Liste de

27 livres

créee il y a presque 11 ans · modifiée il y a presque 2 ans

Trous noirs et distorsions du temps
8.2

Trous noirs et distorsions du temps

Black Holes and Time Warps

Sortie : mars 2009 (France). Essai

livre de Kip Thorne

Waltari a mis 8/10.

La Vitesse des choses
8.4

La Vitesse des choses (1998)

La velocidad de las cosas

Sortie : septembre 2008 (France). Roman

livre de Rodrigo Fresán

Waltari a mis 9/10.

Le Cantique des quantiques
8

Le Cantique des quantiques

Sortie : 1984 (France). Essai

livre de Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod

Waltari a mis 8/10.

Pensées
7.3

Pensées (1670)

Sortie : 1670 (France). Essai, Philosophie

livre de Blaise Pascal

Waltari a mis 7/10.

Une saison en enfer
8.5

Une saison en enfer (1873)

Sortie : 1873 (France). Poésie

livre de Arthur Rimbaud

Waltari a mis 10/10.

La Psychanalyse du feu
7.5

La Psychanalyse du feu (1938)

Sortie : 4 novembre 1985 (France). Essai, Philosophie

livre de Gaston Bachelard

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

3 sept 2015 : Bachelard a une façon de faire assez remarquable. Il part du simple constat que le feu est un des objets, une des réalités du monde les plus indiscernables objectivement, les plus à même d'exciter l'imaginaire humain, puis va s'appliquer à montrer par nombres de références à des auteurs plus ou moins obscurs que le feu est un objet de choix pour expliquer une certaine pluralité de relations au monde, parasitant les pensées d'auteurs qui cherchent la connaissance objective en la leur faisant voir dans des idées formées à partir d'impressions premières, fugitives, insignifiantes, alors que ce n'est là qu'une illusion, les impressions du feu étant si promptes à convaincre qu'on a trouvé là une force vitale, une substance qui habite tout être, et donc à se mentir à soi-même dés lors qu'on souhaite parvenir à une connaissance objective.

En revanche, le feu devient un puissant moteur pour la pensée poétique : "C'est en toutes ses propriétés que le feu se dialectise. Dés qu'un sentiment monte à la tonalité du feu, dés qu'il s'expose, en sa violence, dans les métaphysiques du feu, on peut être sûr qu'il va accuser une somme de contraires. Alors l'être aimant veut être pur et ardent, unique et universel, instantané et permanent", or comme Bachelard dit plus haut "On ne fait pas de poésie au sein d'une unité : l'unique n'a pas de propriété poétique. Si l'on ne peut faire mieux et atteindre tout de suite à la multiplicité ordonnée, on peut se servir de la dialectique, comme d'un fracas qui réveille les résonances endormies".

L'être humain dans toutes ses contradictions, voit donc dans le feu comme une personnification de son être, se trouve dans une profonde complicité avec lui.

Dans l'ensemble, les différentes parties sont plus ou moins intéressantes, mais il faut reconnaître que l'idée du livre est très belle et qu'on a droit à des fulgurances qui ne le sont pas moins.

Sloterdijk, si ma mémoire ne déforme pas ce que j'ai lu, parlait de "nobjets" dans son premier tome sur les Sphères, c'est à dire un objet, un "en-dehors-de-soi", qui déjoue les capacités humaines à raisonner (dit grossièrement), qui forme une totalité avec le sujet au moment où celui-ci pose son regard sur lui, l'objet n'en est donc plus un à proprement parler, n'est plus objectivable, car le sujet ne peut se trouver qu'entièrement en lui, dans l'oubli de soi ; dans ce cas, on peut peut-être parler de nobjet en ce qui concerne le feu (...)

À l'ombre des jeunes filles en fleurs
8.7

À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919)

À la recherche du temps perdu / 2

Sortie : 1919 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Waltari a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

28 août 2015 : (Suite de l'annotation pour Pessoa) Si ce n'est dans cette aspiration commune, les deux livres n'ont pas grand chose en commun. Le livre de l'intranquillité donne bien sûr lieu à multitudes de réflexions, sensations diverses, mais, inévitablement dépendante de l'être qui en est à l'origine, l'impression générale qui en découle pourrait presque se résumer en une image, alors qu'on serait bien embêté à trouver une image qui résumerait le deuxième tome de la recherche, ou simplement l'ensemble de la recherche, qui d'ailleurs me promet encore bien des surprises. Sans doute que cette différence, comme je l'ai très vaguement suggéré plus haut, tient au fait que le narrateur chez Pessoa, relativement à la stagnation chronique de sa situation dans la société, ne peut se rapporter à des souvenirs lointains (où du moins, il n'en tirerait pas grand-chose, puisque extérieurement, il vit les mêmes situations jours après jours), mais au mieux à une situation vécue il y a quelques heures, quelques jours. C'est donc principalement un état d'esprit qui reste ancré dans notre mémoire, une âme grise et diaphane devant un éternel soleil couchant.

Le Livre de l'intranquillité
8.5

Le Livre de l'intranquillité

O Livro do desassossego por Bernardo Soares

Sortie : 1982 (France). Journal & carnet, Aphorismes & pensées

livre de Fernando Pessoa

Waltari a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

7 août 2015 : L'aspiration littéraire du livre est comparable à l'une des principales de la recherche de Proust : l'exploration de l'âme humaine dans sa propre vie par un narrateur qui, dans les deux cas, est un être assimilable mais non réductible à l'auteur, de telle manière qu'il est possible de croire lire une autobiographie qui n'en est pas vraiment une. Dans les deux cas également, c'est selon ses mouvements de pensée, et donc selon les transferts dans l'espace et le temps réalisés par l'esprit humain, que le narrateur raconte, donne à voir.

Là où la différence peut donc se faire, c'est dans la manière qu'à le narrateur-auteur de percevoir le monde ; de celle-ci, très nette ici, résulte une forme qui lui est particulière et qui n'a rien à voir d'un livre à l'autre.

La note le dit déjà assez, mais ce livre est magnifique. C'est une autre recherche, fondamentalement différente de celle de Proust : celle d'un homme qui n'a ni passé, ni futur ; depuis toujours et pour toujours, aide-comptable se sachant "rien", et portant en lui "tous les rêves du monde". Bernardo Soares vit dans un monde fait de poussière grise, accumulée sur des meubles jamais nettoyés, flottant paresseusement dans l'air, complice des exilés du temps. On gratte les murs pour voir ce qui se cache derrière et ils s'effritent en miettes, rongés par l'inertie du monde qu'ils renferment ; et alors on se rend compte que le même mur se cache derrière le premier, si bien qu'on ne fait que rendre plus grand le vide de notre monde. Les fenêtres, noircies par les années, laissent passer une lumière d'un doré mort. Cette monotonie qui est celle de Soares, à laquelle son être le condamne, participe de son fardeau comme de sa richesse : elle lui permet de scruter le tableau gris qu'est sa vie et d'en discerner des tons plus clairs, plus foncés, puis d'y voir des choses se former, jusqu'à parvenir enfin à une acuité qui révèle que ce gris est en vérité constitué de multiples couleurs, fugaces, invisibles à l’œil nu, et pourtant perceptibles à celui qui a appris à aiguiser son regard intérieur. Mais tout ça - le tableau et ses nuances, ses couleurs ; le reste - n'est qu'illusion puisque la vie n'est rien qu'un songe, comme dirait le concerné.

"Quelle puissance mentale sans limites, que celle qui va du puits de nos émotions les plus profondes jusqu'aux étoiles les plus lointaines, qui s'y reflètent et, d'une certaine manière, s'y trouvent ainsi à leur tour !"

Me voilà en train de défaillir.

La Part maudite
7.7

La Part maudite (1949)

précédé de La notion de dépense

Sortie : 1949 (France). Essai, Philosophie

livre de Georges Bataille

Waltari a mis 7/10.

Annotation :

Juillet 2015 :

Les Choses
7.4

Les Choses (1965)

Une histoire des années soixante

Sortie : 1965 (France). Roman

livre de Georges Perec

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

Juillet 2015 : Au tout début, c'est comme un doux travelling, parfaitement en accord avec l'environnement décrit. Une douce et chaude sensation d'irréalité liée à l'absence de vie dans cet espace, au caractère autrefois déplacé, maintenant figé de ce qui s'y trouve - impression d'autant renforcée par l'emploi du conditionnel. On est ici, dans cet espace, comme un intrus profitant avec la délectation d'un dieu de l'absence des occupants. On a alors l'impression que le monde n'existe que dans cet endroit, que la vie dehors n'est qu'une rumeur lointaine, sans conséquence sur l'être qui y vit. La suite quand à elle, se chargera de démentir (en partie seulement, car dans le sentiment d'irréalité de la première partie, il y a aussi une espèce de malaise qui se cache sous la moquette) cette première vision en décrivant l'évolution de la vie d'un couple ordinaire, saupoudrant ici et là, petit à petit, un peu de mal-être dans la vie des personnages, jusqu'à former un tas de poussières assez considérable pour cacher le canapé Chesterfield qu'ils auront enfin après l'avoir tant désiré. Perec raconte l'histoire de ces deux êtres avec la froideur d'un scientifique qui connaît les rouages de leur vie, de leur pensée, qui a étudié leur mode de vie à tel point qu'il déroule sous nos yeux, sans cesse, leur passé anodin, leur présent inaccompli, leur futur amer ; leur impuissance à être en somme.

Fragments
8.1

Fragments

(traduction Marcel Conche)

Περὶ φύσεως

Sortie : juillet 1991 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie

livre de Héraclite

Waltari a mis 9/10.

Annotation :

(2013) : Dans ces fragments épars laissés par Héraclite qui sont autant de matière à la pensée, celui-ci pose les bases de la philosophie : la réalité d'un monde un et commun, la réalité du monde qui traverse toute chose, tout être et avec laquelle l'homme se doit de vivre en harmonie, et non de poser les bases d'une pensée rattachée à des concepts fondés sur autre chose que la réalité commune des sens, et qui ne permettent donc en rien d'approcher une quelconque vérité.

Juillet 2015 (relecture) :

La Perle
7.2

La Perle (1947)

The Pearl

Sortie : 1947. Roman

livre de John Steinbeck

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

Juin 2015 : Tout comme c'était le cas dans Tortilla Flat, Steinbeck a le don de raconter une histoire toute simple et de la rendre légendaire, universelle, tout ça avec une écriture qui transpire l'humilité.

Le Bruit et la Fureur
7.8

Le Bruit et la Fureur (1929)

The Sound and the Fury

Sortie : 1938 (France). Roman

livre de William Faulkner

Waltari a mis 9/10.

Annotation :

Début 2015 : Une distanciation de plus en plus lointaine au fur et à mesure du récit, de plus en plus extérieure : de Benji, incapable de former des liens logiques entre cause et effet et donc centre purement sensible, à Jason qui, à l'inverse, ne ressent rien et existe par la violence qu'il exerce sur son entourage. La fin, omnisciente, prend une distance qui donne la vue d'ensemble, sans centre de focalisation.

Deux éléments principaux rythment la première partie : les cris et les pleurs. Les images se suivent rapidement, baignées d'un voile brumeux. En tant que lecteur, ça induit une certaine distance, comme si on ressentait cette "narration" comme les images d'un souvenir, peut-être, ou bien d'un état d'ivresse, d'où une certaine chaleur, un cocon, qui caractérise l'impression donnée par cette partie. Pourtant le style d'écriture, directement lié à la manière de penser de Benjy, est direct et pourrait paraître froid au premier abord. Mais si c'est ici une source de chaleur, c'est justement parce que ce style abrupt, hachuré, se rapproche de souvenirs d'enfance : tout y semble nous arriver de loin et, paradoxalement, la détresse, la douleur dont on se souvient de ces situations vécues nous reviennent comme exacerbées. L'esprit de Benjy devient le centre nerveux, sensible, gravitationnel de toute la famille : en lui se concentre toute l'intensité tragique de la famille, et alors même qu'on ne peut en entrevoir que des bribes, le monde qui nous est donné à voir par Benjy est d'un gris aux contrastes prononcés - fait de noirs abyssaux, de blancs criards, de gris éteints - qui, pourtant, est voilé du fait même de ses nuances tranchées, car porteuses d'un sentiment d'irréalité, de rêve cauchemardesque.

C'est curieusement une impression qui revient dans la dernière partie. Bien que le point de vue y soit totalement extérieur, le monde y étant décrit est d'une teinte tout aussi grisâtre, bien qu'aux contrastes moins tranchés puisqu'on plus dans la tête de quelqu'un. C'est une lumière qui, venant de nulle part comme de partout, révèle la réalité de ce monde dans toute son absurdité violente et indifférente. D'une certaine manière, et parce qu'il le seul incapable d'entendement, l'esprit de Benjy est, je crois, le plus apte des trois dans lesquels on se retrouve dans le livre à nous donner à ressentir directement la déchéance de ce monde, puisque Faulkner nous y donne accès, du moins (sans pour autant que les deux autres parties soient moins intéressantes).

Espèces d'espaces
8.2

Espèces d'espaces (1974)

Sortie : 1974 (France). Essai, Récit

livre de Georges Perec

Waltari a mis 9/10.

Annotation :

Fin 2014 : Perec passe en revue les différentes espèces d'espace qu'il rencontre, càd la page, le lit, la chambre, les quartiers, les villes, les pays, etc, et puis simplement l'espace en général. Il y fait part d'idées, de réflexions, d'anecdotes, de méthodes d'approche sur les espaces qu'on côtoie au quotidien, si évidents de prime abord et pourtant pas du tout. Il parle de tout ça avec une légèreté clairvoyante tout au long du livre. Rien que le début - la page - est un régal tout en finesse ; Perec se rend bien compte qu'avant de passer aux espaces où l'on marche, où l'on se déplace physiquement, l'espace de la page du livre qu'on est en train de lire est aussi bien un espace à explorer.

Une très belle phrase, en introduction du livre : "Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner". (26 juillet 2015)

Ulysse
7.7

Ulysse (1922)

(traduction Auguste Morel)

Ulysses

Sortie : 1929 (France). Roman

livre de James Joyce

Waltari a mis 10/10.

Annotation :

Juillet 2014 - Décembre 2014 : Voilà déjà plus de sept mois que j'ai fini Ulysse au moment où j'écris cette note. Que m'en reste-t-il ? Difficile de faire le tri tant les images, les ressentis ou les idées s'entremêlent, se contredisent. Comme ça en posant de but en blanc les premières images qui me viennent à l'esprit : des mouettes, à l'occasion de la traversée d'un pont, tout ça pour un bout de viande, un molosse accompagné d'un nationaliste irlandais qui a une dent contre les juifs, deux hommes antagonistes partageant un instant de vie commune à l'aube d'une nouvelle journée, la grille d'un musée : refuge d'un homme contre une ombre qui l'obsède, un savon glissant dans la poche qu'on oublie de temps en temps, un chien sur une plage derrière un mur au travers duquel on peut passer les doigts, un homme et sa femme sur Terre ; un fils qui n'était pas là, laissant entrevoir une oie couleur émeraude dans sa poche ; une nouvelle aube, renaissance par l'affirmation d'un nouveau jour.

Beaucoup d'autres, mais je doute d'en dire grand-chose en accumulant ainsi les images. L'espace spatio-temporel devient quelque chose de purement malléable sous l'écriture de Joyce, ou en tout cas bien plus que chez d'autres auteurs - Faulkner en l’occurrence, pour seul exemple que je puisse donner (Je fais cette remarque principalement pour les épisodes où la technique de "narration" consiste à reproduire le fil de pensée, d'où une maîtrise certaine de ce procédé par Joyce si l'on s'en tient à l'impression donnée par l'utilisation qu'il en fait). C'en est poussé à un point où, par exemple, une brève situation donne lieu à foultitude de pensées, de représentations en vrac qui se mêlent à la perception directe du sujet, invoquant donc aussi bien des choses présentes que des choses mentales, absentes, craintes, fantasmées. Autour d'un point d'ancrage, d'une individualité, tournoient sans cesse des images qui tissent des liens plus ou moins ténus entre elles, s'appellent, se confrontent.

Bref, il y aurait encore tout un tas de choses à dire que je n'entrevois qu'à grand peine, sans parler de la densité monstrueuse de l'ensemble à tous les niveaux, mais pour le coup ça chamboule beaucoup de choses. (26 juillet 2015)

Ainsi parlait Zarathoustra
8

Ainsi parlait Zarathoustra (1885)

(traduction Georges-Arthur Goldschmidt)

Also sprach Zarathustra : Ein Buch für Alle und Keinen

Sortie : 1885. Essai, Philosophie, Poésie

livre de Friedrich Nietzsche

Waltari a mis 9/10.

Annotation :

05/07/14 L'interrogation principale qui m'est venue à l'esprit lorsque j'ai commencé à lire ce livre, c'était plus ou moins "Qu'est ce que Zarathoustra, et pourquoi l'avoir crée ?" . De fait, c'est avant tout un personnage crée par Nietzsche, et qui porte les idées de ce dernier. Tous les autres personnages qui apparaissent gravitent autour de lui, et sont plus ou moins dans l'erreur.

Zarathoustra incarne les idées que Nietzsche veut faire passer, mais dans ce cas, à quoi sert-il de créer un personnage pour faire passer ses idées plutôt que de les dire soi-même ? La réponse a ceci me semble assez logique : Nietzsche utilise ce procédé pour qu'une histoire puisse porter ses idées, de manière à ce que celles-ci aient une plus grande force poétique que s'il les délivrait dans un discours argumentatif, puisque les frontières entre le fond et la forme deviennent plus floues. Du coup, la recherche du surhomme devient le cheminement principal du livre, Zarathoustra disant lui-même qu'il est un pont qui ouvre la voie vers le surhomme.

Hommage à la Catalogne
8.1

Hommage à la Catalogne (1938)

Homage to Catalonia

Sortie : 1955 (France). Récit

livre de George Orwell

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

14/06/14 Une critique du livre en avait déjà parlé, mais quitter son pays pour aller se battre à des milliers de kilomètres de là, juste pour défendre ses idéaux et la liberté, c'est quelque chose de quand même assez impressionnant, surtout à notre époque. Qu'un tel témoignage se construise à partir de ça suffit déjà à faire preuve de la force de ce récit aujourd'hui.

Ce qui se dessine au fur et à mesure du livre, et le parti que va prendre Orwell, va de soi à partir de ce fait. Celui-ci, s'engageant dans les milices du POUM et combattant dans les tranchées sur le front d'Aragon, vivra par la suite la persécution du POUM par les communistes. Persécution dont il démontre l'absurdité totale vis-à-vis de l'humain. A partir de ça, son analyse de la situation, clairement engagée humainement de ce fait, met bien en lumière ce qui se passait en arrière-plan de ce qu'il a pu vivre en Espagne : d'un côté les communistes, qui recevaient leur armement de l'URSS, et qui étaient, de ce fait, sous la tutelle de ce dernier, avaient des raisons politiques et militaires d'empêcher la révolution d'arriver, et donc cherchaient à rendre le camp anarchiste impuissant ; de l'autre, les anarchistes, justement, qui se battaient pour la liberté, pour l'égalité, pour une société sans classe.

Le récit et l'analyse d'Orwell permet de mieux cerner les nuances de cette partie de l'histoire, à l'aide d'un point de vue aussi bien intime que global. Ou quand l'espérance et la possibilité d'une société où le respect de l'humain prime avant tout se trouve confrontée aux intérêts corrompus, et plus puissants dans ce monde, du domaine politique, financier et militaire.

Bulles
7.9

Bulles (1998)

Sphères, tome 1

Blasen

Sortie : 2002 (France). Essai, Philosophie

livre de Peter Sloterdijk

Waltari a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

29/12/13 Chapitre II "Entre les visages" : C'est vraiment incroyable pour l'instant. Extrêmement dense, riche, et - sans doute la première fois que je pense ça d'un essai philosophique - d'une liberté qui explore des territoires enfouis au plus profond de l'être humain et qui donne même aux propos, aux interprétations de Sloterdijk, par sa lucidité, une grande beauté. La personne qui me l'avait suggéré m'avait conseillé de le lire en 2 temps : d'abord rapidement, puis de manière plus minutieuse, et je comprends mieux pourquoi, car il est en effet assez facile de s'y perdre tant qu'on a pas la structure de l'ensemble en tête.

26/05/14 Je prendrais le temps d'écrire vraiment quelque dessus quand je pourrais, surtout qu'il y a beaucoup de choses à en dire et que vu le temps que j'y ai passé, ça serait dommage de ne rien en dire. Le 10 s'est un peu imposé à moi comme une évidence, parce que même s'il y a des passages assez difficiles à passer, le concept développé par le livre prend pied dans une théorie des médias qui fait logiquement écho à notre propre existence en tant qu'existant parmi les autres, et ce à des profondeurs réellement inouïes. On avance sans trop être sûr de savoir où l'on va, mais c'est alors qu'on trouve, à certains endroits, des formes que l'on arrive à mieux discerner et qui permettent de donner un fil à l'ensemble.

Enfin bon, c'est très précaire ce que j'écris là pour l'instant, mais grosso modo, je pense qu'on peut résumer l'idée du livre à cette phrase "Que sont les théories des médias, si ce n'est des propositions visant à expliquer le comment et le par quoi du lien entre différents existants au sein d'un éther commun ?" Le concept proposé par Sloterdijk se construisant autour de l'idée de sphère comme forme essentielle des relations humaines, constructrice d'espaces autogènes bipolaires et multipolaires.

Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme
7.7

Vingt-quatre Heures de la vie d'une femme (1927)

Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau

Sortie : 1927 (France). Nouvelle

livre de Stefan Zweig

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

19/03/14 : Comment une personne peut-elle décider de changer radicalement sa vie, ses habitudes, son quotidien - et même jeter sa vie passée - en quelques heures seulement ? C'est la question qui se pose tout au long du livre, et à laquelle Zweig répond en racontant cette histoire, et ce avec une grande justesse d'un point de vue psychologique, tout en restant très simple - ou comment, au hasard d'une rencontre, les plus grandes passions peuvent se retrouver libérées quant elles ne semblaient pas le moins du monde disposées à l'être.

À l'est d'Eden
8.6

À l'est d'Eden (1952)

East of Eden

Sortie : 19 septembre 1952 (États-Unis). Roman

livre de John Steinbeck

Waltari a mis 10/10.

Annotation :

18/03/14 : Dés la première page je le savais. Tortilla Flat avait déjà amorcé mon amour pour Steinbeck, mais là c'est extraordinaire de voir combien ce bonhomme arrive à trouver la mesure juste, la situation ou la phrase qui va apporter toute sa beauté et son humanité à un instant, et ce avec toute la simplicité du monde.

Tout tourne autour de ce "Timshel" rédempteur, ce "tu peux" qui rappelle à l'homme que malgré toutes les erreurs qu'il peut faire, il a toujours en lui la possibilité, le choix entre la destruction et la création. Bien entendu, si Steinbeck en fait plus ou moins une sorte de leitmotiv, il nuance tout cela pour explorer différentes situations, différentes destins qui se font écho, et où chacun doit faire face à soi-même pour en faire ressortir le meilleur (ou le pire).

Le Château
7.9

Le Château (1926)

(traduction Alexandre Vialatte)

Das Schloß

Sortie : 1938 (France). Roman

livre de Franz Kafka

Waltari a mis 8/10.

Annotation :

21/11/13 : Le Château laisse une impression étrange une fois arrivé à la fin, impression difficile à cerner et qui donnerait, au premier abord, presque l'impression que l'ensemble n'avance au final pas beaucoup. Il est vrai que l'histoire en elle-même semble faire beaucoup de surplace : on reste la plupart du temps dans les même lieux, les différents événements se résument généralement aux différentes rencontres que fait K, à ses tentatives pour rencontrer des gens, aux confrontations ou aux discussions qu'il peut avoir avec d'autres personnes sur le château ou autres.

Mais après avoir fini le livre, j'ai jeté de nouveau un œil au début, et il est tout de même impressionnant de constater comment - comme K - nous arrivons dans cette histoire avec nos habitudes, nos convictions, nos certitudes et comment au fil du récit et des différentes révélations qui nous parviennent, nous finissons par entrevoir l'incroyable, la folle complexité d'une administration qui semble vivre dans un monde à part ; tout comme nous finissons par entrevoir le mur infranchissable qui empêche d'avoir la moindre petite influence sur ladite administration et qui rend les actions de K, perdu et incompris au milieu de cette folie, de plus en plus désespérées à nos yeux. En cela, je pense que la relative stagnation de l'intrigue est plutôt un atout, car elle laisse subtilement filtrer les différents éléments révélateurs pour finir par rendre notre vision de ce monde complètement différente sans que cela nous paraisse le moins du monde forcé.

Du côté de chez Swann
8

Du côté de chez Swann (1913)

À la recherche du temps perdu / 1

Sortie : 14 novembre 1913. Roman

livre de Marcel Proust

Waltari a mis 10/10.

Annotation :

13/10/13 : Il serait un peu vain de palabrer longtemps sur l'oeuvre de Proust tant l'ambition de celle-ci touche à l'essentiel. Que ce soit pour Combray, pour la relation entre Swann et Odette, ou pour l'amour du narrateur avec Gilberte, Proust décrit - sublime même, cristallisant en nous leur essence - les émotions, les sentiments de l'homme, son rapport au passé, aux objets, aux sentiments ou aux émotions qui s'inscrivent dans ce temps perdu, et ce avec une acuité impressionnante.

La Crise de la culture
7.6

La Crise de la culture (1961)

Between Past and Future

Sortie : 1968 (France). Essai, Philosophie, Politique & économie

livre de Hannah Arendt

Waltari a mis 7/10.

Annotation :

26/07/13 (La tradition et l'âge moderne, IV) : Je sais pas si c'est une bonne idée de commencer par ça. Arendt parle des traditions de pensée qui ont pu traverser le monde occidental, des romains à la rupture du début du XXe siècle. Elle évoque des auteurs comme Nietzsche, Kierkegaard, Marx, Hegel qui ont essayé, apparemment sans succès, de "retourner" cette tradition (échec s'expliquant d'après elle du fait qu'ils aient paradoxalement à leur "but", gardé les outils conceptuels de la tradition). Ce sont des auteurs que je n'ai jamais lu et dont je ne comprends que très vaguement les pensées évoquées brièvement ici, même si je comprends globalement là où elle veut en venir en les confrontant. Un tas de termes qui m'échappent, que j'ai l'impression de ramener à des sens qui ne sont pas du tout ceux auxquels Arendt fait allusion. Dés que je crois en avoir compris un, une partie du texte vient me contredire totalement, où me plonge dans le flou le plus total. Du coup j'essaie de rechercher la signification que pourraient avoir les différents termes, de faire des liens à partir des 2-3 trucs que j'ai l'impression de saisir. M'enfin, pas sûr que le problème se trouve là ...

04/08/13 (Le concept d'histoire, III) : Bon, ça passe déjà plus facilement, même si ça reste tout de même un cran au-dessus de ce que j'ai pu lire auparavant. Arendt analyse d'abord les différents rapports qu'à pu avoir le concept d'histoire par rapport à la nature pour l'homme à différentes époques, jusqu'à l'époque moderne où "l'action a remplacé la fabrication" et où l'homme agit directement sur la nature au lieu que celle-ci lui fournisse ses outils pratiques, l'incluant donc dans un processus historique qui était jusqu'à là propre à l'homme. Elle analyse ensuite dans le II le passage d'une "immortalité individuelle" propre à la religion chrétienne à une "immortalité terrestre potentielle", conséquence de la sécularisation qui fit perdre sa force politique à la croyance en l'immortalité individuelle et désarma l'homme face à sa propre mortalité, lui permettant de découvrir "l'immortalité potentielle de l'espèce humaine" dans "l'histoire s'étendant dans la double infinité du passé et de l'avenir".

De manière générale, Arendt constate que la principale conséquence de la rupture de la tradition, et avec elle de la crise de l'autorité et de l'éducation, est la perte d'une relation au monde commune à tous. (Je vais essayer de synthétiser vu que les annotations sont limitées).

Tortilla Flat
7.6

Tortilla Flat (1935)

Sortie : 1944 (France). Roman

livre de John Steinbeck

Waltari a mis 9/10.

Annotation :

21/07/13 : Le récit de Danny, de sa maison et de ses amis à Tortilla Flat où vivent les paisanos : des gens à part du système qui vivent dans des maisons en bois, des gens qui vivent avec les moyens du bord dira-t-on, mais pour lesquels le bonheur, la joie de vivre se résume à des amis et du vin. Les peines disparaissent aussitôt qu'elles apparaissent, car à Tortilla Flat, on vit la vie comme elle vient, on ne s’encombre pas d'inquiétudes liées à l'argent ou à des conventions sociales. Que d'aventures vécues par Danny et ses amis ! Et le style de Steinbeck est magnifique, plein de vie et surtout d'un humour remarquablement fin et touchant dans cette manière de révéler à la fois ce qu'il y a d'absurde et de poétique dans les habitudes des paisanos, et plus généralement des hommes. Quant à la fin, elle se passe de mots. On en sors les larmes aux yeux, plein de mélancolie, avec une furieuse envie de recommencer le livre comme on voudrait retrouver une bande d'amis perdus depuis longtemps. Mais que voulez-vous, toute chose a une fin, et c'est aussi pour ça que c'est aussi beau.

Malaise dans la civilisation
6.9

Malaise dans la civilisation (1929)

(traduction Aline Oudoul)

Das Unbehagen in der Kultur

Sortie : septembre 2010 (France). Essai, Culture & société

livre de Sigmund Freud

Waltari a mis 6/10.

Annotation :

17/06/13, début du chapitre III : La première fois que je lis du Freud, et ça donne pas envie d'aller plus loin. Il rattache trop facilement ce sur quoi il raisonne à la psychanalyse, l'utilisant comme un outil là où elle est réductrice en tant que telle pour les problèmes soulevés, ou ne permettant que d'analyser le problème en surface.

Je doute, par exemple, qu'on puisse attribuer l'origine principale de la foi religieuse à une dérivation de la dépendance infantile. Je veux bien croire que ça soit en partie le cas, particulièrement dans le christianisme, mais il y a dans la religion, de manière générale, quelque chose de beaucoup plus propre à l'humain dans son essence.

02/07/13 : Grosso modo, Freud attribue ce "malaise" dont il parle à un sentiment de culpabilité, sentiment qui naîtrait d'une tension entre les aspirations au bonheur de chacun et des exigences culturelles du surmoi, comme le "Aime ton prochain comme toi-même" qu'il considère comme irréalisable. Rien de bien étonnant somme faite.

La Barbarie
7

La Barbarie

Sortie : 1987 (France). Essai, Philosophie

livre de Michel Henry

Waltari a mis 6/10.

Annotation :

Recommencé après une très longue pause. Henry y condamne l'idéologie moderne de la technique qui semble tenir la "science objective" pour savoir unique, et qui, parallèlement, exclut toutes les formes de culture qui tiennent de la vie subjective. La télévision est perçue comme la pratique la plus représentative de cette idéologie qui "exclut la vie de soi", Henry la définissant comme une fuite de soi dans l'extériorité où tout l'être du vivant cherche des moyens de substitution pour supporter la charge du vivant qui le pèse. Celle-ci représentant en soi un monde de substitution au monde réel dans l'espace et le temps, elle devient l'outil le plus efficace de cette pratique.

Fictions
7.9

Fictions (1944)

Ficciones

Sortie : 1944 (France). Recueil de nouvelles

livre de Jorge Luis Borges

Waltari a mis 8/10 et l'a mis en envie.

Annotation :

Très perturbant passée la première nouvelle. Je n'avais jusqu'à là jamais eu l'habitude d'une narration aussi labyrinthique et complexe et c'est peu dire que les histoires de la première partie mènent à un chemin pour mener complètement autre part quelques lignes plus tard, comme si Borges construisait une histoire pour la détruire, et remodeler sur les bases de celle-ci une toute autre histoire. Et je dois avouer qu'excepté Tion Uqbar Orbis Tertius et La Bibilothèque de Babel, cette première partie m'a donné plus de fil à retordre qu'elle ne m'a passionné (les deux marchent parfois ensemble, mais là ça penchait plus vers le fil à retordre). En revanche, j'ai adoré la deuxième partie, plus simple, moins excentrique et tout aussi pleine d'idées, de vie et d'intuitions qui donnent à réfléchir et à approfondir.

On a souvent l'impression, de manière générale, que Borges dissémine pleins de fausses pistes qui laissent croire qu'une nouvelle se recoupe avec une autre, ou qu'une référence est fausse, une autre vraie comme déjà précisé de nombreuses fois par d'autres. Un livre à relire, et à redécouvrir surtout.

Waltari

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