Un auteur qui murmure à l'oreille des lecteurs

Je n'avais pas lu le précédent livre de Carole Martinez, "Le coeur cousu", ma femme, qui l'a adoré, ne me l'avait pas conseillé. "Ce n'est pas un livre pour toi" m'avait-elle dit. Et je lui avais fait tout à fait confiance.
Quand à la rentrée est sorti "Du domaine des murmures", j'ai jeté un coup d'oeil sur les critiques et sur les blogs car une rumeur de grand livre gonflait de plus en plus. Emballement général, essentiellement chez les dames. "Bon, me suis-je dit, ce ne doit pas être pour moi, trop féminin encore." Et puis, je l'avoue, un roman se déroulant en 1187, avec une jeune fille qui se fait emmurer pour prier le Christ... c'était exactement le genre de thème qui ne m'attire pas, l'historico-religieux, très peu pour moi!
Puis, au hasard de mes flâneries, j'ai déniché l'ouvrage dans une bouquinerie, neuf et dédicacé, pas même au prix d'un poche. "Ma femme sera contente, ai-je pensé". Le livre a rejoint ma PAL (Pile à lire) et est resté jusqu'à mercredi dernier, où, moment d'égarement lors d'une après-midi pluvieuse, j'ai ouvert ce qui était devenu le prix Goncourt des lycéens.
Verdict ? J'ai adoré ! J'ai passé un excellent moment dans ces pages formidablement bien écrites, mêlant habilement vocabulaire et syntaxe moyenâgeuse, au service d'une histoire passionnante, construite pour nous surprendre constamment. Car, et c'est là une des prouesses de l'auteur, avec un sujet aussi peu emballant, Carole Martinez, en grande conteuse, attrape ses lecteurs pour ne jamais les laisser tomber en route, comme un grand auteur de thriller ( même si sur la fin, l'intérêt tombe un petit peu).
Ici, même si ça se lit comme un polar, il y a, en plus, une belle réflexion sur la condition féminine. Esclarmonde, l'héroïne, étant plus libre et plus puissante enfermée qu'en liberté, jouissant de ce pouvoir auprès des nombreux pélerins qui la visitent dans sa prison. Quant au caractère religieux qui aurait pu et a rebuté quelques lecteurs, il est tout simplement inhérent à l'époque et permet à l'auteur de nous montrer comment les peuples incultes et affamés, nourris de légendes et de croyances souvent païennes, sont prêts à gober n'importe quelle fable, même les plus improbables, à partir du moment qu'elles sont proférées par des puissants.
Vous l'aurez compris, j'ai été emballé par le livre et je m'en vais l'offrir à quelques personnes pour Noël, signe de vrai coup de foudre.... en attendant la lecture du "coeur cousu"...
retrouvez la critique sur le blog
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pilyen
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le 31 déc. 2011

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