Je me méfie en général des best-sellers et, après avoir lu en premier le Jeu de l'Ange, du même auteur, écrit cinq ans plus tard et qui m'avait paru bien écrit mais trop long, j'étais assez réticent pour réitérer une nouvelle aventure avec C.R Zafon. Muni d'une feuille de format A4 pliée en deux pour noter le nom de tous les nombreux protagonistes, j'ai pu cette fois-ci m' immerger sans retenue dans l'ambiance à la fois réaliste et poétique de ce récit.
Le parcours dans le Cimetière des Livres Oubliés, une bibliothèque extraordinaire, véritable labyrinthe géant à plusieurs étages et déclaration d'amour aux livres, pourrait faire l'objet d'un film tourné par Ridley Scott. En même temps que nous suivons son apprentissage de la vie et ses premières amours déçues nous participons à l'enquête menée par le jeune Daniel Sempere sur l'auteur oublié du livre qu'il a choisi,l'Ombre du Vent, un certain Julian Carax. Nous découvrons le Barcelone des années quarante, de ses ruelles étroites et sombres du Raval à l'avenue du Tibidado, bordée de maisons cossues, en compagnie de personnages à la psychologie fouillée, attachants comme Fermin Romero, clochard-philosophe amateur de Sugus ou détestables comme l'inspecteur Fumero. Apparaissent aussi le le mystérieux et fantomatique Lain Coubert, qui semble sorti de l'Ombre du Vent, et Nuria Monfort, qui semble cacher la vérité à Daniel.
Qui brûle tous les livres de Julian Carax et essaie de faire disparaître toute trace de lui? Qu'est-il devenu? Que sont devenus les témoins de sa vie? Telles sont les principales questions que l'on se pose au fil de la lecture.
Tant que quelqu'un se souvient de vous, vous n'êtes pas tout à fait
mort.
Citation
Le brouillard, l'intrigue et la sympathie que l'on porte aux personnages installent un climat propice à lire d'une traite et sans effort, au contraire du Jeu de l'Ange, les 636 pages qui semblent écrites avec le stylo en or ayant appartenu à Victor Hugo, qui apparaît à plusieurs reprises dans l'histoire.