"Gagner la guerre" détone un peu dans la paysage de la littérature "Fantasy" où souvent le pire côtoie le moins bon.
C'est écrit par un français, c'est une histoire en un seul volume (certes fort épais mais c'est rare) et le style est largement supérieur à la moyenne du genre.
La narrateur de "Gagner la guerre" est Gesufal Benvenuto, assassin au service d'un puissant de Ciudela. Ciudela c'est un cité maritime qui ressemble terriblement au Venise de la Renaissance. Au menu donc intrigues politiques, traîtrises, retournement de veste et autres poignard dans le dos. La magie n'est pas absente mais assez discrète tout comme les races non humaines. Le tout forme un univers riche et complexe dans lequel l'auteur n'a aucun mal a déployé son intrigue
Alors c'est sur que le livre a des atouts : un narrateur gouailleur et immoral mais attachant, un vrai sens de l'aventure, des personnages forts, un rythme soutenu, un style travaillé et vivant même si parfois un peu factice. J'ai d'ailleurs éprouvé beaucoup de plaisir à la lecture.
Le seul problème c'est le pourquoi de ces 1000 pages de péripéties diverses. Le roman manque dramatiquement d'enjeu et de souffle épique. Le héros est détaché de tout, n'a rien à sauver (ni royaume, ni famille, ni être aimé...), ni rien à gagner dans cette histoire. On a l'impression qu'il agit pour que l'auteur puisse raconter ses aventures et pour faire avancer une histoire dont on se demande pourquoi on nous la raconte.
Gagner la guerre c'est donc une suite de péripétie bien écrite dans un monde intéressant, l'oeuvre habile d'un créateur d'univers mais à laquelle il manque une raison d'être. Une belle machinerie qui tourne à vide.