Cover Costa-Gavras - Commentaires

Costa-Gavras - Commentaires

Le réalisateur engagé et militant entre tous, qui a toujours su employer intelligemment les moyens du cinéma pour faire passer son discours. Son œuvre est un témoignage passionnant des dérives politiques et sociales du monde contemporain.

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1. Un homme de trop ...

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11 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a environ 1 an

Compartiment tueurs
7.3

Compartiment tueurs (1965)

1 h 35 min. Sortie : 17 novembre 1965. Policier, Drame, Thriller

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Fort d’un solide bagage cinéphile, ayant suivi les cours de l’IDHEC et assisté René Clair ou Jacques Demy, Costa-Gavras témoigne pour son premier film d’une étonnante maîtrise de la caméra. Son style très nerveux, physique et toujours mobile, excelle à restituer une atmosphère tendue où la menace est omniprésente, dans les bars et les ruelles, les cages d’ascenseurs et les transports parisiens, tous ces lieux banals devenus les champs d’action d’un tueur insaisissable. Mené à un rythme haletant, offrant à un casting assez phénoménal l’occasion de briller dans les registres de l’inquiétante étrangeté (Denner, Piccoli), de l’innocence (le jeune couple Perrin-Allégret) ou de la cocasserie (presque tous les autres), le polar entretient un suspense qui nous empoigne sans discontinuer. De sacrés débuts.

Un homme de trop
7.4

Un homme de trop (1967)

1 h 50 min. Sortie : 5 avril 1967. Action, Drame, Historique

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Dans la lignée des grands films ayant incompréhensiblement manqué leur rencontre avec l’histoire du cinéma, celui-ci pourrait tenir une place de choix. Servi par une distribution en or massif qui investit chacun des personnages au ras de la chair, le cinéaste met à l’amende tout ce qui a été consacré lors des années 60-70 à la seconde guerre mondiale et à la résistance. La tension du sujet et les nœuds problématiques qui s’y tressent sont prodigieusement véhiculés par la puissance de feu d’une mise en scène en état d’incandescence, qui semble avoir assimilé les audaces les plus intuitives et viscérales de la modernité. Du brio technique inouï, de l’âpreté sans concession, de l’intransigeante lucidité à fixer loin de tout romantisme la réalité de la lutte maquisarde, impossible de savoir ce qu’il faut le plus admirer face à ce trésor méconnu.
Top 10 Année 1967 :
http://lc.cx/BCh

Z
7.7

Z (1969)

2 h 07 min. Sortie : 26 février 1969. Drame, Historique

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Fiction politique, fiction du réel, fiction de gauche… Les étiquettes ont fleuri pour cette dénonciation des méthodes et compromissions de la junte militaire au pouvoir en Grèce à l’époque. Décrivant la schizophrénie et la paralysie corrompue d’un pays dans lequel on se sert des collaborateurs d’hier pour faire taire les opposants d’aujourd’hui, Costa-Gavras livre une charge coup-de-poing contre le totalitarisme, qui métaphorise de façon à peine voilée l’avènement d’une dictature. C’est du grand cinéma engagé dont la puissance de conviction puise dans toutes les armes du cinéma : le montage sec, l’investissement des acteurs, l’intrigue dense et serrée se mettent synergiquement au service du décryptage opéré par l’auteur, celui d’un état qui bascule dans le fascisme, et celui d’une conscience qui s’y oppose.
Top 10 Année 1969 :
http://lc.cx/2iy

L'Aveu
7.7

L'Aveu (1970)

2 h 19 min. Sortie : 29 avril 1970. Drame, Thriller

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Militantisme fiévreux et intelligence dans la façon de le faire valoir, là encore. Inspiré du témoignage d’Artur London, ancien membre des Brigades internationales et de la résistance, Costa-Gavras poursuit son virulent réquisitoire et se penche cette fois sur l’épuration du parti communiste tchèque de 1952. Il braque sa caméra sur l’insoutenable processus d’aliénation des régimes para-soviétiques en Europe de l’Est, suivant le calvaire d’un homme que la machine étatique s’efforce de plier à sa volonté. L’enfer des geôles néostaliniennes, l’horreur des tortures physiques et psychologiques, la logique monstrueuse de la soumission au parti sont dévoilées avec une force imparable, et l’impact de l’accusation est renforcé par l’interprétation intense d’un Montand émacié, fébrile, habité.

État de siège
7.1

État de siège (1973)

2 h 10 min. Sortie : 8 février 1973 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Dénonciation politique, troisième chapitre. Costa-Gavras revient à l’inspiration de "Z" en une analyse précise des étapes menant un pays d’Amérique du Sud à un régime dictatorial. En éclairant le rôle occulte tenu par la CIA, son accointance avec les groupes révolutionnaires armés et les actions paramilitaires menées au profit d’intérêts économiques contradictoires avec le bien-être du peuple, le film efface toute afféterie au profit d’une sobriété quasi-documentaire, malgré la complexité d’une narration faite de retours en arrière et de montages parallèles. Quant à l’analyse marxiste des rapports de force dans la sphère latino-américaine, elle témoigne des aspirations idéologiques d’une époque en profonde mutation. Un suspense captivant et parfaitement maîtrisé.

Section spéciale
7.5

Section spéciale (1975)

1 h 58 min. Sortie : 23 avril 1975. Drame, Historique, Thriller

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

De son propre aveu, le réalisateur dit ne traiter dans tous ses films que d’un seul sujet : l’étude des rapports entre l’individu et le pouvoir. En se penchant sur un sinistre épisode de la collaboration qui vit le zèle du régime de Vichy aboutir à la condamnation à mort de six résistants innocents de l’attentat dont ils étaient accusés, il porte le fer dans une plaie peu agréable à panser. Une armada de vedettes et de seconds rôles parmi les plus en vue du cinéma français des années 70 vient apporter incarnation et vigueur à ce réquisitoire froidement objectif, dont la sécheresse procédurière (longs conciliabules dans des bureaux du ministère ou de la magistrature, parodies de procès joués d’avance…) éclaire l’inexorable sacrifice de la justice et de la conscience individuelle sur l’autel de la raison d’état.

Clair de femme
6.4

Clair de femme (1979)

1 h 38 min. Sortie : 29 août 1979. Drame

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 4/10.

Annotation :

Des acteurs (pas mauvais mais démunis) récitent à la lettre les paroles posées sur la page blanche par Romain Gary. Le test est cruel : elles ne passent pas, l’émotion est coupée net. La sobriété proclamée ne suffit pas à authentifier un mélodrame bourgeois constamment frileux, gêné aux entournures, d’un humour noir assez pénible, encombré d’un bout à l’autre par son insistant surmoi littéraire. L’amphigouri des répliques ne fait que souligner le factice des situations, et la fausse désinvolture, les digressions, à masquer l’incapacité de l’auteur à traiter son vrai sujet : celui du défi que la vie (donc l’amour) jette à la mort et à l’absence. On a l’impression, entre ces deux amants sans joie, d’une joute funeste où se dispute le titre du plus malheureux. Or à ce petit jeu, le plus à plaindre est bel et bien le spectateur.

Missing - Porté disparu
7.5

Missing - Porté disparu (1982)

Missing

1 h 56 min. Sortie : 26 mai 1982 (France). Drame, Thriller, Historique

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le sujet politique d’"État de siège" est ici approfondi de manière plus intime avec le drame familial d’un père emporté dans la tourmente. Au fil de sa recherche à travers les hôpitaux, les bureaux, les prisons, il découvre l’écœurant dessous des cartes et prend la mesure des valeurs de la vie. Costa-Gavras montre tout cela sans ostentation ni lyrisme mais sans froideur, sans un détail de trop mais avec ceux qui tisonnent notre imagination et notre réflexion. Une fois de plus, il livre une œuvre qui a valeur de témoignage historique (c’est une radiographie implacable du coup d’état chilien et du régime de Pinochet), mais l’intègre dans une sensibilité plus directement émouvante qui doit beaucoup à Jack Lemmon et Sissy Spacek, dont l’angoisse contrôlée fait écho à la neutralité brûlante du metteur en scène.

Music Box
7.4

Music Box (1989)

2 h 04 min. Sortie : 28 février 1990 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Investissant cette fois le genre fertile du film de procès, le réalisateur compose une chronique judiciaire dont la dynamique narrative s’inféode exclusivement au doute croissant de son héroïne, attaquant sur un angle original la question de l’horreur nazie. Le cas de conscience est fort et ouvre sur des perspectives passionnantes : le rapport filial, l’identité, la mémoire, l’héritage culturel volant en éclats sous la révélation progressive d’une vérité inconcevable. Réflexion sur l’interpénétration de l’Amérique avec la vigilance des survivants de la barbarie, le thriller, plein d’une noble gravité, dévoile avec passion les arcanes de la justice des USA, et rejette les conventions du genre pour réaffirmer ces vérités souvent oubliées : les hommes ont souvent double fond, la bête immonde n’est jamais loin.

Amen.
6.9

Amen. (2002)

2 h 12 min. Sortie : 27 février 2002 (France). Biopic, Policier, Drame

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le cinéaste reprend son thème fétiche de l’homme seul broyé par un système totalitaire et s’engage dans un sujet périlleux avec probité et courage, fuyant la caricature, cherchant seulement l’irréalité d’un pouvoir temporel dévoyé. Il aborde la Shoah à travers un double combat mis en parallèle mais aux mêmes finalités : rejeter un ordre établi injuste, ne pas rester simple spectateur, avertir le monde et l’opinion de l’horreur en marche, et notamment de l’inertie coupable du Vatican et du silence assourdissant de Pie XII. La résonance et l’universalité du propos assurent un intérêt constant, que la maîtrise tranquille et sans esbroufe du cinéaste alimente avec une humilité toujours au service de son propos. Un film sobre et utile, de cette utilité nécessaire qui a toujours été la marque de l’auteur.

Le Couperet
6.9

Le Couperet (2005)

2 h 02 min. Sortie : 2 mars 2005. Comédie dramatique, Thriller, Policier

Film de Costa-Gavras

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Thriller social à la tonalité mi-glaçante, mi-sarcastique, un peu en marge des œuvres précédentes. José Garcia y personnifie les dérives et le désespoir d’un individu dévoré par le capitalisme cannibale et la sauvagerie feutrée de la guerre économique, contraint pour survivre de procéder à l’exécution pure et simple de ses rivaux. L’image est radicale, mais Costa-Gavras maintient le cap d’un thriller réaliste : son tueur en série est l’avorton pathologique d’une société sans âme qui se moque des moyens et consacre l’individu roi. Angoisse du chômage, concurrence exacerbée, incidence du travail sur la vie privée, peur généralisée… : si le constat se veut tragique et sans appel, le ton est grinçant mais pas dénué de compassion. Le mélange d’accusation à charge et d’humour noir s’avère efficace.

Thaddeus

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