Un remake de "l'amour est dans le pré"...
Le livre qu'il vaut mieux laisser de côté sauf si vous êtes friand(e)s de Musso ou de Marc Levy. (Qui pour moi sont les rois des histoires banales.) Vous serez servi en humour niais et en platitude (et en banalités donc.) Surtout en clichés. (Et pas des jolis.) L'agriculteur est apparemment fait pour être avec une grosse bonne femme qui sait faire la cuisine et s'occuper des bêtes, il n'est pas compatible avec une femme des villes. Il envie tellement la femme de son ami qui elle, sait cuisiner au moins. D'ailleurs, il n'aime pas du tout lire. C'est bien connu, un agriculteur, c'est bête, ça n'aime pas s'instruire. Par contre la femme des villes, elle est moderne et plus civilisée. Je n’exagère même pas. C'est quasiment dit comme tel. Alors que le choc des cultures aurait pu être un bon sujet, Katarina en a fait une farce.
Quelle déception... Alors que je n'attendais rien de ce livre (et fort heureusement) bien que je désirais le lire depuis un bon moment, la douche froide fût de taille. Je n'aime pas écrire de mauvaises critiques littéraires, tout simplement parce que le travail d'un écrivain me touche toujours. Je sais combien il n'est pas aisé de ficeler une histoire, je sais combien on peut éprouver des choses pour nos propres écrits et être déçue de constater que les autres ne ressentent rien.
Mais après tout, si j'écrivais un roman raté, l'écrivaine en question ne prendrait probablement pas de gants. Je me demande si Katarina est satisfaite de ce livre. La fin est atrocement bâclée. Plus les chapitres défilent, plus l’essoufflement se fait ressentir. J'ai eu l'impression de lire un brouillon, une sorte de travail qui ne demandait qu'à être terminé. Et deviner des impasses et des fuites évidentes à travers des sorties de secours, voilà qui gâche la lecture. Le plus flagrant fût notamment le personnage d'Anita qui sort de nul part. Et cette manière de faire un chapitre par point de vue du personnage était très intéressante pour le début de la rencontre, mais s'est avéré être complètement inutile par la suite. L'impression redondante de lire deux fois la même chose. Pire encore, savoir d'avance ce qu'on va découvrir... Et ce n'est pas le plus embêtant. Le plus embêtant c'est de constater qu'ils s'expriment exactement de la même manière. Ce qui enlève énormément de réalisme tant on ressent que c'est l'écrivaine elle-même qui "parle" et non les protagonistes. La véracité en prend donc un sacré coup. Pas d'émotions, pas de sentiments forts.
[ Attention "SPOIL" (Pour le peu que raconte ce livre...)
L'amour est réduit au sexe et à l'attirance inexpliquée. Beaucoup d'interrogations ridicules telles que "Je ne sais pas si Désirée est belle ou moche." "Je ne sais pas si Benny est fait pour moi." (Elle va quand même aller demander à la petite vieille des archives si c'est le bon ou pas. Plus cliché et réducteur, tu meurs.) Et cette fin... Mon dieu, mais cette fin est d'une absurdité. Résumons la chose : "D'accord. J'accepte le deal. Nous allons tenter trois fois d'avoir un bébé, si tu ne tombes pas enceinte, nous nous en tiendrons au destin et nous cesserons notre histoire si compliquée entre moi l'homme des champs incompatible avec toi, femme des villes."
Comment après ça, ne pas ressentir cette envie irrépressible de rire jaune ? J'ai donc lu 254 pages pour lire "l'histoire" d'un "amour" impossible entre deux personnages qui se posent d'éternelles questions et qui au bout du compte abandonnent leur relation et la "reprennent" sous forme de test, celle de tenter de faire un enfant par trois essais ? Mon dieu... Non vraiment, et par ce titre intriguant "Le mec de la tombe d'à côté", comment pouvait t-on se douter de l'arnaque ? (Ah je sais ! La couverture était un indice !) Vous vous attendez forcément à quelque chose de mystique. Pas à une histoire digne des téléfilms qui passent après les Feux de l'Amour avec Shannen Doherty en vedette. Et nous nous attendons encore moins à un humour mièvre. Plutôt à quelque chose de sombre et de fascinant.
Les trois étoiles que j'attribue à ce bouquin s'expliquent uniquement par le fait que j'ai adoré certaines phrases ou tournures. C'est bien écrit et de manière assez fluide, donc ça se lit très rapidement. Dommage qu'un livre bien écrit ne transforme pas pour autant une mauvaise histoire en chef d'oeuvre... Il y a aussi le fait que j'ai aimé l'histoire singulière d'Inez qui réalise des archives sur les gens ainsi que l'affreuse histoire de Märta. Quelle ironie de se dire que les personnages secondaires auraient mieux fait d'être les personnages principaux !
