L'Étranger
7.7
L'Étranger

livre de Albert Camus (1942)

Sacré dilemme que ce livre. C'est vrai quoi! Si je lui mets 9/10, parce que bon, il faut toujours se laisser une petite marge de manœuvre, donc si je lui mets 9/10, qui aura droit à un 10/10? Je m'explique.

Quand on lit ce livre, un peu en éternel distrait comme moi, on ne voit que la vie d'un mec qui vient de perdre sa mère et qui ne cherche pas vraiment à s'expliquer pourquoi ça ne le dérange pas en fait. Et puis, il vit sa petite vie dans son petit bureau, avec ses petites affaires de petite gens sans grandes destinées. On voit Alger, avec ses étroites ruelles remplies d'ombre et ses longues plages remplies de soleil. Ce décor méditerranéen, ça me sonne un peu vacances aux oreilles et j'aime bien. Durant les 2/3 du livre, on ne trouve pas vraiment un grand classique comme on l'attendait: je voyais direct une satire sociale où des personnages mimant les statuts des plus pauvres ou des plus riches se mettraient sur la tronche telle un concours de Lucha Libre, mais non, ce n'était pas ça, ni les Misérables, pas un texte aux prises avec les évènements de son temps. Néanmoins, le style est très clair, très propre, extrêmement agréable à lire mais là, pour le moment, je ne comprends pas pourquoi ce brave Camus a eu le Prix Nobel de littérature (NB: L'Etranger est le premier livre que j'ai lu de lui).

Ce n'est pas vraiment non plus le dernier tiers qui va m'expliquer: ok, il bute quelqu'un par accident et ça va réactiver cette histoire avec la veillée funèbre. Ok, la société est folle de le condamner à mort plus pour son absence d'émotions durant l'enterrement que pour son meurtre. Là, c'est bon, on voit la dimension sociétale du texte. Mais je dois avouer que je reste un peu sur ma faim.

Ce seront les dernières pages du livre qui vont me calbomber la tête: lorsque l’aumônier de la prison vient le voir pour lui parler de Dieu, de la rémission des pêchés, de toutes ces choses qu'on souhaite généralement évoquer avant la mort. Le héros passe les premiers temps à esquiver les appels à la prière, puis devant l'insistance de l'aumônier, il va lui pousser une de ces gueulantes, le dernier brame du cerf, le cri de guerre une épée à la main, un ennemi mort aux pieds, le genre à faire dire à Dieu "bien gamin!" Et il s'y connait, Dieu, en gueulante: Sodome, Gomorrhe, Babel, tout ça, ça déconne pas. Et le contenu de cette gueulante explique tout le reste: le héros particulièrement taciturne tout le long du livre a en fait atteint l'accomplissement total, d'abord avec sa mère, puis avec ses proches et enfin avec la société.

Et là, j'ai cru entendre Camus me susurrer à l'oreille: "ET LA, TU LE VOIS MON PRIX NOBEL?" Ah ça, oui...
Donc 10/10 pour la baffe dans la tronche de fin de chapitre.
aubustou
10
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Créée

le 24 sept. 2012

Critique lue 472 fois

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