Au cœur des ténèbres par Cinemaniaque
Difficile de lire le livre en ayant le film de Coppola en tête. D'une part, parce que peu d'éléments sont finalement en commun ; d'autre part parce que Coppola a su insuffler du lyrisme et des images fortes là où Conrad use des mots encore et encore pour instaurer son ambiance. Le principe reste le même : un jeune troufion est débauché pour aller chercher, au fin fond d'une jungle sauvage, un ancien membre éminent d'une compagnie devenu fou. On sent, dans l'écriture de Conrad, dans son souci du détail et de la tranche de vie, tout le vécu autobiographique ainsi qu'une sévère critique du colonialisme, qu'il excuse pourtant par moments, comme pour justifier peut-être son passé. Néanmoins, si la toile de fond et le message du livre sont clairement identifiables et plutôt agréables, je ne peux pas en dire autant du style d'écriture. Phrases à rallonge, paragraphes formant des blocs imposant de textes : Au coeur des ténèbres est compact, intense, mais aussi relativement imperméable de par son manque d'air, d'espace entre les morceaux de récit. Du coup, je n'ai pas su rentrer dans le livre et n'ai pu partager cette fascination pour Kurtz avec le personnage principal, ce qui s'avère bien ennuyeux sur le long terme car long, long est le fleuve pour atteindre le coeur des ténèbres. Surtout quand le livre finit par devenir obscur aux yeux du pauvre lecteur que je fus.