sont cependant améliorés grâce à l'extension mémoire, permettant entre autre une meilleure distance d'affichage et d'afficher plus d'éléments en même temps.

Bref, je ne vais pas m'appesantir sur cela, en terme de gameplay pur et dur, le jeu touche littéralement à la perfection. Mais il y a plus que ça dans ce jeu, et nous allons donc creuser encore un peu plus.

Majora's Mask a été créé dans des conditions particulières. En effet, Shigeru Miyamoto, le big boss de Nintendo en quelque sorte, créateur de Mario et consort, voulait que Eiji Aunoma fasse une extension à Ocarina of Time, avec des donjons plus difficiles. Ce dernier exprima son refus et se vit proposer une offre : Il devait faire un Zelda qui tienne la route en un an. Il échouera et l'extension d'Ocarina of Time naîtra sous le nom de Master Quest. Mais Miyamoto, impressionné par le boulot opéré par le bonhomme permettra quand même à son jeu de sortir. Ceci explique toutes les limitations techniques et les reprises de nombres de personnages ou de textures.

Dès lors, il est intéressant de voir que Aunoma se sera inspiré de ses conditions de développement pour l'aventure de Link. En effet, tout comme son créateur, Link est pressé par le temps. Il y a aussi la dimension du jeu et de la promesse qui est présente dans le jeu, tout comme Miyamoto a imposé un pari à Aunoma.

Une fois n'est pas coutume, Link a réellement une épaisseur dans cet épisode. Suite aux évènements de Ocarina of Time (SPOIIIIIIIIILER de OOT sur tout le reste du paragraphe, faites gaffe), il a déjà vu la vie du côté du monde adulte et ses pires tourments. Les Sages lui ont accordé l'occasion de revivre sa jeunesse mais c'est peine perdue, il est prisonnier du temps, assez paradoxal pour un héros du temps ! Il est alors amusant de remarquer à quel point il est frustrant dans cet opus d'être un enfant. On n'est pris au sérieux par personne, les gardes refusent de nous laisser sortir de la ville, incapables de voir le véritable héros qui a explosé le derche de Ganondorf. Dans cet opus, Link est un héros triste et désespéré, en quête d'un signe d'amitié d'une personne qui a disparu.

Et c'est bien ce désespoir, présent dans chaque pixel de l'opus qui rend ce jeu si intéressant. Il y a quelque chose de lugubre dans cette cartouche, à commencer par cette Lune menaçante qui tombe en temps réel sur Termina, avec tout ce que ça implique de bruits, de tremblements. Les villageois de Bourg-Clocher n'y seront bien sûr pas indifférent et leurs réactions changeront en fonction de la progression dans le cycle des trois jours... Certains tomberont dans la folie, d'autres fuiront lâchement. Jamais un jeu à ma connaissance n'a plongé le joueur dans un univers si étouffant et lugubre.

Un mot sur les musiques, Aunoma a encore une fois utilisé nombre de musiques de Ocarina of Time, mais on retrouve quand même quelques nouvelles compositions de Koji Kondo, avec entre autres Le Chant de l'Apaisement, une superbe mélodie qu'on retrouve arrangée de manière différentes à plusieurs moments dans le jeu (le thème du marchand de masque est une version déjantée de celle-ci), mais aussi la musique de la Grande Baie, triste à souhait, celle de la Forteresse de Pierre, le thème de Skull Kid, le thème de Majora, et bien entendu le thème des 12 dernières heures, chant funèbre noir, et absolument sans espoir. BIen sûr cette liste est loin d'être exhaustive et vous n'êtes pas au bout de vos surprises...


Il y a encore tant à dire sur ce chef d'oeuvre (n'ayons pas peur des mots), nombre de théorie formulées, sur le marchand de masque, sur tout le personnage de Skull Kid, sur les origines cosmogoniques de Termina, sur les relations entre les personnages, sur Kafei... Mais le mieux est encore que vous y jouiez et que vous voyiez de quoi il en retourne. Une oeuvre intemporelle, l'apogée d'une des plus grandes sagas du jeu vidéo.
khms
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le 25 mai 2012

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khms

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