Coursera : Cinémas de Scandinavie

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Au début du XXe siècle en Scandinavie, le cinéma est un art "muet", donc non-parlé, non littéral et considéré comme "en-deçà" du théâtre. Quelques films tentent toutefois de se démarquer, et "Den hvide slavehandel" conte l'histoire d'une jeune fille forcée à se prostituer dans un bordel.

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Asta Nielsen, actrice de théâtre déjà bien établie, mais peu connue, tourne dans ce film, où elle joue une femme qui s'amourache d'une vedette de cirque et le tue lorsqu'il tente de la prostituer.

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Car Theodor Dreyer, qui travaille à la Nordisk films depuis 1913, juge que, du paysage cinématographique de son époque, seul un homme est capable de donner une envergure artistique au nouveau medium : il s'agit de Benjamin Christensen, qui écrit, réalise et joue dans ses films. Deux d'entre eux sont particulièrement notables, "The mysterious X", une histoire d'espionnage...

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... et "Blind Justice", un autre polar dans lequel un homme perd la mémoire. Les deux films se distinguent par des durées accrues, à une époque où la longueur moyenne d'un film est de cinq à quinze minutes, et par une réelle volonté de conter une histoire par les images.

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Dreyer souhaite s'inspirer du modèle suédois : en difficulté, la compagnie cinématographique majoritaire en Suède a licencié ses réalisateurs, à l'exception notable de Mauritz Stiller et Victor Sjöström. Ceux-ci disposent donc de plus grands budgets pour faire leurs films. Celui-ci est adapté d'un poème d'Henrik Ibsen et conte l'histoire d'un homme ayant perdu sa famille suite au blocus britannique, durant l'époque napoléonienne, mais refusant finalement la vengeance.

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Sjöström adapte des oeuvres de Selma Lagerlöf, la première femme lauréate du Prix Nobel de littérature (en 1909). En résultera "La charrette fantôme", un film qui se démarque par ses audacieux et novateurs effets spéciaux.

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Stiller n'est pas en reste, et les écrits de Lagerlöf constitue l'un des matériaux de base du cinéma suédois. Celui-ci marque l'un des premiers rôles au cinéma de celle qui allait en devenir l'une des actrices les plus légendaires, Greta Garbo. À l'époque, l'on loue la capacité des suédois à filmer les magnifiques paysages nordiques, offrant un réalisme inédit à leurs oeuvres.

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Dreyer, passé à la réalisation en 1918, réalise en 1921 l'un des films danois avec l'un des plus importants budgets pour l'époque. Néanmoins, il juge ne pas recevoir de financements suffisants, et se brouille avec la Nordisk. Il écrira alors un papier vantant le cinéma suédois.

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Dreyer réalisera des films en Allemagne, en Suède et en Norvège. Revenu au Danemark, il réalise "Master of the House", une comédie domestique tournée en quasi huis-clos, sur un set où les parois rétractables lui permettaient des angles de caméra variés et une grande fluidité. Le film aura un grand succès en France, ce qui lui permettra de réaliser son oeuvre la plus connue : "La Passion de Jeanne d'Arc".

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C'est pendant l'occupation allemande du Danemark, durant la deuxième guerre mondiale, que Dreyer retourne à la réalisation après une dizaine d'années de pause. Il réalise "Jour de colère", un film situé dans une Europe médiévale où l'obscurantisme des fanatiques religieux est impitoyable. Le film est un cuisant échec à sa sortie, aussi bien critique que populaire. Une part de cette échec est sans doute due aux changements de style de Dreyer, qui délaisse les rapides mouvements de caméra et transitions fluides de son passé muet pour une manière de filmer très lente.

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Douze ans après, Dreyer renoue avec le succès avec "Ordet", qui remporte le Lion d'or au festival de Venise, et est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands films du réalisateur. Il effectue des recherches poussées pour filmer en extérieur, cherchant à récréer une atmosphère propice à la fin de son film. Les thèmes sont très religieux, et l'on y questionne la foi.

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Dernier film de Dreyer, qualifié parfois de "hiératique", tant les mouvements de caméra y sont extrêmement lents. C'est l'histoire d'une femme qui exige un engagement total dans ses relations amoureuses, et sera donc malheureuse. Comme dans toutes les oeuvres de Dreyer, on s'intéresse avant tout aux conflits intérieurs des personnages.