Cover Bruno Dumont - Commentaires

Bruno Dumont - Commentaires

A priori, il est difficile d’être séduit par ce cinéma assez radical, qui refuse tout sentier préétabli et impose une vision parfois assez grossière d’une humanité tourmentée par son existence terrestre. En fait, c’est surtout par son identité plastique, par ses intuitions formelles, que Dumont ...

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7 films

créee il y a plus de 11 ans · modifiée il y a presque 8 ans

La Vie de Jésus
7.2

La Vie de Jésus (1997)

1 h 36 min. Sortie : 4 juin 1997 (France). Drame, Romance

Film de Bruno Dumont

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Chronique du désœuvrement, de la misère sociale et du désarroi dans une ville du Nord, Bailleul, que Dumont filme avec un naturalisme brut mais étudié. Les adolescents aux physiques ingrats zonent dans les rues, copulent, cachent leur douleur en s’enfermant en eux-mêmes, domestiquent une violence qu’ils contiennent jusqu’au point de rupture, et cultivent la solitude, la jalousie ou le racisme comme autant de détonateurs endormis. Expression d’une abjection ordinaire à laquelle la petite amie et la mère, bistrotière ronde et aimante, assistent navrées, impuissantes. Pourtant jamais le cinéaste ne se laisse aller à la condamnation morale, préférant montrer comme un certain dérèglement du monde, le remettre en perspective, et offrir sur la fin la possibilité d’un salut. Un premier film fort et singulier.

L'humanité
7.5

L'humanité (1999)

2 h 28 min. Sortie : 27 octobre 1999 (France). Drame

Film de Bruno Dumont

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Dumont poursuit sa démarche, renforce l’âpreté de ses partis pris, marie le physique et le spirituel dans une recherche sincère mais exigeante gommant toute formulation du beau – qui est sans doute, selon lui, l’ennemi du vrai. Il filme en cinémascope des paysages désolés, des corps embarrassés, un quotidien gluant d’ennui et, dans le même temps, une hypothèse parfaitement stylisée de ce quotidien : tentative quasi théorique qu’il imprègne d’une odeur entêtante de terre et de chair. Lent, inconfortable, imparfait mais travaillé par des forces brutales, le film est à l’image de son protagoniste, idiot silencieux en quête de grâce semblant vouloir expier toute la culpabilité du monde : son humanité douloureuse pourrait toucher, mais l’opacité rebutante de son expression nous la rend bien trop étrangère.

Flandres
7

Flandres (2006)

1 h 31 min. Sortie : 30 août 2006 (France). Drame, Romance, Guerre

Film de Bruno Dumont

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

La terre est lourde, le ciel est bas, la masse granitique des visages et des corps est comme façonnée dans une humanité primitive, en proie aux pulsions et aux tiraillements les moins contrôlés. La guerre donne ici un cadre officiel à la barbarie des rapports entre les êtres, et le cinéma de Dumont apparaît à nouveau comme une négociation permanente entre la tangibilité brute des éléments qu’il met en scène et leur aspiration à une dimension plus spirituelle, mise en valeur par le surgissement brutal et abstrait d’un conflit qui révèle les personnages à eux-mêmes. Aussi loin de l’héroïsation que de la victimatisation, cette proposition s’avère sans aucun doute personnelle et stimulante, mais sa radicalité aride et son refus absolu de toute douceur me rebutent encore beaucoup.

Hadewijch
6.7

Hadewijch (2009)

1 h 45 min. Sortie : 25 novembre 2009 (France). Drame

Film de Bruno Dumont

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

C’est sans doute à travers son personnage principal, et dans la fragilité de ses gestes et de son parcours, la candeur butée de son questionnement, dans son indécision constante (elle avance, trébuche, hésite, puis avance à nouveau) mais portant mue par une foi, un amour inébranlables, que Dumont ouvre une porte d’entrée salutaire à un courant résolument plus délicat, plus touchant, plus empathique. Céline/Hadewijch est éprise d’un être auquel il manque l’existence physique ; de cette absence vécue douloureusement, de cette quête obstinée et désemparée, le film développe un propos assez lumineux bien qu’un peu binaire et archétypal, parfois même problématique dans ses ambigüités morales ou ses raccourcis (le terrorisme vue comme une étape logique de la pratique musulmane).

Hors Satan
6.8

Hors Satan (2011)

1 h 50 min. Sortie : 19 octobre 2011 (France). Drame

Film de Bruno Dumont

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Retour au monde provincial, villageois, terrien, peuplé de trognes invraisemblables. Les dunes, les buissons, les vagues de la côte d’Opale sont filmés dans leur plasticité extraterrestre, le vent emplit de ses bourrasques le paysage sonore du film qui vibre d’une intensité organique assez saisissante. Cinéma de sensations qui, par opposition aux pensées, tolèrent la contradiction. Austère, peu accort, alignant sans crainte tout ce qui pourrait le faire sombrer dans la caricature, cet "Ordet" trivial et taiseux fascine pourtant, et finit même par délivrer une certaine émotion. Parce que le jeu avec le fantastique, le surgissement de fulgurances (l’incendie, l’exorcisme bouffon au bord de la rivière…) tendent le récit vers une illumination, une certaine forme de grâce, qui lui confèrent une vraie dynamique ascensionnelle.

Camille Claudel 1915
6.4

Camille Claudel 1915 (2013)

1 h 35 min. Sortie : 13 mars 2013 (France). Biopic, Drame

Film de Bruno Dumont

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Au rayon de l’épure le film se pose là, et de manière un peu trop évidente. Trois jours d’internement aux côtés de l’artiste statuaire, figurés dans un dénuement total, une rudesse absolue du décor et des configurations spatiales, un hiératisme abrupt sans aucun dérivatif, un assèchement radical qui ne se nourrit que de visages, de champs/contre-champs, de monologues très écrits, tel est le programme auquel le film se tient. L’intention est là, claire et nette : exprimer la désertion intérieure, la solitude, la privation d’une femme emprisonnée en elle-même. Lorsque le frère Paulo apparaît et fait basculer la deuxième partie dans un monolithique pensum sur l’illumination du christianisme poétique, la sanction tombe : à trop viser l’aplat, on frise l’avarice. L’austérité d’anachorète, ça va deux minutes.

Ma Loute
6.2

Ma Loute (2016)

2 h 02 min. Sortie : 13 mai 2016. Comédie

Film de Bruno Dumont

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Telle une excroissance monstrueuse du cinéma français, le film s’offre comme le démolissage d’une certaine idée de la bienséance et déploie un univers pour le moins original fait d’horreurs ordinaires et de candeurs dégénérées, d’hybris et d’amoralité, d’éructations et d’outrages. Il ne sacrifie à aucun moment aux affres de la psychologie traditionnelle et fuit comme la peste toute convention naturaliste. Cette approche intrigue autant qu’elle épuise : sa poésie parfois touchante est souvent grossière, son grotesque soumis à un régime hyperbolique assez pénible (hystérie généralisée, gags de maternelle, outrance insupportable d’acteurs en roue libre), et la splendeur de son imagerie a beau démontrer que le cinéaste filme comme peu d’autres, elle bute sur un propos dont le simplisme frise le néant.

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