Un nénuphar moins beau qu’il n’y paraît…
Dans ce roman, Boris Vian nous fait entrer dans un univers loufoque où l’on pêche des anguilles dans son lavabo et où un carreau de fenêtre cassé repousse tout seul. Dans l’avant-propos du livre, Vian déclare que «l’histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre» ce qui nous garantit par la suite un livre où burlesque est synonyme de normalité. Les personnages évoluent dans un univers poétique et très imagé (peut-être parfois trop), où trônent les thèmes de l’amour, la maladie et la mort.
Boris Vian était réputé pour adorer l’absurde et il reste fidèle à lui-même avec ce livre qui nous en met plein la vue, mais il convient d’admettre que parfois l’auteur s’égare quelque peu. Le livre peut être commodément découpé en deux parties : dans la première l'absurde est parfois déstabilisant car il semble uniquement décoratif et ne fait pas avancer l’histoire ce qui finit par lasser, voir par ennuyer. Il faut alors s'accrocher pour ne pas être submergé par les nombreuses images et bizarreries que ledit lecteur doit se mettre en tête ; mais trop c’est trop. Dans la seconde partie, l’auteur joue beaucoup plus de ses talents de poète et vient magnifier l'histoire d'amour et le drame qui se déroulent jusqu'aux dernières lignes de ce conte tragique, devenu alors poétique. L’amour entre Colin et Chloé est alors bien plus mis en avant mais les lignes laissent tout de même ressortir le caractère de l’auteur qui semble vouloir placer les différentes trouvailles et jeux de mots qu’il a en tête, décrédibilisant presque le récit. Autre point contestable de ce récit, les personnages sont trop peu attachants pour laisser au lecteur le soin de ressentir un quelconque sentiment à leur égard, qu’il soit question de tristesse ou de joie.
En d’autres termes, L’écume des jours est un roman pour lequel l’auteur s’est laissé submerger par ses diverses idées et n’a pas assez pris le soin de tenir compte des sentiments potentiels du lecteur.