Cover Carl Theodor Dreyer - Commentaires

Carl Theodor Dreyer - Commentaires

Artiste de l’intériorité, de la flamme de l’âme et de la transcendance spirituelle, Dreyer est sans conteste un cinéaste d’une grande exigence intellectuelle, l’un de ces artistes baignés de moralisme, de philosophie et de culture, à l’instar de Bergman ou Tarkovski, dont l’apparente ...

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6 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a environ 8 ans

Le Maître du logis
7

Le Maître du logis (1925)

Du skal ære din hustru

1 h 47 min. Sortie : 26 mars 1926 (France). Muet, Drame

Film de Carl Theodor Dreyer

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

C’est une histoire toute simple à valeur de parabole, un huis-clos fondé sur l’épuration progressive, une fable exaltant le courage de la femme et les vertus de l’amour conjugal, où Dreyer impose son sens rigoureux du décor, point central autour duquel se dessine la maturation d’un style. De l’horloge au poêle en passant par les tableaux anodins, le fil à linge ou les portes entrouvertes, le deux-pièces-cuisine devient un emblème : tout y mis en place, méticuleusement reconstitué jusque dans le désordre, pour cristalliser les pulsions des êtres. Le tête à tête, le croisement des regards, le despotisme domestique maté puis repentant sont captés par une caméra qui aiguise ou adoucit les angles, et qui trouve avec autant de justesse que de simplicité l’adéquation entre le cadre et le sentiment qui s’y exprime.

La Passion de Jeanne d'Arc
8

La Passion de Jeanne d'Arc (1928)

1 h 40 min. Sortie : 25 octobre 1928. Drame, Historique, Muet

Film de Carl Theodor Dreyer

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

En une admirable scansion de bouches, de regards, de gestes, dont il résulte une écoute d'une intensité inégalée, comme si le dialogue des personnages surgissait de l'intérieur même du spectateur, Dreyer fait surgir l'abstraction la plus haute de la mise à la question du concret le plus concret. Jamais le cinéma muet n'a semblé aussi parlant que dans ces va-et-vients purement graphiques, ces exubérances baroques, cette symphonie de gros plans qui traquent la présence de Dieu sur le visage de Renée Falconetti, Jeanne incarnant l’innocence et la foi, en proie au pouvoir oppresseur, acculée à la résistance et à la rébellion passives. Formalisme prodigieux au service d’une méditation ascétique mais frémissante, d’une extraordinaire intensité dramatique, et qui figure l’invisible avec une puissance expressive hors du commun.

Vampyr, ou l'étrange aventure de David Gray
7.5

Vampyr, ou l'étrange aventure de David Gray (1932)

Vampyr

1 h 23 min. Sortie : 6 mai 1932 (Allemagne). Épouvante-Horreur

Film de Carl Theodor Dreyer

Thaddeus a mis 4/10.

Annotation :

Promenade somnambulique d’un personnage hagard dans l’éternité morne d’un paysage vaporeux. Dreyer explore un entre-deux-mondes qui suggère l’envers insolite et cauchemardesque du réel, et laïcise une métaphore qu’"Ordet" portera sur le plan religieux : la vie en cette terre, habitée par la mort et le mal, ne peut trouver sens que dans l’amour. Difficile de nier la profusion réglée des mouvements de caméra, les basculements perspectifs, les décrochages de distances, l’inattendu des liaisons, les lueurs, vibrations et silences qui définissent le sentiment de l’aube ou l’anxiété du jour à venir. Autant d’images dont la torpeur brouille la frontière entre tangible et irréel ; seulement voilà, je suis resté bien malgré moi extérieur à cet exercice de virtuosité. À revoir, incontestablement.

Jour de colère
8

Jour de colère (1943)

Vredens dag

1 h 37 min. Sortie : 16 avril 1947 (France). Drame

Film de Carl Theodor Dreyer

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Bien que situé au XVIIème siècle, le film revêt sa pleine signification politique et sa dimension d’actualité au moment où le Danemark se voit occupé par l’armée nazie et où Dreyer se réfugie en Suède. On peut le considérer comme la condensation des deux opus précédents, où stylistiquement le cinéaste accomplissait le grand écart. D’une grande maîtrise plastique, avec ses clairs-obscurs somptueux et ses images travaillées comme des tableaux de Rembrandt, cette tragédie nordique assez spartiate en appelle à tout un symbolisme scandinave et fait le procès de l’intégrisme religieux, de la barbarie doctrinaire et d’une société intolérante transformant sa terreur de l’altérité (et tout particulièrement de la femme, apparentée dans son mystère au Mal) en instrument de domination spirituelle.

La Parole
8.1

La Parole (1955)

Ordet

2 h 06 min. Sortie : 28 décembre 1955 (France). Drame

Film de Carl Theodor Dreyer

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un film unique, qui traite de la façon la plus concrète et physique qui soit du rapport de l’homme à la transcendance, à la spiritualité, et du dialogue intérieur qu’il entretient avec Dieu – questions hautement immatérielles s’il en est. Dans un univers faussement funèbre et livide, cependant baigné d’une chaleur bien réelle, Dreyer établit un accord profond avec la vie, la terre et la chair, mais au plus près de la mort, du mal et du péché (d’orgueil, d’austérité, d’intolérance), au plus près de l’irrationnel. Indiscutablement chrétien, le film exige du spectateur une réceptivité bien particulière, mais impose une croyance dévastatrice en la puissance de l’acte de foi, construisant tout son film en fonction de la bouleversante scène finale : cette élévation d’une clarté renaissante, cette résurrection qui laisse sa trace sensible dans l’humidité des yeux.
Top 10 Année 1955 :
http://lc.cx/Zwk9

Gertrud
7.3

Gertrud (1965)

1 h 59 min. Sortie : 19 décembre 1964 (France). Drame, Romance

Film de Carl Theodor Dreyer

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Une découverte éprouvante m’avait imposé le dernier film de l’auteur comme le stradivarius du hiératico-chiant, tout en litanie monocorde et morosité grise. La deuxième vision a été plus concluante ; j’y été davantage sensible au parcours spirituel d’une femme qui, après avoir sacrifié sa vie à un idéal d’amour, maintient la réalité et la positivité de cette utopie en dépit de ses échecs. La vérité demeure la vérité, qu’on l’ait atteinte ou non, semble exprimer le cinéaste à travers cette histoire, et si la facture du long-métrage est d’une austérité assez rebutante, la composition très élaborée des images, y compris dans leur rigueur, et la précision du trait avec lequel se dessinent les contours d’une personnalité abandonnée à son idéal romantique atteignent une certaine pureté harmonique.

Thaddeus

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