Entre les images : Journal de bord (2015)

Après la musique et les livres, il fallait bien que je finisse par créer une liste pour parler des films que je vois. Je rechignais un peu parce qu'écrire une annotation me met parfois 15-20 min, voir plus (jusqu'aux jours chantants que m'apportera un clavier neuf). En attendant, ça me permettra ...

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Liste de

12 films

créee il y a plus de 8 ans · modifiée il y a plus de 8 ans

Porco Rosso
7.7

Porco Rosso (1992)

Kurenai no Buta

1 h 34 min. Sortie : 21 juin 1995 (France). Animation, Aventure, Fantastique

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki

Waltari a mis 8/10.

The Lobster
6.8

The Lobster (2015)

1 h 58 min. Sortie : 28 octobre 2015 (France). Comédie dramatique, Romance, Science-fiction

Film de Yórgos Lánthimos

Waltari a mis 5/10.

Quatre nuits d'un rêveur
7.5

Quatre nuits d'un rêveur (1971)

1 h 27 min. Sortie : 2 février 1972. Drame, Romance

Film de Robert Bresson

Waltari a mis 8/10.

Père, fils
7.3

Père, fils (2004)

Otets i syn

1 h 24 min. Sortie : 21 janvier 2004 (France). Drame

Film de Alexandre Sokourov

Waltari a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Nausicaä de la vallée du vent
7.9

Nausicaä de la vallée du vent (1984)

Kaze no tani no Naushika

1 h 57 min. Sortie : 23 août 2006 (France). Animation, Science-fiction, Aventure

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki

Waltari a mis 7/10.

Annotation :

Comme dans Laputa, un chouilla d'édulcorant. C'est toujours plus ou moins minime chez Miyazaki, mais ça suffit à rendre les personnages, trop proprement caractérisés, moins intéressants malgré de belles images. Reste cette capacité qu'a le réalisateur à rendre compte des forces de la nature et des éléments dans leur toute-puissance ; à en faire un personnage à part entière, voir le principal. Cette forêt de moisissures, c'est tout de même beau.

Crumb
7.9

Crumb (1995)

1 h 59 min. Sortie : 28 avril 1995 (France). Portrait, Art

Documentaire de Terry Zwigoff

Waltari a mis 7/10.

Annotation :

L'intérêt réside bien sûr dans la relation de Crumb aux choses, à sa famille, son entourage. On dirait qu'on nous tend une chaussette sale, usée, puante d'un air de mauvaise blague, sauf que la blague dure 2h et forcément il y a comme un malaise ; et puis l'odeur commence à donner la nausée et le vertige à force d'avoir la chaussette sous le nez.

Cemetery of Splendour
6.9

Cemetery of Splendour (2015)

Rák têe kŏn gàen

2 h 02 min. Sortie : 2 septembre 2015. Drame

Film de Apichatpong Weerasethakul

Waltari a mis 7/10.

Annotation :

L'esthétique du cinéma de Weerasethakul peut se résumer en une équation assez simple, qu'il explore différemment selon ses films, mais qui se ressemble dans les 3 que j'ai vu : il y a d'une part les qualités propres à l'image, c'est-à-dire un aplanissement, une égalisation de la profondeur d'espace qui nous met à distance des personnages, atrophiant de ce fait tout attachement profond à l'un ou à l'autre, et prônant une certaine neutralité émotionnelle de l'image. Et d'autre part, il y a ce doute qui s'incruste petit à petit, ces éléments sortis d'un monde où l'entendement n'est pas maître, amenés au fur et à mesure du récit et qui viennent perturber le postulat d'une image sèche, indifférente, qui ne nous invite pas à ressentir avec les personnages. D'une certaine manière, c'est le contenu de l'image qui ment à l'image elle-même, déjouant son apparente neutralité.

Naît alors une étrange et subtile impression : comme on a pas accès aux pensées des personnages, et que leurs émotions nous restent obscures, on ne peut se fier qu'à l'image, or on est jamais très sûr de ce qu'on voit, on a l'impression que l'image nous ment, et on la scrute, on y cherche des détails qui nous le confirme. Cette neutralité austère, cette égalisation des éléments du réel censée aplanir par écho le ressenti du spectateur face à l'image (Tout comme le monde vu sous un ciel gris nous semble bien plus "neutre" et moins à même de faire naître une émotion forte en nous que lorsqu'il est vu sous le soleil) devient au contraire une manière de nous faire douter de tout, de nous mettre face à la question de savoir si l'on doit accorder plus d'importance à tel ou tel élément de l'image. Dés lors, tout devient empreint d'une aura surnaturelle. C'est comme si cette prétendue neutralité n'était qu'un voile nous cachant un monde dont les soldats endormis seraient les gardiens.

J'ai tout de même moins aimé ce film que les précédents de Weerasethakul. Sans doute est-ce lié à la plus grande visibilité de cette dialectique dans Cemetery of Splendour, celle-ci y étant davantage la fin, là où elle était le moyen dans Blissfully Yours ; ou plutôt, le récit du premier s'appuie entièrement sur elle et sur ses effets, se contentant d'en accentuer la présence au fur et à mesure, alors que celui du second ne le fait qu'en partie, s'en sert plutôt comme d'un tremplin. Pas forcément une mauvaise chose en soi donc, mais peut-être un côté plus démonstratif du coup.

Shoah
8

Shoah (1985)

9 h 26 min. Sortie : 30 avril 1985 (France). Historique, Guerre

Documentaire de Claude Lanzmann

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

Lanzmann a bien conscience de ce qu'implique le fait de vouloir représenter l'irreprésentable. On se souvient autant, si ce n'est plus, des images que nous donnent à imaginer les histoires racontées par les concernés, que des images extérieurement données à voir par le documentaire ; du moins, c'est l'imagination qui, lorsque Lanzmann retourne filmer les lieux où les évènements se sont déroulés, agit et recrée ses propres images via le matériau de base. Ainsi, on ne voit aucune image d'archive dans Shoah.

En ce sens, j'ai apprécié cette volonté de pousser les témoins à livrer le plus de détails possible, à donner des repères spatiaux et temporels, à dire si cela durait quelques minutes, quelques heures, une journée, s'il y avait des arbres en ce lieu, à ce moment, ou encore à délimiter la taille, la contenance de tel camp, de tel engin de transport. Ce sont autant de détails qui permettent à l'imagination de donner une matérialité, une réalité à l'inimaginable.

En revanche, quelques tics agaçants dans la manière de filmer, comme lors de l'entrevue avec le coiffeur où ça zoome lorsque celui-ci se met à pleurer. C'est donner une importance à l'image filmée dans sa réalité extérieure alors que le film cherche le contraire tout du long. C'est un réflexe primitif quand on filme et ça n'apporte rien à part donner une prégnance à un moment qu'on juge plus important, mais qui ne l'est ici que parce que ça permet de mieux réaliser que ce qui fait le sujet du film est irreprésentable, déborde, comme les larmes pour l'émotion, le cadre d'un simple film, ce que Shoah donne assez à ressentir outre-mesure pour n'avoir pas à appuyer ces moments ; autrement dit, agir ainsi c'est justement chercher à encadrer le film, à dire "Cette image que je filme est plus importante que les autres, je dois l'encadrer" et ça n'a pas sa place ici.

Nous avons gagné ce soir
7.9

Nous avons gagné ce soir (1949)

The Set-Up

1 h 13 min. Sortie : 14 octobre 1949 (France). Drame, Sport, Film noir

Film de Robert Wise

Waltari a mis 9/10.

Annotation :

Grosse surprise ! Concentré en une seule soirée, le récit acquiert de cette manière une grande partie de sa force. Toute la carrière derrière lui, on n'en verra rien, mais on suivra le dernier combat de cet homme, les derniers instants de sa carrière d'anodin boxeur de quartier ; on le verra partir de chez lui pour se préparer au vestiaire pendant que ses camarades, d'une aussi modeste condition que lui, partent au combat et reviennent victorieux ou perdants. Cette ambiance, cette impression de foyer, d'une solide camaraderie, se joint délicieusement en tension à l'enjeu de la soirée pour notre homme, caché en lui comme un trésor ; il y aura toute la charogne du public venue là pour voir du sang et de la sueur, ceux qui voudront lui faire regretter sa victoire, mais ce soir au moins il sera heureux : il aura gagné.

Decasia
7.4

Decasia (2002)

1 h 07 min. Sortie : janvier 2002 (États-Unis). Expérimental

Film de Bill Morrison

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

De curieuses correspondances se créent entre l'image et les altérations de la pellicule. Forcément, ça parle de l’obsolescence de l'homme, de sa mémoire, des moyens de faire perdurer cette mémoire ; mais en dehors de tout ça, les altérations deviennent, au même titre que les personnages, des entités à part entière, s'intégrant dans l'image et interférant avec les figures qui y apparaissent. Entailles, cloques, brûlures, explosions et distorsions sur/dans leur corps sont donc au programme de ce qu'ont à subir les spectres de Decasia. C'est effrayant : on dirait une vision de l'enfer, des âmes dégénérées y souffrant d'éternels supplices.

Une certaine idée de rêve aussi. Le monde qui nous est donné à voir est instable, flottant, constamment sur le point de basculer dans le néant, tant la pellicule est dégradée ; l'état de détérioration du matériau ajoute un facteur d'instabilité, il suggère ce même sentiment d'une absence d'emprise sur l’extérieur, sur la réalité. Ce qui est visible n'est pas établi, joue avec nos certitudes en tordant la matière, et ne nous rassure pas.

Ça me rappelle cette idée évoquée dans La Part de l'Ombre selon laquelle la capture d'une image du monde réel ne serait, non pas comme on le croit généralement, une manière de conserver un instant dans l'espace-temps, d'en garder une trace, mais plutôt de le détruire, d'effacer le monde visible.

Le Château dans le ciel
7.9

Le Château dans le ciel (1986)

Tenkû no shiro Rapyuta

2 h 04 min. Sortie : 15 janvier 2003 (France). Animation, Action, Aventure

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki

Waltari a mis 6/10.

Annotation :

Un des moins bons Miyazaki. Peut-être l'avoir vu une deuxième fois en peu de temps a fait baisser la note aussi, les défauts étant plus ressortis ; peut-être aussi que je ferais bien de trouver une version vo pour la prochaine fois.

Le début surtout, de très beaux moments ; quand ils arrivent à Laputa aussi. Mais bon, le méchant est vraiment très méchant et la niaiserie déborde un peu trop parfois, au point de parasiter la scène. Sinon un jeunot et sa compagne qui trouvent un château dans le ciel, moi j'adore forcément, mais déçu tout de même.

L'Enfance d'Ivan
7.8

L'Enfance d'Ivan (1962)

Ivanovo detstvo

1 h 35 min. Sortie : 9 mai 1962 (Union Soviétique). Drame, Guerre

Film de Andreï Tarkovski

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

Le premier des films "officiels" de Tarkovski sera le dernier que j'aurais vu, 2 ans après avoir vu Le Sacrifice. Une envie de me relancer dans ses autres films du coup.

Deux mondes en conflits : Celui de l'enfance avec ses fantasmes, ses rêves, l'oubli de soi qui lui est propre, et celui de la guerre, qui met à nu la réalité. Requiem pour un massacre - seul autre film sur le sujet qui me vienne à l'esprit - se concentrait sur ce dernier point et le soulignait avec une maestria incroyable, sans artifice inutile, sans exagération déplacée ; ici le conflit guerre/enfance est montré d'un point de vue tout à fait différent, contraire même. Ce n'est pas la monstruosité de la guerre, n'apparaissant jamais, qui y joue un rôle ; la présence de l'état de guerre agit comme contrepoint de la réalité aux rêves, aux souvenirs de cet enfant qui met en scène sa propre guerre dans l'ombre. Si on lui refuse la guerre, faut bien qu'il trouve un autre moyen de la faire. Ça change pas grand chose, pour lui : c'est à sa propre ombre qu'il fait la guerre, dans tous les cas. Et puis il y a ce brusque retour à la réalité à la fin de ces rêves si doux, que le matériau cinématographique rend avec une justesse étonnante et qui témoigne déjà de la virtuosité de Tarkovski dans sa façon de monter un film en accord avec la temporalité inscrite dans l'image ; des étoiles qui trouvent leur nuit au fond d'un puits, le sourire d'une mère, et d'un coup une angoisse, la mort, un cri.

Waltari

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